Absents du palmarès du Tour de France jusqu’aux triomphes successifs de Bradley Wiggins et de Chris Froome, les britanniques pourraient bien être des acteurs majeurs de la création d’un Tour de France féminin.
Les championnes de la perfide albion, Emma Pooley, championne olympique et championne du monde, Chrissie Wellington, championne du monde de triathlon, accompagnées de Kathryn Bertine et de la néerlandaise Marianne Vos, ont lancé une pétition adressée à Amaury Sport Organisation en faveur du retour de l’épreuve.
L’histoire du Tour de France avec le cyclisme féminin est chaotique. En 1955, sous l’égide de Jean Leulliot, un Tour de France féminin est organisé. L’épreuve prend par la suite des formes différentes. Entre 1984 et 1989, une épreuve est organisée par la Société du Tour de France en levée de rideau de l’épreuve masculine. Un mode d’organisation proche de celui escompté par les pétitionnaires. Une certaine Jeannie Longo s’y distingue en glanant trois victoires consécutives. Toutefois, l’épreuve change de nom et de format en 1990 pour devenir le Tour de la CEE féminin. Une appellation qui ne fera pas date puisque l’épreuve cesse d’exister en 1993. Elle est en effet concurrencée par une autre épreuve disputée au mois d’août, le Tour cycliste féminin qui devient Grande Boucle féminine en 1998. L’épreuve peine à trouver son public et elle ne sera pas organisée en 2004. Malgré tout, la Grande boucle féminine fait son retour sur le bitume en 2005 mais elle n’est plus reconnue par l’UCI. L’épreuve cesse d’exister en 2009 sur une victoire finale de la britannique Emma Pooley.
Dès lors, les tentatives de créer une compétition d’ampleur sur le sol français se multiplient. La Route de France Internationale féminine est organisée par Hervé Gérardin depuis 2006. La septième édition s’est disputée du 3 au 10 août et vient de se terminer sur une victoire finale de Lina Mélanie Villumsen. Un succès qui lui a permis de remporter le premier prix de…350 euros quand la victoire de Chris Froome sur le Tour de France a rapporté quelques 450 000 euros au Team Sky.
Au fil des affaires de dopages qui ont émaillé l’actualité du cyclisme masculin, la situation économique de son pendant féminin s’est dégradée. Les sponsors déjà rebutés par une médiatisation lacunaire, ont pris la fuite. Il s’en ait fallu de peu pour que l’équipe Rabobank, figure de proue du cyclisme féminin ne décide de définitivement jeter l’éponge. La banque néerlandaise a mis fin à son partenariat avec l’équipe masculine, mais est finalement revenue sur sa décision en ce qui concerne l’équipe féminine.
Dans leur entreprise, les pétitionnaires ont trouvé un soutien de poids en la personne de Brian Cookson, président de la fédération britannique de cyclisme et candidat au poste de président de l’UCI en septembre prochain. Profitant du bilan peu reluisant de Pat Mac Quaid en la matière, Cookson fait de la promotion du cyclisme féminin un des axes forts de sa stratégie de différenciation.
Conscient que l’absence de médiatisation est la cause principale du manque de soutien financier qu’ont reçu les équipes cyclistes féminines, Brian Cookson a pris de sérieux engagements destinés à favoriser le retour d’une compétition de premier ordre susceptible d’offrir au cyclisme féminin la médiatisation qu’elle mérite. Et ainsi renforcer son attractivité pour les partenaires potentiels.
A cet égard, la création d’un Tour de France féminin ne doit se concevoir que comme la clé de voute d’une campagne plus large de promotion du cyclisme féminin. A l’instar de l’édition masculine, cette future épreuve doit permettre aux sponsors de trouver une médiatisation nécessaire à leur implication régulière au sein du peloton. A coup sûr, l’organisation d’un Tour de France féminin renforcera la médiatisation des deux autres grands tours féminin : le Tour d’Italie et le Tour de l’Aude.
Déjà, des monuments du cyclisme masculin, tels le Tour des Flandres ou la Flèche Wallonne organisent parallèlement à l’épreuve masculine une épreuve féminine sur le même parcours avec des horaires décalés.
La pétition qui a recueilli à ce jour plus de 90 000 signatures plaide pour une organisation similaire du Tour de France féminin. Les femmes emprunteraient le même parcours que celui des hommes avec un départ anticipé afin que les coureurs des deux compétitions ne se croisent pas sur le bitume.
Si l’objectif de la création d’une épreuve féminine dès le Tour de France 2014 dont le départ est prévu depuis le Royaume Uni, semble précoce tant les éléments de négociations restent nombreux, certaines initiatives éclaircissent l’horizon du cyclisme féminin.
Président de la fédération britannique, Brian Cookson tend à mettre en adéquation son discours et ses actes. Dès l’an prochain, le Tour de Grande Bretagne verra une compétition féminine de 5 jours se tenir en parallèle de l’épreuve masculine. Une première étape avant que les femmes ne disputent le Tour complet.
A terme, la densification du calendrier doit permettre au peloton de se structurer autour d’équipes professionnelles ou semi-professionnelles sur le modèle des précurseurs de la Rabobank.
Il est plus qu’urgent de rétribuer correctement les meilleures cyclistes en introduisant un salaire minimum et en travaillant sur un statut professionnel indispensable pour permettre aux cyclistes de participer aux différentes épreuves du calendrier.
La situation du cyclisme féminin est à ce point dramatique que la championne de France en titre, n’a pu se présenter à la dernière édition de la Route de France, faute de congés.