Cette série a proposé du basketball intense. Elle nous a aussi offert des moments horribles durant lesquels on pourrait se mettre à questionner notre existence. Aujourd’hui, LeBron James nous a délivré d’une soirée qui aurait pu très mal se terminer.
Les Bulls avaient le match en main. Ils faisaient défendre Kyrie Irving et ne perdaient que très peu de ballons. En plus de cela, ils prenaient des bons tirs tout en défendant correctement. Et d’un coup, en fin de troisième quart temps… ils se sont arrêtés. Ils ont arrêté de profiter de l’état physique pitoyable des Cavaliers et se sont contentés de faire bouger le ballon, sans réelle volonté.
Les Cavaliers ne comptaient pas repartir à Cleveland étant menés 1-3 dans la série. Ils ont donc profité de la baisse de régime de leurs adversaires pour appliquer plus de pression en défense et éventuellement, rentrer quelques tirs de l’autre côté. Ce fût une nouvelle performance poussive pour James, mais le collectif entier a contribué à cette victoire.
1- Faisons honneur à l’auteur du game winner. LeBron James a de nouveau eu du mal à jouer un jeu efficace. Il termine la partie à 10 sur 30 au tir et un TS% de 39.4%. Il ajoute à cela huit pertes de balle mais 14 rebonds et huit passes décisives. Dans l’ensemble, sa performance ressemble énormément à celle du Game 3. Sauf que cette fois-ci, il quitte le terrain en ayant donné la victoire à son équipe.
Il n’y a pas grand chose à rajouter sur sa performance qui n’ait pas déjà été dit dans nos observations du match précédent. Sans des coéquipiers à 100%, et nous ne sommes même pas certains qu’il soit en pleine possession de ses moyens lui-même, LeBron doit prendre beaucoup de responsabilités au sein de l’attaque des Cavs. Il a du mal avec son tir, ce qui facilite l’approche défensive des Bulls.
2- David Blatt vit une série difficile. Il est raisonnable de dire qu’il n’avait pas de réponse face au secteur intérieur des Bulls lors du Game 3. Par manque de choix, mais aussi par désespoir, il a tenté différentes combinaisons qui n’exploitaient pas au mieux les capacités défensives de l’équipe.
Offensivement, le problème du mouvement des joueurs et du ballon demeure. Pour la deuxième fois consécutive, LeBron a dépassé les 100 touchers de ballon au cours du match. Sans que les statistiques puissent le prouver, la plupart de ses actions sont intervenues en isolation face à Jimmy Butler. Autour de lui, rien ne bouge et ses options sont souvent limitées. En sortie de temps mort, Blatt n’arrive même pas à mettre en place ses schémas.
C’est la défense qui a sauvé les Cavaliers aujourd’hui. Blatt a su faire tourner ses intérieurs afin d’exploiter au mieux le manque de profondeur des Bulls. Ce n’était pas le cas lors du match précédent, ni lors du Game 1. Cela dit, à un certain point dans cette série, Blatt devra trouver un moyen pour offrir des points faciles à son équipe. Jusqu’à présent, ses joueurs ont travaillé beaucoup trop dur pour avoir ne serait-ce qu’un seul shoot ouvert.
3- Sans trop s’attarder sur son cas, David Blatt aurait pu faire perdre le match aux Cavaliers si les arbitres avaient remarqué qu’il demandait un temps mort sans en avoir à sa disposition. Tyronn Lue, aussi connu comme étant « Da Real MVP », l’a retenu avant qu’il ne puisse marcher sur le terrain. Au final, il a disposé de quelques secondes lors d’un replay des arbitres pour donner ses instructions aux joueurs à 01.5 secondes de la fin du match.
Les arbitres ont peut-être fait une faveur aux Cavaliers sur ce coup, mais ils ont également raté une faute de Joakim Noah sur le drive de James qui provoque le temps mort. Il faut dire que si les arbitres avaient remarqué Blatt, les Bulls auraient disposé d’un lancer ET de la possession… Après la rencontre, quelques joueurs ont déclaré avoir été surpris du système final de leur coach. Selon eux, LeBron était censé effectuer la remise en jeu. Avec si peu de temps à jouer, il n’aurait pas pu récupérer le ballon et shooter.
Ce n’était pas une soirée idéale pour l’image de David Blatt dans la ligue.
4- Puisque l’on parle de coach, prenons un peu de temps pour discuter de la logique de Tom Thibodeau. Lors de la rencontre précédente, il a fait jouer Nikola Mirotic 22 minutes avec des résultats plus que positifs. Aujourd’hui, avant de débuter le quatrième quart temps, Mirotic n’a disposé que de 12 minutes de temps de jeu. Avec la blessure de Pau Gasol et l’état physique de ses deux autres intérieurs, on aurait pu penser que Thibodeau exploiterait d’avantage l’option Nikola.
Le coach des Bulls a également semblé avoir du mal à maintenir l’intensité chez ses troupes. En fin de troisième quart temps, les Bulls ne fonctionnaient plus sur pick and roll, provoquant des changements dans la défense adverse. Au contraire, ils se contentaient de suivre ce que les Cavaliers leur offraient. Résultat : seulement six passes décisives et 13 paniers marqués en seconde mi-temps.
Le manque d’énergie chez ses joueurs peut avoir grandement affecté leur production, mais Thibodeau n’a pas mis ses joueurs dans la meilleure des position lors de ce Game 4.
5- Toujours dans le camp des Bulls, parlons de Derrick Rose. Il a continué sur sa bonne lancée en inscrivant 31 points et en provoquant un bon nombre de fautes (sept lancers francs tentés). Cette fois-ci, ses exploits n’ont pas suffit à sauver les Bulls, mais ils peuvent être encouragés par sa performance et le fait qu’il ait aussi bien réagi avec un seul jour de repos. Pour le prochain match en revanche, ses genoux risquent de souffrir.
A ses côtés, Jimmy Butler a de nouveau réalisé une bonne performance défensive. Il a été convaincant sur LeBron James et même productif en attaque (19 points, 3-5 de loin). Mis à part le fait qu’il ait de nouveau joué 45 minutes et qu’il rampe à moitié sur le terrain (comme 75% des autres joueurs), c’est à peu près tout.
6- Transition sophistiquée sur les arrières de Cleveland qui ont du mal à peser sur le match. Kyrie Irving et Iman Shumpert ont terminé la rencontre avec un total de 17 points et deux passes décisives, à 3-18 au tir (16.6%). On ne va pas le répéter trop longtemps, mais leurs blessures respectives les diminuent tellement que la défense de Chicago peut se permettre de les ignorer pendant que LeBron s’isole du côté fort de leur terrain.
Défensivement, en revanche, ils ont tout donné. On voyait bien que leur prise d’appui était faible, mais ils ont contesté chaque tir et se sont battus à travers chaque écran. L’équipe entière s’est donnée, mais ces deux là ont été particulièrement inspirants. Est-ce que le soutien du public lors du Game 5 leur donnera l’énergie de prolonger leur effort ? On l’espère, car l’attaque des Cavaliers ne pourra pas être aussi prévisible pendant longtemps.
7- A l’intérieur, la paire titulaire Tristan Thompson–Timofey Mozgov a été héroïque. Thompson, tout d’abord, s’est montré très agressif d’entrée de jeu, apportant 10 points et 5 rebonds en première mi-temps. Les problèmes de faute l’ont rattrapé plus tard dans la rencontre, mais il a montré qu’il pouvait avoir un impact sur le jeu sans prendre de rebonds offensifs (seulement un au total).
Mozgov, quant à lui, s’est réellement montré dans le quatrième quart temps. Auteur de six points et deux contres dans les 12 dernières minutes, le pivot russe a changé la dynamique du match pour donner l’avantage aux Cavaliers. Son envie et sa rage de vaincre ont donné un second souffle à ses coéquipiers qui semblaient en avoir bien besoin.
Défensivement, les deux joueurs ont été solide. Avec la présence de Mozgov sur le terrain, les Cavaliers affichaient un defensive rating de 74.4. Avec Thompson, le nombre de possessions de moyenne approchait les 100 par 48 minutes, tout en conservant un DefRtg très bas (81.1). Les deux intérieurs ont contribué de manière différente mais en étant tout aussi indispensable. Il faut également saluer la décision de Blatt de faire jouer Mozgov en fin de match, alors que ce n’était pas forcément le cas en saison régulière.
8- En ce qui concerne le banc, les contributions ont été moins évidentes mais tout aussi efficaces. Matthew Dellavedova a très bien défendu sur Rose lorsqu’il était sur le terrain. D’ailleurs, puisqu’on a évoqué David Blatt plus tôt, il serait injuste d’ignorer sa décision de mettre un Delly énergique sur le terrain plutôt qu’un Irving amputé de la jambe pour défendre en fin de match.
J.R. Smith a de nouveau été le facteur clé dans le quatrième quart temps. Il est intervenu au bon moment pour rentrer trois tirs extérieurs consécutifs en fin de match. Cette production au scoring a manqué aux Cavaliers lorsque James s’isolait au poste lors du premier match de la série. Avec la blessure de Shumpert, on peut se demander si Blatt ne ferait pas mieux de ré-intégrer Smith au cinq titulaire.
9- Un tir à la dernière seconde de LeBron James faisant gagner un match aux Cavaliers en Playoffs. Qui l’aurait deviné il y a un an, alors que la franchise attendait son sort à la loterie ? Les fans présents à la Quicken Loans Arena pour la fête organisée semblaient apprécier ce moment.
10- Les Bulls ont marché sur le premier match, les Cavaliers ont dominé le second. Les Bulls ont gagné le troisième match à la dernière seconde, les Cavaliers l’ont fait pour le quatrième. La cinquième rencontre de la série sera imprévisible. En sachant que la moitié des joueurs présents sur le terrain seront blessés, on devrait assister à une véritable bataille à Cleveland.