Dans quelle situation sont les Cavaliers ?

debats sports image par defaut
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Les Cavaliers n’y voient toujours pas clair. Récemment, on a pu lire de nombreuses informations disant que Dan Gilbert, le propriétaire de la franchise, tentait de prendre les choses en main concernant le poste vacant de head coach. Les noms se sont multipliés depuis la fin de la saison régulière. Vinny Del Negro, Tyrone Lue, Alvin Gentry, Adrian Griffin, David Blatt, John Calipari, Billy Donovan… Tous sont liés par les médias à la franchise de Cleveland. Cette équipe des Cavaliers pleine de talent mais qui pose tant de questions à la fois.  La réputation de Gilbert repousse-t-elle les différentes personnalités au sein de la ligue ? Cette équipe des Cavaliers est-elle aussi attirante pour les coachs que l’effectif pourrait le laisser croire ?



Pour expliquer une franchise complexe, il faut débuter par le propriétaire. Gilbert, cet homme investi, plein de moyens financiers, n’ayant pas peur de dépenser pour le bien de son équipe. A première vue, il s’agit d’une participation honnête de la part d’un homme d’affaires au sein d’une franchise sportive. Seulement, il faut aussi qu’il ait son mot à dire sur chaque décision des exécutifs de l’organisation. Sa vision des choses qu’il juge bonnes pour sa franchise ainsi que ses objectifs font de lui une personne avec laquelle il semble très difficile de coexister.

Ses relations avec les médias, notamment à cause de The Decision, ne sont pas des meilleures non plus et en font un personnage peu apprécié au sein de la ligue. Sa lettre ouverte aux fans de Cleveland après le départ de LeBron James a provoqué de nombreuses réactions négatives dans le monde de la NBA. Non seulement auprès des fans mais aussi des personnalités influentes de la ligue. Dans cette lettre, il promet, entre autres, que les Cavs vont gagner un titre avant « le King ». Aujourd’hui, LeBron est en position de réaliser un three-peat avec Miami.

Entre le départ de James en 2010 et aujourd’hui, deux coachs se sont fait virer par Gilbert (faut-il rappeler que c’était la seconde fois pour l’un d’entre eux ?) et l’équipe n’a toujours pas retrouvé les Playoffs. Byron Scott et Mike Brown s’y sont essayés mais ont échoué. Les choix de draft se sont multipliés, Kyrie Irving est arrivé. Tristan Thompson, Dion Waiters et Anthony Bennett ont été choisis pour aider le jeune meneur à faire avancer la franchise mais rien n’a fonctionné comme espéré. Cet effectif bancal et peu complémentaire a mis plus de temps que prévu à créer des automatismes et une entente quelconque.

À qui imputer la faute ? Au coach ? Au GM incapable de s’adapter aux besoins de son équipe ? Ou au propriétaire de celle-ci, à la vision trop ambitieuse ? Le fait est qu’aujourd’hui, les Cavs ont avancé péniblement. Lorsqu’une remontée lente mais prudente leur était conseillée, le propriétaire ne voulait qu’une remontée fulgurante au sommet.

Pour une équipe qui a perdu son meilleur joueur, et sûrement le meilleur joueur de son époque, la remontée allait toujours être pénible. LeBron James a porté Cleveland dès son arrivée en NBA, a guidé la ville jusqu’au finales NBA en 2007, et ce avec un effectif des plus misérables. Cela dit, les pièces dont ont disposé les Cavs à la suite de son départ ne laissaient envisager que de belles promesses pour les années à venir. Malheureusement pour eux, il n’est jamais aussi simple pour une équipe de reconstruire. Des choix de draft dans le top 5 ne suffisent pas à retrouver les Playoffs, et les Cavs en sont l’exemple parfait. L’ensemble de l’organisation doit être en accord sur la voie à emprunter, et cela n’a pas été le cas à Cleveland.

Cela nous amène aux décisions de Dan Gilbert.

Aujourd’hui, on apprend selon Yahoo! Sports que les Cavs auraient approché John Calipari il y a plusieurs semaines pour lui proposer le poste de head coach de l’équipe. Rien de mal à être ambitieux et aller poursuivre un coach NCAA de renom. Seulement voilà, les détails de cette offre font réfléchir.

Originellement fixé à sept années, la durée du contrat proposé par les Cavs au coach de Kentucky aurait été de 10 ans, pour un montant de $80 millions, selon ESPN. Un montant considérable pour un membre d’une organisation qui n’est pas un joueur. Notons que les coachs les mieux payés pour la saison à venir sont Doc Rivers ($7m), Stan Van Gundy ($7m) et Gregg Popovich ($6m).

Cette information a fait exploser les fans de Cleveland, jugeant cette décision irréfléchie. En outre d’un contrat dont le montant semble excessif, le problème réside dans le fait que Gilbert n’ait apparemment pas contacté David Griffin avant d’engager ces négociations. De plus, le rôle qui aurait été offert à Calipari lui aurait permis de contredire toute décision prise par l’actuel GM des Cavs, si bon lui semblait.

La publication de cette info a également prouvé une chose : c’est le propriétaire qui contrôle les décisions sportives, et non le general manager. La confiance de Dan Gilbert envers ses associés n’est pas totale et il est difficile pour Griffin de travailler en sachant qu’il peut être contré à tout moment par un membre de son propre camp.

Sa volonté de gagner est honorable, mais tenter d’accélérer  le processus a été une grosse erreur qui a coûté aux Cavaliers. La stabilité est une chose essentielle pour une franchise. On ne peut lui reprocher d’être investi, mais aucune sorte de stabilité n’a été installée dans cette franchise depuis 2010. Kyrie Irving va connaître son troisième coach pour sa quatrième saison dans la ligue. L’expérience Andrew Bynum, le retour de Mike Brown, le départ de Chris Grant… Tout ces facteurs ont fait de Cleveland un environnement étouffant dans lequel il n’est visiblement pas agréable d’évoluer.

NBA: Cleveland Cavaliers at Golden State Warriors

Pour autant, il reste de l’espoir pour la franchise. Pas seulement en la personne de Kyrie Irving, double All Star à l’âge de 22 ans, mais aussi en comptant les talents de Dion Waiters, Anthony Bennett, Tristan ThompsonTyler Zeller et notamment ce premier choix inespéré à la draft. Ce premier choix pourrait s’avérer être un pivot à impact défensif majeur, apportant une présence offensive dans la raquette, ou bien un ailier complet et hyper athlétique au potentiel énorme. Disposer de tels talents autour desquels il est possible de construire est rare. L’erreur à ne pas faire serait de se précipiter et de forcer un changement au sein de l’équipe.

Notons également que la situation financière des Cavaliers leur permet une certaine flexibilité et facilite les possibilités d’échange. La rumeur (peu probable) concernant Kevin Love en est un exemple.

Si les Cavs le souhaitaient, ils pourraient aligner une offre très intéressante du point de vue de Minnesota. Ce n’est certes pas intéressant pour Cleveland en considérant l’état actuel de leur effectif mais le simple fait que la franchise soit capable de faire un échange pour un joueur du calibre de Love témoigne de leur flexibilité. Conserver le premier choix et drafter un joueur qui pourrait s’avérer être une future star, afin de construire autour de Irving reste le choix le plus logique. La valeur d’un contrat rookie en plus du talent au sein de cette draft ne suppose aucun doute sur cette décision

Bien entendu, pour encadrer ce beau monde, et cela a été le thème récurrent de la saison passée, il faut des vétérans. C’est là que les prolongations de contrat de Luol Deng, C.J. Miles, Anderson Varejao ou même encore Spencer Hawes entrent en jeu. Des joueurs d’expérience mêlés aux jeunes représentant l’avenir de la franchise, c’est ce modèle qu’a suivi Washington cette saison. Cette stratégie leur a plutôt bien réussi, puisqu’ils ont passé le premier tour des Playoffs, une première pour eux depuis la saison 2004-05, avant de chuter face à Indiana.

Dans une conférence Est qui a été historiquement nulle la saison dernière, on peut voir la marge de progression des Cavaliers comme importante. Il faudra cependant nommer un coach en accord avec la vision des membres du front office. Griffin a déclaré publiquement souhaiter un jeu rapide et porté vers l’attaque, ce qui coïncide avec les qualités de l’effectif. Ses relations avec Alvin Gentry et la présence d’Igor Kokoskov (qui a côtoyé Gentry aux Suns) pourraient faciliter les entretiens que l’actuel assistant des Clippers passe avec la franchise de l’Ohio. On sait également que Mark Price fait parti des figurants pour le poste de head coach. L’ancien meneur des Cavs est actuellement assistant et a grandement participé à l’éclosion de Kemba Walker cette saison. Rien que l’idée de le voir travailler avec Kyrie ferait rêver n’importe quel fan de cette équipe…

Au final, l’image de la franchise auprès de la ligue semble être liée à Dan Gilbert et décourage de plus en plus de membres à venir s’associer aux Cavaliers. Seulement Cleveland a du talent à revendre. L’avenir leur tend les bras et il ne faut plus qu’un homme pour les diriger et les guider. La patience est le chemin à prendre. La saison prochaine marquera un tournant dans l’histoire de cette franchise. Garder le noyau dur intact et l’entourer de joueurs capables et expérimentés devrait être la priorité, après avoir embauché l’entraîneur correspondant aux attentes du General Manager, David Griffin. Les attentes d’un homme qui peut apporter son expertise, et non d’un businessman.