Si vous suivez les Cavaliers depuis quelques temps, vous vous êtes bien rendus compte que quelque chose n’allait pas avec eux cette saison. Après avoir occupé les premières place de la draft pendant trois années de suite, et ainsi accumulé plus d’une dizaine de choix de draft, on aurait pu penser que l’équipe de Dan Gilbert décollerait enfin en 2013-2014. Les Playoffs étaient l’objectif de cette saison pour la direction toute entière, mais il semble certain aujourd’hui que tout ne s’est pas passé comme prévu.
Après The Decision, il était évident qu’il fallait reconstruire la franchise et tout reprendre depuis le début. Chris Grant, nommé GM en 2010 après le départ de Danny Ferry, a logiquement décidé de passer par la draft. Cependant, malgré les nombreux choix bien placés, l’effectif est bancal et reste incompatible.
La sélection de Kyrie Irving en 2011 était un choix plutôt logique, même si le jeune meneur a vu sa saison à Duke écourtée par une blessure au pied. Avec le quatrième choix de la même draft, Grant opte pour Tristan Thompson, intérieur au gros moteur de Texas. Beaucoup remettent en question cette décision de drafter Thompson puisqu’un pivot de grand talent attendait juste derrière : Jonas Valanciunas, aujourd’hui aux Raptors. Pour sa première draft avec les Cavs, Chris Grant choisit donc de s’appuyer sur un noyau composé d’un meneur scoreur et d’un intérieur qui fonctionne à l’effort.
En 2012, Cleveland hérite une nouvelle fois d’un choix bien placé. Les spécialistes annoncent que Harrison Barnes, l’ailier prolifique de North Carolina et ami de longue date de Irving, devrait atterrir dans l’Ohio mais à la surprise générale, c’est Dion Waiters, arrière de Syracuse, qui est sélectionné. La question de savoir si les deux arrières des Cavaliers sauront cohabiter s’est immédiatement posée, et se trouve être toujours valable aujourd’hui. A la neuvième place de cette même draft est sélectionné Andre Drummond par les Pistons. Un autre pivot au profil dominant et au grand potentiel. Les Cavaliers n’ont pas jugé nécessaire de se pencher sur son cas.
A l’issue de la saison 2012-2013 et après deux saisons passées à reconstruire, les Cavaliers n’avancent toujours pas. L’effectif n’est pas complémentaire, Irving et Waiters ne semblent être performant que lorsqu’ils sont éloignés l’un de l’autre. Pour ce qui est de Thompson, sa progression est constante mais il n’influe pas sur le jeu offensif. C’est une nouvelle saison décevante et les Cavaliers héritent du premier choix de la draft pour la seconde fois en deux ans. On connait la suite.
Les joueurs majeurs draftés par Grant à l’issue de ces trois saisons de reconstruction sont les suivants : Irving, Thompson, Waiters, Bennett. L’effectif ne semble pas cohérent et n’offre aucune valeur sûre.
Durant la saison 2012-2013 et après la blessure de Anderson Varejao, Grant décide d’envoyer Jon Leuer et un second tour de draft à Memphis en échange de Wayne Ellington et Marreese Speights. En profitant des problèmes financiers des Grizzlies, le GM des Cavs a réussi à dynamiser son effectif (provisoirement) en amenant des joueurs qui rentraient parfaitement dans le système de la franchise.
Cela n’a pas suffi à éviter les mauvais résultats. A l’issue de cette même saison, Grant décide donc d’attirer des agents libres d’expérience afin d’aider le groupe à grandir. Jarrett Jack, Earl Clark et Andrew Bynum, tels sont les noms qui débarquent à Cleveland durant l’été 2013.
L’expérience Bynum a échoué malgré le fait que le pivot ait travaillé comme jamais pour revenir en forme et laisser ses problèmes aux genoux derrière lui. Il a foulé les parquets et joué pour les Cavaliers mais n’a jamais vraiment transformé l’équipe. Au contraire, les joueurs ne se sont jamais adapté à la présence du pivot et cela n’a fait que freiner leur progression. Durant son expérience en tant que Cavalier, le pivot aura tourné à a 8.4 points (41.9% au tir), 5.3 rebonds et 1.2 contres par match.
Son attitude a vite commencé à exaspérer et a précipité ce qui s’est avéré être un nouvel échange judicieux de la part de Chris Grant. En profitant de la situation vulnérable des Bulls, il a réussi à faire venir Luol Deng en échange du pivot démotivé. Le fait que les Cavaliers aient passé une trentaine de matchs à tenter de s’adapter au jeu de Bynum pour ensuite se rendre compte que leurs styles respectifs étaient incompatibles a grandement coûté à l’équipe. D’autant plus que la frustration monte au sein du vestiaire, notamment en Dion Waiters qui reproche, semble-t-il, à Irving de jouer trop « perso ».
Avec l’arrivée d’un vétéran comme Deng, on aurait pu penser que certains problèmes défensifs et de structure seraient effacés. Ce n’est pas le cas. Le bilan depuis l’échange avec Chicago est de 4 victoires pour 7 défaites. La structure de l’équipe est toujours bancale et les autres recrues ne répondent pas aux attentes. Jarrett Jack semble se cacher derrière les problèmes de l’équipe. Le vétéran qui est connu pour se montrer lorsque l’étau se resserre a disparu cette saison. Ce n’est pas le même joueur qui a aidé les Warriors à aller jusqu’aux demi-finales de conférence la saison dernière.
Pour ce qui est de Earl Clark, il a débuté la saison en tant que remplaçant au poste 4, puis titulaire au poste 3, puis remplaçant au poste 3, puis de nouveau au poste 4 pour ensuite revenir dans le cinq majeur. Vous l’aurez compris, il a été bousculé depuis le début de la saison. Cela ne retire rien au fait qu’il n’ait pas non plus répondu aux attentes de Mike Brown, qui espérait voir sa polyvalence défensive aider les Cavaliers.
Parlons-en de Mike Brown. Le coach rappelé l’été dernier par la franchise avec laquelle il a connu ses meilleurs années n’a rien retiré de ses joueurs jusqu’à présent. On le connait pour son système défensif exigeant mais adapté pour n’importe quelle jeune équipe qui a encore tout à apprendre dans le domaine. Cette saison, on l’a surtout vu impuissant face au manque d’effort de ses joueurs mais aussi incapable de remanier son attaque et de varier ses systèmes offensifs. Cela a toujours été un problème pour lui. C’est d’ailleurs pour ça que l’on avait insisté sur le coaching staff auparavant. Cela dit, selon les dernières informations, la raison pour laquelle le message ne passe pas auprès des joueurs est simple : il n’est pas le même pour tout le monde.
Par exemple, et je cite la source, lorsqu’un assistant se dirige vers un joueur pour le corriger, Mike Brown dira exactement le contraire juste après, à ce même joueur. De quoi rendre confus l’équipe toute entière.
La production des rookies a été aussi inexistante que la cohésion du groupe cette saison. Anthony Bennett, Sergey Karasev et Carrick Felix n’ont pas eu les opportunités voulues et n’ont donc pas pu s’exprimer. C’est attristant, en particulier lorsque l’on sait que ces trois joueurs sont le résultat d’une autre saison de tanking. Ils combinent à peine 6.5 points, 4 rebonds et 1 passe par match cette saison.
Si l’on rajoute à tout ceci les rumeurs intempestives concernant les envies de départs de Kyrie Irving, on obtient facilement la pire période des Cavaliers sur les dernières décennies. Et certainement un feuilleton bien amusant pour le reste de la ligue. Le jeune All Star ne rend pas ses coéquipiers meilleurs et n’arrive pas à tirer son équipe vers le haut. Trois ans après sa draft, l’équipe qui a placé tous ses espoirs en lui se trouve au même point. Son attitude est remise en question, malgré ses nombreuses déclarations sur son « rôle de leader » et le fait qu’il grandisse encore.
On peut comprendre la frustration de ses coéquipiers, étant donné le peu d’effort qu’il donne en défense chaque soir.
Le bilan des Cavaliers sur les trois dernières saison ne change pas. 19 victoires et 63 défaites en 2010-2011, 21 victoires et 45 défaites en 2011-2012, 24 victoires et 58 défaites en 2012-2013 puis 16 victoires et 31 défaites cette saison. Leurs statistiques en défense non plus ne bougent pas. Le defensive rating de 104.5 cette saison peut en témoigner. Ou encore le pourcentage au tir autorisé par match, de 50.9% cette saison par exemple.
Est-ce que les joueurs ont abandonné Mike Brown comme ils ont abandonné Byron Scott ? Possible. Ce qui est certain, c’est qu’il faut faire un choix. Est-on parti pour une autre fin de saison à tanker ? Ou est-ce que les joueurs vont se rendre compte de leur bêtise et tout faire pour se discipliner et accrocher une place en Playoffs ? Faut-il virer tout le monde et tout changer ?
On peut sincèrement se poser toutes ces questions. La dernière histoire à Cleveland, c’est l’explosion du vestiaire des Cavs. Luol Deng a vite fait de démentir l’information du NY Daily News mais n’a pas démenti le fait que les choses n’allaient pas en interne. Cette saison, plusieurs journalistes ont évoqué le fait que Dion Waiters puisse être l’élément perturbateur de l’équipe. Les dernières informations semblent soutenir cette théorie. Il semblerait que l’ancien de Syracuse s’énerve rapidement à la moindre erreur qu’il, ou qu’un coéquipier, commet. Il aurait été viré de l’entraînement dans la semaine mais a nié cette information. De manière… Dion-esque.
Je ne sais pas d’où ça sort. De toute façon, Dion est toujours impliqué dans une histoire
Aujourd’hui, l’effectif est un champ de ruine. Chris Grant paye le fait qu’il ait choisit l’accumulation de talent plutôt que la construction d’un effectif cohérent et complémentaire.
Une chose est sûre, Mike Brown ne partira pas. Il a signé un contrat de $20 millions sur 4 ans cet été et les Cavaliers n’ont pas terminé de payer le salaire de Byron Scott. Chris Grant, en revanche, pourrait voir son poste menacé si les choses ne changent pas au plus vite.
On concluera sur les propos de Greg Anthony, ancien meneur NBA, qui a eu ceci à dire à la télé nationale sur les Cavs durant la lourde défaite 117-86 contre les Knicks :
A partir du moment où une équipe ne se donne pas à fond sur le terrain, c’est qu’il y a un problème en interne. Il doit y avoir un problème dans le vestiaire.