A l’approche du premier match de la série entre Cleveland et Boston, nous avons proposé à l’équipe de Celticsfr de répondre à quelques questions concernant leur franchise. Brad Stevens, Rajon Rondo, Evan Turner, les Playoffs, on aborde un peu tous les sujets.
Boston a réalisé une saison assez incroyable. De Rajon Rondo à Isaiah Thomas, pas moins de 22 joueurs ont foulé les parquets en tant que Celtic. Comment avez vous vécu cette saison plutôt instable ?
Baptiste : Je vais donner un avis plutôt personnel ici, je pense que chacun l’a vécu différemment. Franchement, c’était incroyable. Personnellement j’ai suivi de très près tout le début de saison, globalement jusqu’à la mi-janvier et le départ de Jeff Green. D’octobre à cette période, c’était franchement compliqué, on a vécu un certain nombre de purges et de fins de matchs frustrantes. C’était difficile parce que Rondo n’était pas impliqué au maximum, parce que Brad Stevens devait montrer les joueurs que Danny Ainge souhaitait transférer mais également parce que l’effectif a été chamboulé et la rotation était alors très instable.
Depuis janvier par contre (partie de la saison que j’ai personnellement malheureusement ratée), c’est un régal pour chaque supporter des Celtics. On a vu un réel groupe grandir, et c’est génial de voir être Brad Stevens récompensé de son travail, lui qui était fortement critiqué en début de saison.
La seconde partie de la saison est la plus intéressante, puisque vous arrivez à remonter dans le classement pour accrocher une septième place inespérée. Pourtant en regardant l’effectif, aucun joueur ne semble se démarquer particulièrement. Qu’est-ce qui a fait la différence ?
Jérémy : Eh bien c’est probablement le fait qu’aucun joueur ne sorte particulièrement du lot, justement. Considéré comme une contrepartie dérisoire dans le trade de Rondo, Jae Crowder fait partie des belles surprises de la saison par exemple. Il a su amener une petite touche de folie, ce côté “energizer” qui booste une équipe. Tyler Zeller a lui aussi répondu présent. Il n’est probablement pas le pivot du futur pour Boston, mais on ne lui en demandait pas tant. Des joueurs européens comme Jonas Jerebko ou même Gigi Datome ont également trouvé leur place à Beantown.
Et puis bien sûr l’arrivée d’Isaiah Thomas a complètement transformé l’après All-Star Break, tout comme le retour en forme d’Avery Bradley avec qui il forme un réel duo de scoreurs. Mais au final c’est bel et bien Brad Stevens qu’il faut féliciter pour avoir pu créer une telle alchimie dans un groupe qui semble monté de bric et de broc.
Est-ce que les Cavaliers devraient s’inquiéter d’affronter deux joueurs sortis d’Ohio State ?
Max : Il y a peu de chances que ça les inquiète, mais je pense que ça reste une petite source de motivation supplémentaire pour ces deux-là.
Jared Sullinger est resté très attaché à son université. On le voit souvent en parler dans des interviews et surtout sur Twitter où il est très actif lorsqu’il s’agit d’encourager son ancienne fac. Colombus, où se trouve l’université d’Ohio State, se trouve à plus de 200 km de Cleveland, mais cela ne fait aucun doute que ses proches feront le déplacement à la Q pour le voir. En plus d’y avoir étudié, il y est aussi né !
Je pense que cela sera un plus grand facteur pour Sully que pour Turner, qui a voyagé entre la Pennsylvanie puis l’Indiana avant d’atterrir dans le Massachusetts. Cependant, ses années NCAA ont été très brillantes dans l’Ohio, remportant par ailleurs le titre de meilleur joueur universitaire de l’année en 2010.
Puisqu’on mentionne Evan Turner, pouvez-vous nous expliquer brièvement ce qui a changé chez lui cette saison ? On se souvient de lui à Indiana comme machine à perte de balle jouant un basketball inefficace. Est-ce l’effet Brad Stevens ?
Léo : L’explication est simple : Stevens utilise effectivement les forces de ses joueurs. Si untel sait faire ça et ça, alors le coach ne lui demandera pas de faire des choses qu’il ne maîtrise pas. Attention toutefois, Turner n’est pas devenu parfait. Il a trop souvent tendance à enfiler des œillères et jouer en soliste.
Cela dit, l’équipe a cruellement manqué de go-to guy avant l’arrivée de Thomas et Turner a dû enfiler ce costume bien plus souvent qu’il ne l’aurait fallu. Aujourd’hui, malgré l’éclosion de Smart, Turner reste l’un des porteurs de balle principaux mais l’équipe opère en réelle synergie, et Turner n’a plus à garder le ballon autant qu’avant.
Parlons de la série entre les Cavaliers et les Celtics. On ne pense évidemment pas que vous pouvez sortir Cleveland (à moins d’un effort colossal) mais pensez-vous que ce jeune groupe soit capable d’arracher au moins un match ? Quelle sera la clé pour cela ? Avez-vous observé des faiblesses au cours des deux derniers matchs contre Cleveland ?
Baptiste : C’est tout ce qu’on espère du moins. Clairement, la tâche s’annonce presque insurmontable, mais nul doute que les Celtics joueront crânement leur chance. Pour cela, la clé risque pour Boston de tenter de réduire la productivité des Cavaliers à longue distance, ainsi que leur apport au rebond offensif, domaine dans lequel les Celtics sont franchement en difficulté.
Ce sera très dur, mais si ces deux secteurs sont contrôlés, alors on est en droit d’espérer accrocher un match et plus si affinités. Concernant les deux derniers matchs face à Cleveland, difficile d’en tirer quelque chose vu les absences.
Pour terminer, évoquons l’avenir de la franchise. Danny Ainge a été critiqué à de nombreuses reprises pour ses décisions, mais voilà que son équipe se retrouve en position très favorable pour la suite. Vous avez un jeune groupe qui va vivre les Playoffs ensemble et un tas de cap space pour renforcer la structure. Comment envisagez-vous la suite des événements ?
Léo : Depuis février et les premières décisions à impact positif immédiat, Ainge reçoit enfin de la reconnaissance pour son travail de reconstruction entrepris il y a seulement deux ans : Thomas est un sérieux prétendant au titre de sixième homme de l’année, et Stevens éblouit la ligue de son talent de tacticien. Cette dynamique positive risque néanmoins de générer des attentes incommensurables cet été, pas mal de fans jugeant déjà qu’un premier tour de playoffs rendra leur équipe de coeur attractive sur le marché des agents libres, marché qui ne nous a historiquement jamais réussi.
Cela étant, avec l’explosion du cap annoncée en 2016, la fenêtre d’opportunités de Ainge (sans tenir compte de la qualité des joueurs sur le marché) ne sera probablement par la suite plus aussi grande que cet été. C’est pourquoi il m’apparaît clair depuis un moment déjà que Boston se concentrera sur les sign and trade afin d’équilibrer les rapports de force avec les gros marchés en concurrence cet été.
Il est également très probable que Ainge, dont la patience est le maître mot, ne prenne aucune “grosse” décision cet été et se contente de réaliser de bons coups (exemple avec Tyler Zeller l’été dernier ou encore Isaiah Thomas qui malgré ses qualités reste un atout supplémentaire aux yeux de notre GM) afin de viser la trade deadline de février 2016.
Un grand merci à l’équipe de Celticsfr pour avoir pris le temps de répondre à nos questions. Leur preview de la série se trouve ici et leur compte Twitter ici.