On le savait extravaguant, mais pas suicidaire à ce point. En envoyant Iker Casillas sur le banc de touche à l’occasion du déplacement de la Maison Blanche en Andalousie pour y affronter Malaga, Mourinho n’a peut-être pas fait le bon changement. Car s’attaquer à un symbole, au capitaine du club et de l’équipe d’Espagne, et titulaire au Real (hors blessures et suspensions) depuis plus de 10 ans, c’est s’attaquer à l’identité du plus prestigieux des clubs au monde. Les Madridistas sont sous le choc. Cette décision attisera d’autant plus les critiques que les Merengue ont subi la loi de Malaga lors de ce déplacement, laissant leur bourreau du soir revenir à deux unités, et le Barça s’envoler vers le titre de Champion (16 points d’avance). Le technicien portugais aurait beau avoir déclaré que la mise en touche d’Iker est un choix technique à cause des piètres performances du goal espagnol depuis le début de saison, cette justification ne satisfait ni ne trompe personne : un gouffre sans fond s’est créé entre Mourinho et San Iker, comme le signalait déjà El Mundo Deportivo il y a quelque temps. Plus qu’une provocation ratée envers son vis-à-vis, ce choix devrait étendre le fossé entre Mou et ses joueurs, glaçant certainement une ambiance déjà bien étrillée. Car Casillas n’est pas seulement le meilleur gardien du XXIème siècle, il est également le leader du vestiaire merengue.
Cette décision a dès lors créé de gigantesques débats dans la presse espagnole. Mourinho privilégierait-il son égo à la réussite de son club, en reléguant l’homme avec qui il est en froid en dehors du terrain ? Oui, certainement. D’autant plus que le Portugais aura déclaré, plein de sang froid « Adan est meilleur que Casillas » en conférence de presse. Les experts et autres acteurs du monde du ballon rond espagnol ont vite montré le bout de leur nez pour soutenir San Iker, qui n’est pas responsable du misérable début de saison de son équipe. Viennent alors à nos esprits les tensions qui existent depuis quelques semaines entre le Special One et son président Florentino Pérez. Mourinho avait déclaré après le nul (2-2) face à l’Espanyol Barcelone que désormais, le titre était impossible à défendre, ce à quoi Pérez avait répondu qu’« au Real Madrid, on ne rend jamais les armes. ». Pousser Casillas en dehors du Onze madrilène ne serait-il alors qu’une nouvelle pique adressée à ses dirigeants ? En tout cas, s’il souhaite devenir le mouton noir du club, il s’y prend de la bonne manière, en mettant au placard les traditions qui entourent le grand Real Madrid.
On se dit alors que l’éviction programmée de José Mourinho nuit clairement aux objectifs de la Maison Blanche. Si le technicien se sait déjà largué en fin d’exercice, il n’a même plus l’obligation de soigner son image. Il a certainement voulu montrer que tant qu’il est au club, il est l’unique patron. Serait-ce tout de même le coup de trop ? Il a déjà mis le feu aux poudres en rabaissant le centre de formation du Real Madrid, et il continue sa descente dans l’estime du peuple madrilène en s’attaquant à une autre institution du club. D’ailleurs, 80% des lecteurs du Marca souhaitent le limogeage immédiat de Mou d’après un sondage posté sur leur site internet à chaud juste après la défaite, et le seul moyen pour lui d’éviter de vivre la pire saison de sa carrière serait de remporter la Ligue des Champions. Mais pour cela, il faudra déjà faire sauter l’obstacle Red Devils. A moins bien sûr qu’il soit déjà loin de la capitale espagnole d’ici-là …
Article rédigé par Emir.