Après une saison 2014-2015 catastrophique marquée par la blessure à l’épaule de Kobe Bryant, une défense absente et un bilan de 20-51, il était difficile d’imaginer les Lakers, renforcés par les arrivées des rookies D’Angelo Russell, Larry Nance Jr., Anthony Brown et des vétérans Brandon Bass, Lou Williams et Roy Hibbert faire pire. Et ils l’ont fait.
Des histoires de vestiaires, une défense toujours disparue, un coach obnubilé par les faiblesses de ses rookies mais fermant volontairement les yeux sur les abus de son Franchise Player et ami de toujours. Et un pick #2 venant récompenser la médiocrité de cette équipe ne cessant de repousser les limites du ridicule.
Il y a bien entendu eu des bonnes surprises, comme les matchs du natif d’Akron (non, pas le chauve au bandeau, l’autre, le rookie bondissant), une victoire face aux inarrêtables Warriors ou encore le point d’orgue de la carrière de Kobe, avec pas moins de 60 points dans la musette de Gordon Hayward et ses coéquipiers. Mais elles ne furent que trop peu nombreuses.
Décidés à tourner la page, les Lakers se sont tout d’abord séparés du Head Coach Byron Scott afin de le remplacer par Luke Walton. Avant de donner un coup de peinture à l’effectif. On revient donc sur les mouvements de l’été côté Purple & Gold, à quelques heures du traditionnel Media Day.
Point Guard
Même s’il était difficile d’imaginer le contraire, D’Angelo Russell, le meneur prometteur de 20 ans qui rentrera dans son année sophomore sera encore un Laker. Décision tout à fait logique tant le potentiel du garçon intrigue. Pourtant, le Buckeye a eu du mal à se libérer et montrer régulièrement son talent. Freiné par le Kobe Farewell Tour, exercice dans lequel s’empêtraient les Lakers au grand dam de D’Angelo, conspué par son coach, un temps boudé par ses coéquipiers suite à la divulgation des libertés que s’octroyait Nick Young dans son couple, D’Angelo n’a su se montrer que ponctuellement, avec notamment des cartons face à Brooklyn, la Nouvelle Orléans ou Orlando.
De l’autre côté du parquet, il a souffert face aux meneurs adverses, bien différents de ses adversaires directs de NCAA, plus rapides et costauds que lui. Pire, ses capacités de créateur ne se sont pas ressentis. Certains fans de balle orange furent certainement déçus de ne pas voir le prometteur meneur poser des statistiques similaires à Magic Johnson. Que ces derniers se rassurent, D’Angelo est promis à un bel avenir et si certains rookies ne se relèvent que difficilement d’une saison ratée, les nerfs du #1 sont bien solides. Tellement solide qu’il est candidat naturel au poste de leader délaissé par Kobe mais on y reviendra plus tard. Physiquement pas prêt l’an dernier, D-Lo s’est renforcé, est revenu avec des appuis plus sûrs, une gestion des contacts plus sereine. En Summer League ou lors du stage de préparation de Team USA en vue des Jeux Olympiques, D’Angelo Russell a rassuré son monde et attend patiemment son heure.
Pour encadrer la fougue du meneur, le Front Office a prolongé Marcelo Huertas. Le meneur brésilien a eu des débuts compliqués à l’instar de son cadet, mais a su grapiller des minutes. Défenseur moyen et shooteur irrégulier (du moins cette saison), l’ancien Blaugrana a néanmoins impressionné par sa vision de jeu et son utilisation délicieuse du Pick’n’Roll. Si Huertas ne parvenait pas à satisfaire le Front Office, ce dernier pourra s’en séparer sans plomber ses finances.
En manque de défense et de shoot extérieur, les Lakers ont pu récupérer José Calderon dans un salary dump trade que ne renierait pas Sam Hinkie (obtenant au passage 2 2nd TDD). Si le premier critère reste une énigme pour l’espagnol, le second l’est beaucoup moins. Avec 41.2 % de réussite à longue distance en carrière, le meneur de la Roja constituera un concurrent sérieux à son coéquipier brésilien et apportera ainsi scoring et création dans une seconde Unit ne tournant que trop souvent autour de Lou Williams.
Ces 3 joueurs seront rejoints lors du Training Camp par Julian Jacobs, rookie non drafté et ancien meneur des Trojans de l’université voisine d’USC. Affichant 11.6 pts, 5.4 ast et 4.9 reb l’an dernier, il ne devrait toutefois intégrer le roster final.
Shooting Guard
On ne change pas une équipe qui gagne. Ni une équipe qui perd.
Lou Williams et Nick Young sous contrats, la seule question concernait le montant du contrat de Jordan Clarkson, agent libre restreint. L’arrière obtiendra finalement 50M de $, répartis sur 4 années. Un moindre mal quand on sait qu’il pouvait toucher 57.8M sur 4 ans selon la Gilbert Arenas Provision (5.6/5.9/ 22.7/ 23.6) suite à une saison venant confirmer les espoirs entrevus chez le jeune joueur.
Attaquant complet, capable dorénavant d’artiller de loin comme de finir près du cercle, sans parler de son shoot mi-distance solide, les attentes concernant Clarkson ne se portent pas sur ce côté du parquet. Régulièrement dépassé en terme de physique, de vitesse et d’intelligence, Clarkson devra rapidement progresser en défense s’il veut valider son rôle d’arrière titulaire au sein de la ligue. Walton semble optimiste, évoquant une progression déjà visible à l’entrainement. En espérant que la transition se fasse sur le terrain.
Derrière lui on retrouvera Lou Williams. Arrière de petite taille, lui aussi bien plus inspiré offensivement qu’en défense, Lou Williams a fait sa saison comme il joue sur un terrain. Seul, de son côté, sans s’occuper de ses camarades. Le rôle de mentor ne semble pas l’inspirer, de coéquipier non plus. 3 pts, 3pts contesté, 3 pts en déséquilibre, faute obtenue à 3 pts, tir contesté. Lou Williams pourrait rapidement devenir un soucis pour le développement des jeunes si sa mentalité reste intacte.
Ah, Nick Young. Swaggy P. Libéré de ses obligations conjugales par sa compagne Iggy Azalea, l’ancien Trojan devra aussi redoubler d’efforts lors du Training Camp et se tenir à carreau s’il ne souhaite pas voir Mitch Kupchak appliquer la même sanction. Capable de prendre feu en attaque, pour le plus grand plaisir des fans, son profil fait néanmoins doublon avec Lou Williams et il est peut-être déjà trop tard pour lui.
Small Forward
Avec des lacunes au poste d’ailier et de pivot, les recruteurs des Lakers se sont tournés vers Brandon Ingram et Ivica Zubac. Selectionné en #2, l’ailier de Duke a su montrer au cours de l’année universitaire ses facilités offensives avec notamment un shoot soyeux et son potentiel défensif, avec ses 2.20m d’envergure. Encore trop juste physiquement (2,06. 86 kilos) et jugé un peu vert pour apporter directement, Brandon Ingram devra subir la pression et les attentes des fans (poke D’Lo) mais pourra compter sur la bienveillance du staff et de Luke Walton.
Pour l’accompagner, les Lakers ont recruté Luol Deng pour un montant de 72M/4 ans. Joueur intelligent, le Soudanais aura un rôle de mentor auprès des jeunes extérieurs californiens. Sur le parquet, sa bonne défense, sa polyvalence et son expérience seront aussi appréciés, en espérant que Deng continue sur la lancée de sa saison post-ASG.
Derrière eux, Anthony Brown devra s’affirmer. Rarement utilisé l’an dernier, l’ancien de Stanford a à chaque fois mis en valeur ses capacités défensives, que ce soit en Saison Régulière, en présaison ou en Summer League.
Malheureusement, Anthony Brown est toujours en difficulté avec son shoot à 3 pts, réputé solide en NCAA. Espérons pour lui (et aussi parce qu’on adore ce joueur) qu’il le retrouve pour lancer définitivement sa carrière NBA.
Enfin, Metta World Peace complètera le poste et essayera d’obtenir un contrat garanti. En difficulté offensivement, feu-Ron Artest avait au moins le mérite de bouger ses coéqupiers et ses adversaires sur le parquet. Defense.
Power Forward
L’an dernier constituait la première saison en NBA de deux des 3 ailier-forts du roster. Blessé lors de sa saison post-draft, Julius Randle faisait ses grands débuts sur les parquets NBA. Sans totalement convaincre. Arrivé avec une étiquette d’attaquant ultra solide, Julius a fait preuve d’irrégularité, alternant les bonnes séquences et les erreurs tactiques et techniques. Alors qu’on louait sa vision, Randle a passé (ou presque) son année à s’empaler sur la défense. Sans pour autant rattraper cela de l’autre côté du parquet. Un peu d’espoir tout de même puisque malgré ces carences énormes, Randle était le meilleur rebondeur du roster, finissant l’année avec un double-double de moyenne. D’après Luke Walton, l’ancien Wildcat a sérieusement bossé son mi-distance durant l’été, chose indispensable pour son épanouissement. L’an dernier, ses éclats offensifs correspondaient ainsi à des jours avec au shoot, obligeant son défenseur direct à se rapprocher (et donc augmenter les chances de se faire déborder).
Derrière lui, Larry Nance Jr a su se montrer et rapidement gratter des minutes. Débarqué à Los Angeles dans l’anonymat ou presque, Nance Jr. s’est imposé comme un homme à tout faire. Ailier Fort athlétique, capable de courir en transition ou de jouer le pick’n’roll, Nance a multiplié les envols sur alley oop et autres dunks sur la truffe de ses adversaires. Loin d’être unidimensionnel offensivement, il a su, lui, convertir les tirs ouverts créés par ses arrières. Défensivement encore, il s’est montré solide que ce soit sur l’homme ou en aide. C’est donc logiquement que les deux furent reconduits dans leurs rôles de numéros #1 et #2 sur le poste. Derrière eux, plusieurs joueurs tenteront de gagner une place. Zach Auguste, au profil quasi similaire (mais moins bon) que Nance Jr. Est l’un d’eux, au même titre que Travis Wear, l’ancien ailier-fort des Knicks. On retrouvera aussi l’ancien joueur des Nets, Thomas Robinson .
Ils seront notamment en concurrence avec Yi Jianlian, très en vue lors des derniers Jeux Olympiques. Géant capable de shooter de loin, Yi amènerait de la polyvalence offensive et du spacing à un secteur intérieur qui en manque.
Center
Le pari tenté par les Lakers l’an dernier, espérant relancer un Roy Hibbert en perdition dans l’Indiana, n’a pas fonctionné. Le recrutement de la franchise était donc particulièrement attendu sur ce poste là.
Et alors qu’on évoquait au cours des semaines et mois précédant la Free Agency les noms de Festus Ezeli, Joachim Noah, Al Horford ou Bismack Biyombo ( Notre mouvement #Bismack2LA fut vain), c’est finalement le pivot russe Timofey Mozgov qui s’est engagé pour 65M sur 4 ans.
Si l’on peut regretter le montant extrêmement élevé ou encore la durée trop longue d’un contrat pour un pivot de 30 ans qui a manqué un nombre conséquent de matchs l’an dernier, le Front Office espère que le géant amènera expérience et stabilité défensive dans une raquette bien verte. Capable de s’écarter de la peinture, l’intérieur pourrait toutefois souffrir sur la défense du Pick’n’Roll à cause de sa mobilité.
Timofey Mozgov constitue un énorme pari de la part de l’équipe de Mitch Kupchak, bloquant une manne salariale conséquente pour un pivot qui devra non seulement retrouver son niveau après une saison catastrophique mais aussi s’adapter à un roster et une philosophie de jeu misant sur un rythme de jeu élevé.
Derrière lui et à l’instar de la mène, les Lakers ont resigné Tarik Black. Sous-utilisé par Byron Scott, l’énergie, la mobilité et ses facilités aux rebonds pourraient permettre à l’ancien JayHawk de se tailler un temps de jeu honnête. Néanmoins limité par sa taille, c’est une année à double tranchant pour lui, sa 2ème année de contrat étant non garantie.
D’autant plus qu’il devra résister à la pression imposée par le rookie croate Ivica Zubac. Drafté en 32ème position par sa franchise de coeur, Zublocka a satisfait son monde lors de la Summer League, dépassant même les attentes du Front Office. Si ce dernier souhaite y aller en douceur avec lui, Zubac pourrait néanmoins créer la surprise, de par ses fondamentaux, son physique et sa soif de progresser (notamment en défense). Attention, potentiel chouchou du public.