Jamais on avait autant parlé de la première division de handball que cette saison. Entre l’investissement massif des Qataris dans le PSG Handball et l’affaire des paris truqués, ce sport jusque là plutôt discret a fait beaucoup de bruit dans la presse mais pas toujours pour de bonnes raisons. Alors que la sélection nationale est montée en puissance depuis 20 ans, des Bronzés des JO de Barcelone aux Experts de l’actuelle génération, la ligue n’a pas réussi à profiter de cette formidable vitrine et le championnat souffre d’un manque d’engouement. Plusieurs signes laissent cependant entrevoir une nette amélioration.
Le problème de la concurrence du football
A l’instar du basket, le handball se développe où le sport roi n’est pas présent. Bien que le budget d’un club moyen de LNH n’avoisine que les trois millions d’euros, les grandes villes préfèrent se concentrer sur le football, sport nettement plus couteux mais qui assure également une couverture bien plus importante. Conséquence de ce désintéressement, on retrouve des clubs comme Sélestat, Billère, Saint-Raphaël, Cesson, Tremblay ou Dunkerque parmi l’élite. Difficile donc d’attirer l’attention du grand public qui peut avoir du mal à s’identifier à un club d’une si petite commune. Même si les budgets des clubs de LNH sont en progression constante chaque année, le problème de l’accueil des spectateurs, des médias et des partenaires est réel mais des efforts considérables sont faits pour la construction ou l’agrandissement et la rénovation des salles. Cette attention particulière est capitale pour fidéliser un public et les efforts consentis portent leurs fruits puisque l’affluence des clubs de l’élite a progressé de près de 50% en quatre ans. L’amélioration est donc notable même si on peut déplorer que la plus grand salle française, le Beaulieu à Nantes, ne permette d’accueillir que 5 500 spectateurs alors qu’en Allemagne la majorité des clubs peuvent accueillir entre 5 000 et 10 000 personnes à chaque rencontre.
D’importants chantiers
L’ancien international de rugby Philippe Bernat-Salles, aujourd’hui président de la LNH, a récemment lancé quelques pistes pour améliorer son produit. La Division 1 devrait selon toute vraisemblance passer de 14 à 16 clubs lors de la saison 2014-2015. Le calendrier n’est pas aussi démentiel qu’il peut l’être dans d’autres disciplines et quatre journées supplémentaires permettraient de générer davantage de revenus. Le maintien parmi l’élite serait plus abordable ce qui serait un gage de stabilité pour les clubs. La formule d’attribution du titre pourrait également changer avec l’apparition des toujours spectaculaires play-offs. Concernant la diffusion des rencontres tout laisse indiquer que Canal + est satisfait de son investissement. A l’heure actuelle le groupe diffuse la rencontre phare du jeudi soir sur Canal + Sport avec en préambule un magazine « Les spécialistes ». Tout à fait crédible avec des consultants du monde du handball, parmi lesquels on peut citer Daniel Constantini ou Grégory Anquetil, il fait la part belle à l’actualité du handball pour les clubs et l’équipe nationale. Via Sport +, une autre chaine du groupe, une seconde rencontre est retransmise généralement le samedi soir. Le contrat actuel qui court jusqu’en 2015 est de 1,2 million d’euros par saison. Dans la mesure où Canal + a déjà acheté les rencontres de l’équipe de France masculine et féminine, une certaine cohérence voudrait qu’il reformule une offre pour continuer à diffuser la D1. Le bouleversement de la hiérarchie avec la fin de la suprématie montpelliéraine a à cet égard été salutaire avec des audiences revues à la hausse par rapport à la saison précédente. Toutes ces initiatives restent à concrétiser mais le dynamisme de Bernat-Salles devrait être un vrai atout pour le développement de la ligue.
Des résultats européens décevants…
Avec deux représentants en Ligue des Champions cette année la France n’a pas fait sensation avec l’élimination de Montpellier et de Chambéry dès les phases de poule. Capables d’authentiques exploits, comme la victoire des Savoyards sur Barcelone au Phare, la marche est cependant un peu haute pour prétendre à mieux. En dehors de la victoire de Montpellier en 2003, aucun club n’a jamais atteint la finale de cette compétition. Devancés par les Espagnols et les Allemands qui trustent les rencontres des Final Four, les clubs tricolores subissent également la concurrence des grands pays de handball comme la Croatie, la Russie ou d’autres pays d’Europe centrale. Dans les compétitions un peu moins prestigieuses comme l’EHF ou la disparue coupe des vainqueurs de coupe, Dunkerque et Tremblay ont fait bonne figure dans un passé récent sans pour autant parvenir à soulever le trophée.
… mais un renforcement des équipes qui laisse augurer le meilleur !
Ceci dit un vrai déclic s’est produit la saison dernière sous l’impulsion du PSG Handball bien évidemment. Les internationaux français reviennent massivement à leur championnat domestique et ce processus est toujours en cours avec le retour plus que probable d’Omeyer à Montpellier ou encore de Narcisse dans le club de la capitale la saison prochaine par exemple. Profitant de la crise qui sévit en Europe, la France est devenue une destination de choix comme en témoigne la signature du Danois Hansen à Paris en début de saison et la présence de l’armada espagnole championne du monde à Nantes. Cependant, la formation est toujours au cœur de la vie des clubs et ce travail s’avère payant. Une équipe comme Créteil, pourtant bien faible cette année, est toujours dans la course au maintien grâce à ses jeunes pousses que l’on devrait retrouver prochainement en Equipe de France. Avec pas loin de 500 000 licenciés cette année, la fédération dispose d’un réservoir potentiel intéressant et l’avènement de ces jeunes talents au haut niveau rendra la compétitivité des clubs français encore meilleure.
Après une saison marquée par les rebondissements dans l’affaire des paris truqués qui a beaucoup nuit à l’image du handball français, la LNH semble s’être remobilisée afin de rendre le championnat plus attractif. Le PSG Handball est une vraie aubaine et la pléiade de stars présente dans notre championnat devrait rapidement faire oublier cet épisode regrettable. L’optimisme est donc de rigueur pour la saison à venir en espérant enfin concilier succès sur les parquets et dans les tribunes.