A l’aube de la saison 2013 de MotoGP, Dani Pedrosa partait avec une seule idée en tête : remporter enfin le titre de champion du monde qui lui échappe depuis bien des années, avec déjà 5 podiums au classement général en fin de saison depuis 2006, dont trois secondes places. En effet, le départ à la retraite prématuré de son coéquipier Casey Stoner lui laissait presque le champ libre puisque la seconde HRC aurait dû être offerte à un motocycliste de seconde zone en MotoGP, ce qui lui assurait presque de reprendre la place de pilote numéro 1 de son écurie. De plus, la large avance technologique de Honda sur tous les concurrents lui offrait un statut de favori.
Cependant, petit coup de tonnerre fin 2012, puisque la règle obligeant un pilote d’une catégorie inférieure qui monte en catégorie reine à effectuer au moins une saison dans une team satellite avant d’avoir une moto d’usine disparait. Honda Repsol n’en demandait pas tant pour aller chercher Marc Marquez, la terreur venue de Moto2, celui qu’on annonce comme le nouveau Valentino Rossi. Cette arrivée pesait lourd en début d’exercice, puisque HRC va mettre les deux coéquipiers sur le même pied d’égalité. De plus, il faut noter que le retour du Docteur (Rossi) chez Yamaha allait faire du championnat à deux que Pedrosa espérait, un championnat à quatre, tous des hommes d’exception.
Son meilleur début de saison
Dani Pedrosa n’en demeure pas pour autant abattu puisqu’il effectue la meilleure saison de sa carrière après 6 Grands Prix, se plaçant sur cinq podiums, et remportant deux courses. Barré lors des deux premiers grands prix par son coéquipier Marc Marquez, Pedrosa a su renverser la tendance et prendre le dessus sur son compatriote. Bien sûr, la chute de Marquez au GP d’Italie, au Mugello, a bien aidé. La jeune pousse aura besoin d’encore quelques courses sur sa machine pour acquérir de l’expérience. Très régulier jusqu’ici, Dani marque des points très importants à chaque GP mais peine tout de même à s’imposer comme LE grand favori :souvent sur le podium, mais pas assez sur la première marche.
Ce manque d’opportunisme laisse la voie libre au leader affirmé qu’est Jorge Lorenzo. Le double-champion du monde est connu pour son style « métronome » : pas fougueux, mais hyper régulier et très efficace à chaque virage, il commet très peu d’erreurs et est capable de sortir 25 tours dans la même seconde au cours d’un GP. D’ailleurs, sans un problème sur sa Yamaha lors du GP de France, au Mans, Lorenzo serait certainement premier au championnat du monde aujourd’hui. C’est LA menace principale de Dani Pedrosa, le seul qui semble pouvoir aller arracher le titre devant lui, puisque Marquez marque légèrement le pas sur les premiers, Rossi est complètement hors-course et n’est plus le vrai Docteur, celui aux 6 titres de MotoGP. Pedrosa devra continuer d’aller chercher des podiums et de finir ses courses, tout en espérant une chute ou un problème technique sur la machine de Lorenzo.
Et après ?
Si Pedrosa en venait à échouer dans cette quête du Graal en 2013, son rêve risque bel et bien de ne jamais se réaliser. En effet, comme tous les spécialistes du sport deux-roues le signalent, Marc Marquez est destiné à devenir un des plus performants pilotes au monde, si ce n’est le meilleur. Il a la particularité d’avoir une mentalité de winner comme il l’a prouvé en Catalogne en bousculant le champion en titre, Jorge Lorenzo, dans le dernier virage, lui chipant sa 2ème place. De plus, ses mouvements corporels dans les virages font de lui le motocycliste le plus efficace avec des angles qui dépassent les 64 degrés ! Dans ces conditions, dès qu’il saura rester sur sa moto pendant toute la course et qu’il aura pris confiance, il sera difficile à déloger. Seul un guerrier comme Lorenzo pourrait lui mettre des bâtons dans les roues. Il faut également signaler que Rossi laissera sa place dès 2014 soit à Pol Espargaro, un des plus grands espoirs de Moto2, soit à Cal Crutchlow, actuellement 4ème de MotoGP sur une Monster Tech 3 (!!), ce qui promet une concurrence encore plus ardue dans la course au titre.
Et pourquoi est-ce que Pedrosa ne pourrait pas aller embêter les tout meilleurs ? On en parle peu mais pour certains, c’est très clair : Dani est handicapé par sa petite taille (1m58), ce qui l’oblige à effectuer des efforts physiques bien plus importants que ses adversaires et à prendre plus de risques dans les virages. Un handicap qui lui a déjà coûté le titre à plusieurs reprises, et sûrement encore à l’avenir …