Un recrutement All Star, c’est le qualificatif qui sied le mieux aux deux nouveaux joueurs de la franchise de Los Angeles. Alors qu’en décembre dernier, quelques jours avant le début de la saison raccourcie pour cause de lock-out, c’étaient les Clippers qui animaient le mercato avec les venues de Chris Paul et Chauncey Billups (entre autres), cette saison, leurs voisins ont été plus qu’actifs.
Déçus par une saison morose (deuxième élimination d’affilée en demi-finale de conférence), qui avait débuté par des transferts douteux (Lamar Odom à Dallas contre des cacahuètes), les managers des Lakers ont mis les bouchées doubles pour attirer dans leurs filets LE joueur de cette free agency, Dwight Howard.
Mais le pivot d’Orlando n’est que le dernier arrivé, car quelques semaines avant, c’était le meneur canadien de Phoenix, Steve Nash qui s’en allait rejoindre ses meilleurs ennemis sur la côte. Une hérésie pour ses fans, lui qui a toujours combattu Kobe & Co durant les années 2000 et notamment durant cette finale de conférence mémorable en 2010 remportée par les Lakers.
On peut tout d’abord s’étonner de voir Nash sous ce nouveau jersey. Les Lakers et les Suns sont dans la même division ce qui signifie quatre oppositions durant la saison. Les déplacements à Phoenix seront à coup sûr des événements. Nash souhaite sa bague de champion, et on ne peut pas le lui reprocher, mais cela reste tout de même suspect lorsque l’on sait que d’autres franchises lui proposaient un challenge identique (Miami). On y reviendra mais ce départ était du pain béni pour les Suns.
Son association avec Kobe faisait déjà rêver les fans, eux qui regrettaient depuis de longues années la faiblesse du poste de meneur (considérant que Fisher ne jouait bien qu’en play-offs et que Ramon Sessions n’a pas convaincu) dans leur franchise. Avec un cinq majeur composé de Nash / Bryant / MWP / Gasol / Bynum, le seul point noir était bien le jeune pivot.
Son contrat expirait à la fin de la saison prochaine et ses frasques sur le terrain commençaient à agacer les anciens. Mais cela n’enlevait rien à son talent, et il faisait donc une très bonne monnaie d’échange. Plutôt que de le voir tester le marché l’année prochaine et de risquer de devoir aligner les zéros sur le chèque, le front office lui a demandé de libérer sa place dans le vestiaire.
Et pour le remplacer, les dirigeants ont choisi le meilleur pivot de la ligue, tout simplement. On ne comptait même plus les trades avortés de Dwight Howard au départ d’Orlando. Dallas, Brooklyn, Houston et bien d’autres restées dans l’ombre ont tenté d’attirer Superman. Mais rien n’y a fait et les dirigeants floridiens attendaient encore et toujours une meilleure offre. Et surtout une offre qui comprenait aussi la prise en charge des contrats toxiques de Turkoglu et Jason Richardson.
Mais surprise, le 10 août, la nouvelle tombe. Un trade entre quatre équipes est monté et Howard peut enfin quitter l’équipe qui l’avait draftée. On ne reviendra pas sur les détails du trade mais deux nouvelles importantes sont à relever dans cet échange :
- Pau Gasol reste un Laker, alors que les dirigeants l’avaient proposé à la moitié des équipes de la ligue
- Hedo Turkoglu reste un Magic, alors que son départ avec Howard était acté depuis de longues semaines.
Sur le papier donc, les Lakers ressortent grandis de ce trade, et Orlando devient encore un peu plus la risée de la NBA. Le Magic a refusé des tonnes de trades, et pour certains très avantageux et voilà qu’ils se retrouvent sans pivot (alors qu’il pouvait obtenir Brook Lopez des Nets) et avec encore Turkoglu sur les bras.
On a critiqué les dirigeants du Magic pour la mauvaise gestion du cas Howard, et plus anciennement pour le départ gratuit d’O’Neal chez ces mêmes Lakers, et malgré cela, leurs successeurs ont poursuivi dans cette voie.
Néanmoins même s’il est clair que le front office d’Orlando doit avoir du mal à trouver le sommeil en ce moment, leurs homologues de Los Angeles ne doivent pas non plus crier victoire.
Certes, ils perdent un pivot All Star pour en retrouver un autre du même calibre. Et ils n’ont eu à accueillir avec Howard « que » deux contrats moyens (1.2 M pour Clark et 3.5 M pour Duhon) et non les 6 M de Richardson ou encore les 12 M de Turkoglu. Un bon point pour les Lakers.
Mais tout n’est pas si rose.
Dans le cadre du sign & trade de Steve Nash, les Lakers ont du débourser pas moins de 4 choix de draft (leurs 1er et 2nd de 2013, leur 2nd de 2014 et leur 1er de 2015).
Dans le cadre de l’échange monté pour faire venir Howard, L.A. a perdu, outre Bynum envoyé chez les 76ers, deux joueurs (Eyenga et McRoberts) et encore un 1er tour de draft en 2017.
Alors certes, les Lakers ont une équipe (du moins un 5 majeur) ultra compétitive, mais d’une part le banc manque clairement de profondeur (seuls Blake et Jamison peuvent espérer du temps de jeu) et dès lors que l’on considère que Nash (38 ans), Kobe (34), Gasol (32) et MWP (33) ont encore une, voire deux saisons, au top, on se demande comment les dirigeants vont faire pour renouveler leur effectif.
Mais les Lakers font partie de ces franchises qui ne meurent jamais. Les ligues américaines sont louées pour leur gestion des rapports de force, en particulier en attribuant les meilleurs joueurs universitaires aux plus mauvaises équipes, et malgré cela les Lakers (tout comme les Celtics ou les Spurs) demeurent au sommet.
Bien que cette équipe n’ait pas vocation à glaner des titres sur la durée, la saison prochaine aura clairement une autre saveur à l’Ouest. Alors que l’on pensait que la bataille de la conférence se jouerait entre le Thunder et les Clippers, arbitrée par les Spurs, les Lakers se joignent à la bataille et font désormais figure de favoris pour retrouver le Heat de Miami lors des finales de juin prochain.
Article rédigé par R.J