Michael Cooper, l’homme de l’ombre

debats sports image par defaut
debats sports image par defaut


Parler de la NBA des années 80 à des fans de balle orange évoquerait chez ces derniers des souvenirs plus ou moins flous des prémices du basket tel qu’on le connaît: les Celtics de Larry Bird, les Sixers de Dr J., les débuts de Michael Jordan, Pat Ewing ou Hakeem Olajuwon, les Lakers et leur Showtime. Et se focaliser sur cettte dernière entité amèneraient sûrement ces fans à énumérer les noms des multiples stars de la franchise. Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar, James Worthy, Pat Riley. Certains sortiraient peut-être le nom d’AC Green et les fans de mode parleraient de Kurt Rambis.



Dans l’ombre de ces ogres de la balle orange évoluait une multitude de rôle player permettant à la machine californienne de rouler sur tout ce qui bouge (ou presque). Parmi eux, Michael  Cooper.

Michael Jerome Cooper est né à Los Angeles en 1956 et fût drafté par la franchise de la ville lors de la Draft 1978, en 60ème position (au 3ème tour). Il sortait alors du basket universitaire avec 4 années -d’abord au Pasadena City College puis à New Mexico- et des récompenses, individuelles et collectives dans les bagages. Nommé dans le 1er 5 de la Western Athletic Conference, champion de cette dernière, auteur d’une belle ligne statistique (16.3 pts, 5.7 reb et 4.2 ast dans son année Senior), le jeune arrière espère s’imposer mais se déchire un ligament du genou avant même d’avoir signé son contrat et doit donc attendre sa saison Sophomore pour engranger du temps de jeu.

Complément idéal

1.96 m selon la police, 2.01 selon la CGT, le numéro 21 officie en sortie de banc, dans l’ombre de Magic Johnson, James Worthy et en relais de Byron Scott, alternant ainsi entre les 3 postes extérieurs, profitant des décalages laissés par une défense trop préoccupée par les courses déhanchées de Magic ou la menace létale que représentait Kareem Abdul-Jabbar au poste bas.

Shoot longue distance, points faciles en back-door ou sur contre-attaque et nombre de alley-oop (ou Coop-a-Loop comme adorait hurler le célèbre commentateur Chick Hearn) composent son registre offensif, limité certes, mais précieux, qui permettra à Michael Cooper d’émarger en carrière à 8.9 pts (à 46.9 % dont 34 % à 3 pts) et 4.2 ast en 27 minutes.

Defense beats Offense

Si le physique de Michael Cooper n’est guère impressionnant (77 kgs), Coop’ mettra un point d’honneur à défendre corps et âme, match après match. Il faut dire que le garçon est un battant. Lorsqu’il n’avait que 5 ans, le petit Cooper s’ouvre sévèrement au niveau du genou, nécessitant 100 points de sutures. A l’époque, les médecins ne sont guère optimistes, affirmant qu’il ne serait plus capable de marcher normalement, encore moins de sauter ou de courir. 3 années passées à regarder par la fenêtre ses voisins et ses camarades de classe courir, sauter, rire. 3 années passées avec une botte ala Forrest Gump encerclant à la jambe. 3 années passées à se répéter qu’il recourrait un jour.

 J’avais l’habitude de me dire : « Si j’ai une chance de recourir, je ne m’arrêterai plus »

Défensivement? Cooper était chargé d’user le meilleur attaquant adverse. Qu’il soit plus rapide, plus grand ou plus lourd importait peu. Et avec 8 sélections dans les All Defensive Team en 12 ans de carrière dont 5 dans le 1er 5, ainsi qu’un titre de Defensive Player of the Year en 1987, privilège rarement accordé aux extérieurs (et encore moins aux remplaçants), Michael Cooper s’est attribué un palmarès individuel solide et, probablement le plus gratifiant, la reconnaissance de ses adversaires.

 Il était tous les ans digne du DPOY. Il était plus grand, plus rapide et plus fort que vous ne le pensiez. Coop était fait pour défendre- Greg Ballard, ailier des Warriors.

Rival de l’époque, Larry Bird affirmera que Michael Cooper est sans aucun doute le meilleur défenseur auquel le blond moustachu a du faire face.

Paranoïa, paranoïa, au pays d’ la paranoï-LA

Cooper jouait chaque action comme si c’était sa dernière. Par esprit de compétition. Et par paranoïa. En effet, l’arrière ne cessait de craindre pour son futur, de penser que ce panier encaissé était de sa faute et qu’il le conduirait dès le prochain temps-mort sur le banc ou, pire, dans une autre équipe.

 Je n’ai jamais été détendu. Jamais. Pas une seule fois. Une jour, mon agent m’a dit que j’étais toujours le premier nom que citaient les autres équipes dans les négociations de trade. Ca m’effrayait énormément. Je voulais être un Laker et seulement un Laker.

Un soir de match, durant un road-trip de l’équipe dans le Midwest, Steve Springer assiste à une rencontre des Lakers lorsque Michael Cooper vient lui parler. Il est en tenue de ville, ménagé par Pat Riley à cause d’une cheville douloureuse.

« Tu as toujours été bon avec moi, du coup je voulais juste te signalais que je me tire » l’interpelle Cooper

Springer est surpris, par la forme et le fond de l’annonce. Journaliste réputé, il n’a rien entendu au sujet d’un éventuel trade du côté de Los Angeles et encore moins du 6th man Purple & Gold.

 Coop’, de quoi tu parles ?

– C’est fini, je me tire. Je ne suis pas stupide bordel. Tu crois que je ne sais pas qu’ils veulent me dégager? C’est déjà fait. Il y a un accord. Et bien qu’ils aillent se faire foutre. Que les Lakers aillent se faire foutre. Je reviendrai et je leur botterai le cul.

A la fin du match, Springer se rend dans le vestiaire et demande à l’arrière

 Coop, es-tu sûr de vouloir que ça sorte dans la presse ?

-Non, dit-il en riant, tu sais je suis… Hey Jack (Curran, préparateur aux Lakers), c’est quoi le mot que je cherche ?

-Tu es parano. Un putain de parano.

Michael Cooper ne jouera finalement jamais pour une autre équipe NBA, raccrochant les sneakers après 12 saisons passées dans la ligue et un an en Italie avant d’entamer une carrière d’entraineur (2 titres WNBA, 1 titre de D-League). A l’heure actuelle, il est toujours le 5ème meilleur passeur de l’histoire des Lakers, le 5ème meilleur voleur de ballon, le 7ème meilleur scoreur à 3 pts et le 10ème contreur, dans l’indifférence quasi-générale. Qu’importe, le bonheur est certainement ailleurs pour Michael Cooper.


Sources:

http://www.masslive.com/sports/2014/07/q_a_michael_cooper_talks_about.html

http://www.si.com/nba/2014/03/04/showtime-excerpt-michael-cooper

http://articles.latimes.com/1990-08-19/sports/sp-2955_1_michael-cooper

https://www.abqjournal.com//sports/406403sports11-10-05.htm

http://pcclancers.com/hof/Michael_Cooper?view=bio