La nouvelle étant sortie hier, il est difficile de se faire un avis clair sur la situation. Personne ne s’attendait à voir un coach avec un tel bilan pour ses deux premières années en NBA se faire virer de la sorte. Cela dit, avec une telle information arrivent d’autres rapports sur la situation à Cleveland. Dans ce genre de moment, il faut savoir distinguer l’opportunisme au journalisme.
David Blatt ne s’est pas fait virer à cause de son bilan. C’est une chose que l’on peut affirmer très clairement car les Cavaliers sont à 30 victoires et 11 défaites cette saison. Le GM de la franchise a également confirmé hier qu’il pensait au-delà du bilan de la franchise lors de ses prises de décision.
Les qualités du coach n’étaient donc pas en question. S’agissait-il seulement d’un problème relationnel au sein de la franchise ? A en croire le bruit du côté des journalistes de Cleveland, oui. Pour résumer simplement, David Blatt n’était jamais censé se retrouver dans cette situation. Il n’aurait jamais dû être en charge d’une équipe visant le titre pour sa première saison en NBA. Dès les changements effectués lors de l’été 2014, il était devenu indésirable.
Cela semble difficile à croire, mais ce ne serait pas surprenant vu l’histoire de Cleveland avec ses coachs.
Cependant depuis l’annonce du départ de Blatt, certains beat writers crient sur tous les toits avoir vu venir ce scénario de loin. D’autres s’empressent de jeter Blatt aux lions avec des histoires, pour être franc, assez absurdes.
Exemple venant de Chris Haynes, du Plain Dealer. Pour appuyer ses propos sur le fait que les qualités de coach de Blatt furent insuffisantes pour les Cavaliers, Haynes déclare ceci :
Blatt avait du mal à dessiner des systèmes en sortie de temps mort. Il aurait parfois des blocages, ce qui lui ferait perdre de précieuses secondes. Selon certains joueurs, il dessinerait parfois des systèmes pour des joueurs n’étant même pas dans le match.
Voilà qui est bien étrange. Combien de fois a-t-on vu des systèmes ingénieux de la part de David Blatt en sortie de temps mort ces deux dernières saisons ? Blatt est probablement le meilleur coach que les Cavs ont eu sachant parfaitement manipuler les tendances et les mouvements de ses joueurs en ajoutant des écrans pour se créer un tir en quelques secondes. C’est plutôt bas de remettre en cause ses qualités de coaching maintenant qu’il est parti.
Haynes insiste longuement sur le fait que les assistants de Blatt soient souvent intervenus pour gérer le groupe et reprendre la situation en main. Très franchement, l’article ressemble à un roman dramatique mal écrit dont Tyronn Lue serait le héros.
D’autres journalistes prétendent avoir des faits « exclusifs » sur la situation mais s’il s’agissait vraiment d’une nouvelle révolutionnaire, ils n’auraient pas attendu le renvoi du coach de l’équipe pour sortir leurs articles. Il y a des parties de vérités dans tout ce qui traîne actuellement sur Internet, mais le chaos de cette situation particulière leur permet de bien embellir leurs rubriques.
Ce qu’on peut retenir dans cette histoire, et tout le monde s’accorde pour le dire, c’est que le vestiaire l’avait lâché. Son message ne passait pas, mais cela ressemble plus à de la mauvaise volonté de la part des joueurs que d’un problème venant de Blatt.
Comment cela aurait-il pu se produire ? Beaucoup de journalistes ont leur théorie là-dessus, et un en particulier. Adrian Wojnarowski de Yahoo! Sports n’a pas hésité à dénoncer LeBron James et son agent Rich Paul pour avoir retourné le vestiaire des Cavaliers contre David Blatt. Selon lui, il était clair que James ne voulait pas de Blatt et que le reste de l’équipe s’est retrouvé entraîné dans une spirale négative.
Au fil des matchs, les joueurs adverses pouvaient non seulement voir James constamment contredire Blatt, mais également observer le reste de l’équipe ignorer les consignes de leur coach.
Malgré 11 victoires sur les 13 derniers matchs, ne perdant que contre San Antonio et Golden State, James devenait de plus en plus mécontent lors des entraînements et des matchs. Au sein de la franchise, il était difficile d’entendre autre chose que la voix de LeBron James. Lui et Rich Paul n’ont jamais eu à aller dans le bureau du GM pour qu’une décision soit prise. Ensemble, ils avaient le pouvoir de faire de cet environnement un enfer jusqu’à ce que leur vœu soit exaucé.
Le reste de l’article est à prendre avec pincettes, comme pour beaucoup d’autres sortis ces dernières 24 heures, mais lorsque le numéro 23 d’Akron ne veut plus de vous, il est difficile de résister. Dans ce cas, est-il juste de dire que « GM LeBron » existe vraiment ? Oui et non.
Oui, car la franchise fera tout pour le satisfaire. Les décisions seront prises en fonction des préférences de James et de la manière dont elles affecteront son environnement de travail. Il représente beaucoup trop à la ville de Cleveland pour que sa volonté soit ignorée. Il le savait en 2014 lors de son retour. Il dispose de beaucoup plus de pouvoir ici qu’à Miami.
Non, car les décisions sont tout de même prises par le vrai GM, David Griffin. Lorsque l’on regarde sa conférence de presse, il est évident que Griffin pense depuis quelques temps à cette situation. Il a été très direct face aux journalistes et n’a pas hésité à développer sa vision pour l’avenir de la franchise. Il a évidemment parlé de sa décision à Dan Gilbert, mais il n’a pas forcément consulté LeBron James pour penser qu’il fallait prendre une direction différente.
Il y a seulement quatre jours, on parlait de patience et d’une seconde partie de saison qui s’annonçait intéressante pour l’équipe. Et bien voilà où en sont les Cavaliers. Ils ont offert un beau spectacle à la ligue entière, comme souvent.
David Griffin a déclaré devant une salle remplie de journalistes ne pas vouloir se contenter d’un niveau « plutôt bon », mais les Cavaliers étaient partis pour une saison à 60 victoires avec Blatt. David Griffin a déclaré vouloir voir les joueurs plus impliqués et qui répondent à l’adversité. Il ne blâme pas la bonne volonté des joueurs, mais le supposé mauvais travail coach.
Il est étrange de reprocher le manque d’effort des joueurs au coach qui a tiré le meilleur de son effectif affaibli lors des Playoffs. Il est très étrange de reprocher à un coach dans sa première année en NBA le manque de cohérence dans son style alors qu’il fait des Cavaliers l’une des meilleures attaques de la ligue.
Mais David Griffin est à l’origine de la construction de cet effectif. Il voit que l’effectif n’adhère plus aux idées de son coach et qu’un changement est nécessaire. En voyant son ton grave lors de la conférence de presse d’hier, le mieux serait de lui faire confiance et d’attendre de voir la suite des événements.
Si ces informations sont justes, et que David Blatt avait vraiment perdu le vestiaire, il est remarquable de voir ce qu’il a accompli dans de telles conditions de travail. Une finale NBA et un pourcentage de victoire de 70% en 20 mois.
Pour paraphraser Rick Carlisle, l’organisation des Cavaliers a laissé partir un homme bien. Le reste de la ligue va se jeter sur lui.