Alors que son jeune poulain âgé de 17 ans venait de tenir tête à Rafael Nadal, un après midi de février 2009, l’ancien coach de Roger Federer, Peter Lundgren, s’enthousiasma : « J’ai travaillé avec Federer quand il avait 18 ans et Grigor est meilleur que lui au même âge. Il a le potentiel pour devenir une star du tennis ». Et si Peter Lundgren s’était emballé à la manière d’une presse française autour du cas Richard Gasquet.
Incontestablement, le jeune bulgare possède un talent naturel qui devait lui permettre de tutoyer les sommets du tennis mondial. Les observateurs le découvrent, en 2008, année où il remporte consécutivement les tournois juniors de Wimbledon et de l’US Open. L’espoir bulgare étonne alors par sa maturité dans le jeu. Loin des stéréotypes des jeunes cogneurs, Grigor Dimitrov use ses adversaires par une vision du jeu au dessus de la moyenne, et une palette technique à faire pâlir de nombreux top 20 de l’époque.
Sa gestuelle rappelle irrésistiblement un certain Roger Federer. Le bulgare poussant le mimétisme à jouer son revers à une main. Un chef d’œuvre du genre.
La carrière de Dimitrov semble lancée quand, pour son second match sur le circuit ATP, il dispose d’un certain Tomas Berdych lors du premier tour du Masters 500 de Rotterdam en 2009. Au tour suivant, il prend un set à Rafael Nadal. Puis…plus grand chose. Il clôt l’année 2009 avec un bilan de 4 victoires pour 6 défaites sur le circuit principal, sans avoir briller dans les tournois Challenger auxquels il a participé. L’année suivante n’est pas plus reluisante sur le circuit principal où le jeune bulgare ne dispute que 5 rencontres pour un bilan toutefois positif de 3 victoires pour deux défaites.
En revanche, il fait ses armes sur les tournois challenger, en remportant trois tournois au cours de l’été. Fort de ces succès sur les tournois Challenger, il effectue une saison complète sur le circuit principal en 2011, participant notamment aux quatre tournois du Grand Chelem. Grigor Dimitrov s’apprête alors à entrer dans sa vingtième année, et il est attendu qu’il confirme au plus haut niveau.
Entrecoupée de quelques performances de haut vol, sa saison est toutefois largement décevante. Il affiche un bilan nettement négatif avec 18 victoires pour 25 défaites. Sans compter sa victoire lors du tournoi Challenger de Cherbourg, le bulgare obtient comme meilleur résultat des quarts de finale lors des tournois de Munich, Eastbourne, Bangkok et de Stockholm.
A l’instar d’un Roger Federer, le gazon est la surface où il est le plus à l’aise. Son toucher de balle et son sens tactique font du jeune bulgare une menace permanente sur la surface gazonée. Il passe tout près de créer la sensation en éliminant Jo-Wilfried Tsonga lors du second tour du tournoi de Wimbledon. Il échoue finalement 6-7 (4)/6-4, 6-4, 7-6(8), face au futur demi-finaliste de l’épreuve. Il renouvelle l’expérience d’une élimination au second tour du All England cette saison, en abandonnant face à Marcos Baghdatis. Un crève cœur pour les supporters du natif de Haskovo tant il avait semblé avoir franchi un cap lors d’un tournoi d’Eastbourne où il atteint les demies finales après avoir éliminé successivement Gilles Muller, Nicolas Mahut, et Kevin Anderson.
Après deux saisons complètes sur le circuit principal, il n’a toujours glané aucun titre. Il n’a pas disputé la moindre finale d’un tournoi sur le circuit ATP. Pire il n’a jamais passé un second tour en Grand Chelem. Parce qu’on ne peut pas se résoudre à voir le tennis mondial dominé par la clique des revers à deux mains, on croit encore à l’avenir du jeune bulgare qui s’il prend son temps progresse inexorablement au classement mondial. Cette fin de saison sera déterminante, pour la première fois de sa carrière il a de nombreux points à défendre.
Même s’il n’a plus remporté le moindre match depuis son élimination au second tour du tournoi olympique face à Gilles Simon, la tournée asiatique et les tournois Indoor devraient permettre au Bulgare de se relancer. Il est temps car, Grigor Dimitrov n’est désormais plus un jeune premier. Les excuses sur son jeune âge ne peuvent plus être avancées. A son âge, Rafael Nadal s’était forgé un palmarès conséquent (3 titres du Grand Chelem et 9 titres en Masters 1000), Novak Djokovic avait remporté un titre à l’Open d’Australie et une Masters Cup en plus de 4 titres en Masters 1000, Andy Murray avait remporté 2 Masters 1000.
A 21 ans, Roger Federer n’avait encore rien gagné, si ce n’est le Masters Séries de Hambourg en 2002. L’année suivante, il remportait son premier tournoi du Grand Chelem et celle d’après il régnait en maître sur le tennis mondial.
A 21 ans, Richard Gasquet se qualifiait pour les demies finales de Wimbledon. On gage que Grigor Dimitrov s’en contenterait…pour l’instant ?