Détruisons les Kings !

debats sports image par defaut
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Drapé dans la nostalgie des joutes de playoffs d’antan, avec en point d’orgue le souvenir de l’acte manqué de 2001, pour raisons arbitrales (pratique répétée du 5 contre 8), le fan des Sacramento Kings est un homme (ou une femme) en souffrance depuis de nombreuses années.



La décision, qui devrait être définitive en avril, du déménagement des Kings, lui mettra sans doute un coup d’arrêt alors que sa santé est minée depuis longtemps par les tergiversations des frères Maloof, spécialistes s’il en est du double discours, que nous qualifierons sobrement de « synthèses », en hommage au regretté Monsieur Audiard.

Mais ladite décision ne sera que l’épilogue de la Passion qu’aura eu à subir le spectateur attentif des Kings.

Le martyr du fan de Sacramento, qui ira sûrement supporter dans la cité des anges l’équipe rivale des Lakers, c’est de bonne guerre, ne doit cependant pas éclipser la résurrection du fan des Supersonics de Seattle.

Une nouvelle heureuse n’arrivant jamais seule, l’épidémie qui sévit en Californie ne devrait pas s’étendre à l’Etat de Washington.

Les Sonics, nouveau Thunder ?

Les premiers bruits de  couloir vont en tout cas dans ce sens encourageant. Des noms tels que Phil Jackson et RC Buford commencent ainsi à circuler.

Le premier n’est autre que l’entraineur mythique aux 11 bagues glanées en canalisant les Jordan, Bryant, Pippen et autres Shaq. Cependant, ne nous mentons pas, une forte probabilité demeure à ce stade que ce nom soit mentionné pour faire vendre des journaux…

Quand bien même la signature du Zen Master devienne effective, sa compétence dans la fonction de GM resterait tout de même à prouver, malgré son indéniable expérience, dans un rôle qui diffère de celui d’entraineur.

Nom moins médiatique, le second serait sans doute plus intéressant encore puisqu’il s’agit du General Manager des San Antonio Spurs depuis 2002, un poste prestigieux qu’il faudra le convaincre de quitter.

Engager un transfuge des Spurs ? Une idée pas si saugrenue lorsque l’on voit le travail de rebuilding amorcé par Rich Cho aux Bobcats et celui accompli par Sam Presti au Thunder.

En réalité, le rapprochement avec le finaliste 2012 peut se prolonger.

A l’été 2007, le départ de l’équipe vers d’autres cieux est déjà dans tous les esprits, bien que la décision ne soit entériné que vers la fin de la saison à venir.

C’est le moment que choisit la franchise pour frapper un grand coup.

Début juin, elle signe comme nouveau General Manager un stratège étonnamment jeune, le nouveau plus haut responsable sportif de l’organisation n’a en effet que 31 ans !

En provenance de San Antonio, on attribue ce dernier, en tant que scout, une certaine insistance auprès de son supérieur à drafter en 2001 un meneur français, qui, vous l’aurez compris, se nomme Tony Parker.

Héritier d’une équipe qui ne fonctionne plus, les Sonics récupèrent ainsi le second choix de la Draft 2007, Presti entame un programme de reconstruction en se séparant de deux visages de la formation que sont Ray Allen et Rashard Lewis.

Son ailier, free agent, ne put lui rapporter plus d’un choix du second tour de Draft et une enveloppe de 9M de dollars.

L’échange de la star de l’équipe procura quant à elle à Sam Presti le 6ème choix, grâce auquel Presti pût récupérer son homme à tout faire Jeff Green, qui sera la contrepartie du transfert qui fera venir Perkins dans l’Oklahoma.

Le résultat est là. Après deux saisons blanches, la jeune formation a progressé chaque saison. Dès la troisième année, le Thunder s’est ainsi payé le luxe, non seulement de se qualifier pour les playoffs avec le plus jeune effectif de NBA dans la très relevée conférence Ouest, mais aussi à remporter deux joutes face aux Lakers de Kobe Bryant, en route vers une cinquième bague.

Aujourd’hui, grâce à un management des plus intelligents, la franchise a participé à ses premiers Finals NBA et s’impose comme un concurrent pour le Graal à l’avenir.

Une situation qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle des Spurs, désormais en fin de course, depuis une décennie…

 

Une déconstruction nécessaire

Du côté des Kings, on serait bien inspiré de s’orienter dans cette direction.

Il est en effet temps de faire le ménage.

L’entraineur Keith Smart doit sans doute plus sa nomination à ses réseaux qu’à son sens tactique, loin d’être napoléonien. Après une année de mise à l’épreuve, le constat est indéniable : le coach n’est pas l’homme de la situation.

Nous le sous-entendions en évoquant les réseaux supposés du dernier cité, le problème est plus profond.

Chacun des choix de la direction sportive s’est quasi-systématiquement avéré être une erreur. Que les cerveaux de la franchise se soient trompés dans les grandes largeurs ou qu’ils aient été induits en erreur par les scouts (de jeunes comme des autres équipes NBA), la faute ne peut être mise qu’au crédit, ou plutôt au débit…, du front-office de Sacramento dans la mesure où le General Manager est en charge de la nomination de ses experts du repérage.

Les mauvais gestionnaires ont évidemment modelé la formation des Kings à leur image.

L’effectif actuel n’est pas compétitif, et il faut revenir une décennie en arrière pour retrouver la trace d’une équipe décente.

Surtout, la formation est complètement dysfonctionnelle dans la mesure où les dirigeants ne se sont, semble-t-il, jamais posé la question du vestiaire.

Or, chacun sait que si compter une forte tête dans son groupe reste tout à fait viable, les accumuler ne peut déboucher que sur la situation présente.

Le cas d’école des Wizards devrait pourtant faire jurisprudence.

Pris individuellement, hors de la dynamique de groupe mortifère, même les deux éléments les moins fournis au niveau du cortex cérébral, j’ai nommé Javale McGee et Andray Blatche, se rachètent une nouvelle virginité dans les univers sains respectifs de Denver et de Brooklyn en travaillant en bonne intelligence dans un bon esprit.

La démolition du présent effectif est donc inévitable, si les Kings veulent nourrir des ambitions dans les dix prochaines années.

Il faut donc considérer le transfert de basketteurs pour repartir sur des bases saines. Parmi eux, les joueurs majeurs (suivez notre regard) doivent être concernés avant tout puisque, par définition et malgré leur réputation, ils sont ceux qui possèdent la plus grosse valeur marchande.

Si l’on en revient à l’exemple gagnant de l’Oklahoma, le processus de rebuilding est passé par la Draft, au contraire de celui des Rockets de 2012 qui ont privilégiés la free agency et le transfert d’Harden par exemple.

La grande chance des Sonics de 2007 est d’avoir obtenu le deuxième choix d’une promotion qui comptait deux véritables stars, et d’entamer ainsi sa reconstruction en tenant dès son début la pièce centrale de l’édifice en Kevin Durant.

Une situation auquel on peut opposer à ce cas idyllique correspond à l’attribution du premier choix de la Draft aux Wizards, encore eux !, qui ont bâti sur une fondation incertaine, la « star » John Wall qui n’a cessé de montrer que sa capacité à créer le jeu, tout de même pas anodine pour un meneur, se rapprochait plus de celle de Rodney Stuckey que de celle de Steve Nash.

A première vue, aucun Kevin Durant ne s’est révélé dans la cuvée qui viendra renforcer les rangs de la NBA en Juin prochain.

Mais les fans de Seattle peuvent se rassurer.

S’ils devront prendre leur mal en patience, tout indique que la cavalerie, qui arrive toujours à temps, interviendra à la Draft 2014.

Depuis déjà plusieurs mois, la hype s’est saisie de deux jeunes lycéens : Andrew Wiggins et Jabari Parker.

Tandis que tout le monde s’accorde à dire que le premier sera une star, le second a été présenté par Sports Illustrated comme le meilleur prospect depuis Lebron James.

Rien que ça…

Que les spécialistes de tout poil s’enflamment est une chose entendue, mais ils se risquent rarement à pousser aussi loin les congratulations sur des lycéens aussi jeunes, se contentant d’habitude de comparaisons éculées avec des sommités du basket-ball, qui donnent plus une indication du jeu du concerné que de son réel impact sur un match.

Un enthousiasme qui atteint des extrémités aussi exceptionnelles laisse augurer de grandes choses de la part des intéressés.

De plus derrière ces deux têtes d’affiches, d’autres prospects semblent très intéressants, mais nous vous parlerons plus longuement prochainement.

Enfin, un autre ovni est déjà apparu sur les radars de tous les scouts du pays, un certain Jahil Okafor.

Le lointain cousin d’Emeka de la classe d’âge inférieur, et qui devrait donc faire partie du cru 2015, possède déjà un arsenal offensif dos au panier extrêmement avancé pour un lycéen qui pourrait en remontrer à beaucoup de pivots NBA.

S’il est trop tôt pour présager du futur des jeunes pousses, tous les indicateurs sont au vert pour que le processus de reconstruction par la Draft soit le moins long possible. Choisir le stratège qui mènera à bien ce processus est le premier acte primordial à une telle entreprise, puisqu’il devra s’entourer des scouts et des entraineurs appropriés au projet.

Mais avant cela, il faudra que le General Manager s’occupe d’acquérir le maximum de choix de Draft possibles par le biais des transferts.

Soit détruire les Kings pour construire les Sonics.