Les Cavaliers sont témoins. Ils sont témoins de la force de LeBron James, qui continue de poursuivre la victoire en les poussant encore plus loin, eux qui ne sont plus qu’un prétendant au titre émietté. Ils assistent à l’oeuvre du joueur le plus complet de sa génération.
Ils entendent James partout. Dans le bus, dans les vestiaires, sur le terrain… Son message est clair : « donnez moi une chance ».
Pour faire gros, les Cavaliers voient LeBron James détruire les Warriors; la meilleure équipe, le meilleur potentiel de la meilleure conférence de la ligue, formée par les vestiges des choix haut placés des récentes drafts. Au final, ces Cavaliers connaissent leur objectif principal : leur coller au score et laisser James réaliser son oeuvre. Leur coller au score et laisser James réaliser l’improbable en offrant un titre à Clevleland.
Ils sont sans Kevin Love et Kyrie Irving, deux All-Stars valant un contrat maximum, mais ils continuent de se battre. Les Cavaliers ont entouré James avec ce que l’on peut qualifier de ferraille. James s’en est servi et en a forgé quelque chose de dangereux.
« Nous avons un vestiaire rempli de vrais hommes », déclare le GM de la franchise David Griffin.
« Lorsque vous avez LeBron James, vous avez une p**ain de chance », ajoute l’assistant coach Jim Boylan.
James a compilé 39 points, 16 rebonds et 11 passes décisives dimanche soir dans la victoire contre les Warriors. Cette fois-ci, James a aligné une performance qui lui avait échappé lors de la première prolongation de cette série, pendant le Game 1. Une fois de plus, James a manqué la chance de donner la victoire aux siens dans les dernières secondes du temps réglementaire. Seulement cette fois-ci, il a refusé de se contenter d’un tir extérieur et a pénétré la défense de Golden State, avant de manquer son double pas. Il a raté son tir, mais James n’allait pas lâcher prise. Ses Cavaliers n’allaient pas le laisser tomber non plus.
Ensemble, ils foncent sur les Warriors. Ensemble, ils tentent de monter l’un des plus grands renversements de l’histoire de la ligue. Ensemble, ils n’ont cessé d’agresser Golden State.
A la fin du deuxième match de cette finale NBA dont les Cavaliers sont sortis victorieux 95 à 93, LeBron James a jeté le ballon au sol, sur le terrain de Stephen Curry. Après réflexion, il pourrait s’agir de la victoire la plus impressionnante de sa carrière. Après réflexion, cette performance n’a fait qu’accroître sa légende.
Au moins 35 points, 15 rebonds et 10 passes décisives, sur ces 30 dernières campagnes de Playoffs, cela n’avait été accompli que par James Worthy (1988), Charles Barkley (1993) et… LeBron James il y a quelques semaines de cela (contre Atlanta). James l’a de nouveau fait hier contre Golden State, avec la victoire au bout.
Curry s’est véritablement effondré. Le MVP de la ligue a raté 18 de ses 23 tirs, dont 13 à trois points. Encore plus troublant, il a laissé Matthew Dellavedova, un meneur non drafté sorti de St Mary’s College l’embarrasser. Plus de Kyrie Irving, le premier choix de la draft 2011 sorti de Duke et MVP du All-Star Game. Faites place à la boule de bowling australienne, catapultée vers les Warriors et Stephen Curry, la sensation de cette saison 2014-15. Dellavedova entre sur la scène des finales NBA alors qu’il n’avait à priori pas sa place ici.
« Le sort du match avait tout à voir avec Delly », débute James. « Je ne repars plus jamais sans lui », blague-t-il ensuite.
C’est de cette manière que James donne confiance à Dellavedova. C’est sa façon de lui faire croire en l’improbabilité de jouer plus de 40 minutes dans un match d’une telle importance. Les Cavaliers ont transformé le Game 2 en véritable mêlée, rendant le terrain des Warriors extrêmement étroit pour eux. Ils défendent cette équipe de Golden State aussi tenacieusement et aussi tactiquement correct que n’importe qui cette saison.
« Le voilà », déclara David Griffin de manière assez forte pour que l’homme qu’il pointait du doigt, Tyronn Lue, puisse l’entendre. Lue avait ses bagages sur le dos et un sourire au visage.
« Les progrès que nous avons fait cette saison sont remarquables », commence Griffin. « Notre marge d’erreur est très fine, mais nous avons énormément progressé en défense, parce que l’on fait plus attention aux détails. Notre groupe, celui qui est actuellement diminué, s’identifie à cela. Ils comprennent qu’ils vont laisser leur empreinte sur le match en défense. »
C’était un cauchemar pour Curry, qui s’est perdu dans les abysses de son shoot. Son incapacité à rentrer ses tirs, sa précipitation et ses mauvaises décisions sont la raison pour laquelle les Warriors perdent. Autour des Warriors, certains semblent mal à l’aise avec le fait qu’il ait joué aussi mal lors des deux premiers matchs et comment les Cavaliers ont réussi à la museler.
Alors que Curry lutte, James, lui, joue à sa façon contre Golden State. Ils voulaient en faire en scoreur lors du premier match et ils y sont parvenus. Cette tactique leur a coûté cher hier soir. Maintes et maintes fois, James a trouvé ses coéquipiers pour des tirs ouverts, assassinant les Warriors un peu plus à chaque fois. James a tout fait de manière méthodique.
Après 50 minutes passées sur le terrain, James a combattu la fatigue avec férocité. Son corps ainsi que son esprit ont été mis à l’épreuve comme jamais auparavant avec cette équipe. On voyait le poids que cela pesait sur ses épaules de porter ses coéquipiers.
« Ai-je ce qu’il faut pour cela ? » répéta James de manière ironique. « Bien sûr que oui. »
Les Warriors voulaient que James soit le scoreur et que le reste des Cavaliers soient des spectateurs, et non des acteurs. Ils étaient inquiets de la production de James et en ont payé le prix. Lors du Game 2, LeBron James est devenu à la fois le scoreur et le créateur.
James a instauré la confiance et la foi en ses coéquipiers avant de retourner à la Quicken Loans Arena pour ce qui s’annonce être un affrontement titanesque lors du Game 3.
En tant que ville et en tant que fan de sport, Cleveland aime se faire oublier. Etrangement, la ville possède deux identités : celle de LeBron James et celle de l’outsider. Encore plus étrange, cela semble lui convenir parfaitement. Les deux architectes de cette équipe, James et Griffin, ont fait appel aux fans afin d’électrifier tout l’Ohio du Nord avant le combat.
« Ce sera bruyant », confirme David Griffin. « Il y a intérêt. Ces fans sont incroyables. Je veux qu’on joue dans le meilleur environnement que l’on ait jamais eu. »
Plus les Cavaliers s’accrochent dans cette série, plus le doute s’installera dans l’esprit des Warriors. Cleveland a survécu a la bêtise de J.R. Smith, aux 34 points de Klay Thompson mais surtout la terrible perte de Kyrie Irving pour revenir à 1-1 dans cette série. Les événements vont se succéder rapidement dès demain, et on peut déjà imaginer cette vision. Celle de LeBron James, apportant enfin un titre à sa ville natale, se préparant déjà pour la légende.
« Nous sommes en sous-effectif », déclare James. « Il nous manque deux All-Stars mais je ne connais aucune autre équipe qui serait capable d’accomplir ce qu’on fait actuellement, avec une telle détermination.
Ce que James veut aussi dire, c’est qu’il n’existe aucun autre joueur dans la ligue, et peut-être dans l’histoire, qui serait capable de réunir un tel entourage pour poser des problèmes aux Golden State Warriors. A travers leurs aventures, LeBron James a convaincu ses coéquipiers ordinaires qu’ils pouvaient être extraordinaires à ses côtés.
Il suffit de l’écouter, il suffit de le regarder… LeBron James le leader, c’est ça. C’est celui qui guide son équipe, qui se sacrifie pour montrer la voie. C’est celui qui joue 50 minutes et qui contrôle le jeu si minutieusement qu’il parvient à répliquer le scénario du match précédent, à l’exception des erreurs fatales qu’il a commise.
Donnez lui une chance d’être dans un match d’une telle importance et aussi serré. Le MVP actuel tremble mais au fond d’eux-mêmes, ils connaissent la vérité. Curry possède le trophée, James a le titre. Il est le meilleur joueur actuel, peut-être de tous les temps. Ces Warriors doivent trouver un moyen d’exploiter l’écart de talent entre les deux équipes.
Pour LeBron James, la chance de se séparer des autres avec un troisième titre se présente maintenant. Il a la chance de tout rectifier dans l’histoire sportive de Cleveland. Le Big Three des Cavaliers a été réduit au Chosen One, LeBron James, à ses exploits prodigieux, son talent et aux limitations réalistes de l’effectif actuel.
Les Cavaliers lui ont tendu de la ferraille. James l’a forgé en une arme dangereuse, en un problème pour tout le monde.
Traduction de l’article de Adrian Wojnarowski : « How LeBron James has transformed Cavaliers’ scrapheap into Warriors’ nightmare«