5 mois après sa finale du Masters 1000 de Paris-Bercy, Jerzy Janowicz occupe la 24ème place mondiale au classement ATP. Son meilleur classement en carrière. Sans éclats, le polonais poursuit tranquillement sa progression au plan comptable comme sur le plan du jeu.
Que l’on ne se méprenne pas sur la valeur intrinsèque du joueur ou sur celle de son classement ATP. Sans son exploit parisien, le polonais émargerait une trentaine de positions plus bas et ne bénéficierait pas des tableaux plus ou moins protégés que lui offre sa 24ème place mondiale. Toutefois, et c’est tout à son honneur, il semble avoir digéré son exploit à défaut de l’avoir reproduit depuis.
Depuis le début de la saison 2013, le polonais a connu la défaite à 6 reprises. 3 fois face à des joueurs mieux classés que lui face à Nicolas Almagro lors de l’Open d’Australie en 32èmes de finale, face à Tomas Berdych en quarts à Marseille, et à Richard Gasquet lors du troisième tour du Masters 1000 d’Indian Wells. 3 fois face à des joueurs théoriquement à sa portée : Brian Baker (Auckland), Victor Hanescu (Rotterdam) et Thomaz Bellucci à (Miami) à chaque fois lors des premiers tours des tournois.
Si ces revers sont clairement des déceptions, il ne faut pas oublier d’où vient le joueur de 22 ans. Il émargeait à la 221ème place mondiale en début de saison 2012. L’an passé, il n’avait intégré le tableau principal que de 3 tournois ATP avant de se présenter aux qualifications de Paris-Bercy. Il s’était toutefois illustré à Wimbledon où issu des qualifications il avait successivement éliminé Bolelli et Gulbis avant d’échouer face à Mayer au bout du cinquième set.
Le polonais est inexpérimenté sur le tableau principal et reste sujet à des phases d’adaptation létales au plus haut niveau. Par ailleurs, son jeu demeure excessivement dépendant de l’efficacité de sa première balle d’où il puise sa confiance pour distribuer en coup droit du fond du court. Lorsque sa première est défaillante, il est contraint de prendre davantage de risques ce qui lui vaut de trop nombreuses fautes directes et une perte de confiance subséquente. Son jeu tout en prise de risque présente ses défauts.
Mais quand sa première balle fonctionne, il devient un joueur redoutable. Avec 122 aces et 76% des points gagnés derrière sa première, en 11 rencontres, Janowicz est de la famille des gros serveurs qui peuvent frustrer leurs adversaires. Particulièrement lorsqu’il évolue dans des conditions de jeu proches de celle de Bercy. Sur dur en Indoor, il a excellé cette saison à Marseille où il n’a subi la loi que de Tomaz Berdych. Mis en confiance par ses deux premiers matchs solidement maîtrisés face à Lucas Rosol (6-2,6-3) et Julien Benneteau (7-6 (0) 6-3), il a contraint Berdych à disputer un troisième set décisif.
Ses 5 victoires acquises en tournois, lui ont permis d’engranger quelques points précieux pour le classement ATP. S’il a commencé la saison avec 1299 points, il en a rajouté 105. Il profite d’avoir débuté son année 2012 sur les tournois futurs pour poursuivre sa progression comptable.
Par ailleurs, il a assumé son statut de leader de la sélection polonaise en Coupe Davis. Sa Fédération lui ayant offert les meilleures conditions pour qu’il puisse exprimer son jeu (Indoor sur une surface dure Decoturf), il a remporté les 4 simples qu’il a eu à disputer. D’abord face à la Slovénie puis face à l’Afrique du Sud. Ses prestations ont permis à la Pologne de se qualifier pour les barrages du Groupe Mondial qui se disputeront en septembre. Face à l’Australie de Bernard Tomic, Jerzy Janowicz aura l’occasion de qualifier la Pologne pour le Groupe Mondial en 2014. Ce qui serait une première historique pour le tennis polonais.
D’ici là un autre type de défi attend Janowicz, celui d’une terre battue sur laquelle il n’a remporté qu’une seule rencontre sur le circuit principal en carrière[1]. 24ème mondial, le polonais va découvrir les tableaux principaux des tournois sur la surface ocre et la foison de points ATP dont ils regorgent. S’il n’a jamais brillé sur la terre, nous gageons qu’il saura se montrer efficace. Il détient toutes les armes pour devenir un joueur efficace sur la terre. Malgré sa grande taille, sa vitesse de déplacement latérale est loin d’être rédhibitoire, et son incroyable allonge en coup droit en fait un prototype de Robin Soderling ou de Juan Martin Del Porto. S’il travaille son physique, sa capacité à fixer son adversaire en un coup et à le contraindre à balayer le fond de court, en fera un coriace adversaire y compris sur la surface ocre. Ses amorties qu’il avait mobilisé à l’envi à Bercy sauront également déstabiliser ses adversaires.
Aux vues de son classement et des points à défendre, la moindre performance sur la surface ocre pourrait lui ouvrir les portes du top 20. Avant d’entamer une nouvelle phase de sa carrière. Celle où il a un bilan à défendre.
[1] Mais où il a gagné de nombreux challengers et atteint la finale du tournoi de Rolland Garros junior en 2008