Cavs 1-2 Bulls : les observations

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Les deux premiers matchs de la série s’étaient décidés dès le premier quart temps. Celui-ci aura été disputé jusqu’à la dernière seconde.



Sur un système défaillant, Derrick Rose décide d’improviser et de déclencher un tir à trois points au-dessus de Tristan Thompson. Avec un la planche, et surtout un peu de chance, Rose offre la victoire aux siens. Les fans se déchaînent, les Cavaliers n’attendent même pas le replay pour retourner aux vestiaires.

Dès le début de la rencontre, les arbitres ont décidé de laisser jouer physique, et ils s’en sont tenus à cette décision. Mis à part un incident entre LeBron James et Joakim Noah, les deux équipes ont joué dans les règles. Au final, les fans de basketball ont vu un match intense, disputé et tendu du début à la fin. Pour nous autres, fans de Cleveland, la déception a de nouveau frappé.

1- Commençons par LeBron James. La majorité de l’attaque est passée par lui, comme lors du Game 2 à Cleveland. Malheureusement, le résultat a été bien différent. Il a fini la partie avec un TS% de 45.2 et sept pertes de balle. Inefficace, il a tout de même réussi à effectuer 14 des 23 passes décisives de l’équipe. Avec un tel usage rate (39.6%), sa production a donc été mitigée.

La raison pour laquelle sa performance peut être qualifiée de désastreuse, c’est parce que son coéquipier censé prendre la relève dans le besoin n’a pas été au niveau. Kyrie Irving, déjà discret lors du dernier match, n’a fini la première mi-temps du Game 3 qu’avec deux tirs tentés. Au final, il termine avec trois tirs réussis pour 13 tentés au cours d’une performance médiocre. Son pied droit y joue pour beaucoup, puisqu’il a révélé après la rencontre s’être blessé lors de la série contre Boston.

Moins rapide et moins menaçant, Irving a donné la possibilité à la défense de Chicago de se concentrer sur LeBron James durant toute la rencontre. Essentiellement, la formation des Cavaliers est la suivante : Irving ou James balle en main, le reste écarte le terrain. Lorsque l’un des deux va au travail, l’autre cherche à menacer la défense en quelques mouvements. Sans cette capacité à bouger sans le ballon, Irving a isolé James sans même le vouloir. Autour de lui, LeBron n’avait que quatre coéquipiers prêts à attraper le ballon et shooter.

A partir de ce moment, la tâche de Chicago défensivement est plus aisée. Ils ont fait attention à couper chaque ligne de passe durant toute la série? Dès que Irving s’est transformé en simple shooteur, ils n’avaient plus qu’à se concentrer sur le numéro 23. Résultat : 7-18 à deux points, 1-7 à trois points, sept pertes de balle pour James.

2- Autour de James justement, il n’y avait pas que du négatif (auquel cas le match aurait été plié en début de seconde mi-temps). Matthew Dellavedova, par exemple, a sorti le match de sa carrière. En sortie de banc, il offre 10 points et quatre passes décisives et un meilleur net rating que celui qu’il remplace habituellement. James Jones a lui aussi répondu présent grâce à sa présence derrière l’arc, inscrivant 8 points. J.R. Smith a mis du temps à retrouver son rythme mais a éventuellement répondu présent en fin de match.

Pour le deuxième match consécutif, le banc des Cavaliers a répondu présent. Alors que l’on pointait du doigt leur faiblesse en saison régulière et leur manque d’impact au scoring, en considérant que c’est le seul apport qui puisse être valorisé de nos jours, on peut dire qu’ils ont surpris du monde. Il est regrettable cependant que les titulaires n’aient pas été capables de rentrer quelques tirs supplémentaires.

3- Il serait injuste d’évoquer l’apport du banc sans mentionner les changements tactiques de Tom Thibodeau. On l’avait critiqué après le Game 2 pour ne pas avoir tenté d’avantages de combinaisons lorsqu’il perdait de 20 points, il semblerait qu’il ait entendu le message. Dès le début du deuxième quart temps, il décide de lancer Nikola Mirotic dans le match aux côtés de Pau Gasol.

Mirotic n’a pas perdu de temps et a inscrit 11 points durant cette période. Sa capacité à écarter le terrain, mais aussi à finir autour du panier a posé problème à la défense des Cavaliers. Habitués à avoir deux intérieurs naviguant autour de la raquette, leur schéma défensif s’en est retrouvé déstabilisé. Timofey Mozgov n’était donc plus de grande utilité sur le terrain.

4- Avec pas moins de 12 rebonds offensif en première période, les Bulls ont largement compensé leur manque de réussite au tir (34.6%), leur permettant de n’être qu’à deux unités des Cavaliers à la mi-temps.

Joakim Noah a grandement compensé son manque de réussite au tir par son activité au rebond (six offensif en première mi-temps), contrairement aux deux premiers matchs. Pau Gasol n’a joué que 21 minutes à cause d’une blessure à la jambe, mais il a eu le temps de compiler six points, quatre rebonds, quatre passes décisives et trois contres. Taj Gibson (neuf points, neuf rebonds, un contre) a lui aussi grandement contribué à la domination des siens à l’intérieur.

Les intérieurs de Chicago étaient préparés à une bataille intense. Ils ont tenu les Cavaliers à seulement quatre rebonds offensifs en première période, tout en les limitant à 42.9% au tir. Sur l’ensemble de la rencontre, ils remportent la bataille du rebond 54 à 39.

5- Les Bulls ont proposé un jeu solide, varié et efficace lors de ce Game 3. Efficace, malgré leur pourcentage au tir (37.8%) puisqu’ils n’ont commis que sept pertes de balle. Varié, puisqu’ils ont tenté 21 tirs à trois points mais ont tenté 29 lancers francs, ce qui n’était pas le cas lors du Game 1 où ils ont pris feu. Solide, puisqu’ils ont forcé LeBron James à les battre à lui seul.

6- Un seul nom pour expliquer leur performance défensive : Jimmy Butler. Au poste, sur pick and roll, sur l’aide en défense, il était partout. Bien plus solide que lors du match précédent lorsque James forçait son chemin avec son jeu dos au panier.

Butler a terminé la rencontre avec huit rebonds, cinq interceptions et un contre, en laissant l’impression que LeBron James était impuissant face à lui. De nos jours, c’est l’un des plus grand compliments que l’on puisse donner à un défenseur. De l’autre côté du terrain, il produit également 20 points en 45 minutes. Il dépense un tas d’énergie sur cette série, ce qui rend sa performance offensive d’autant plus impressionnante.

7- L’une des raisons qui a permis à Butler de « verrouiller » son adversaire, c’est le jumpshot. En effet, au cours de ces Playoffs, LeBron James n’a réussi que 27.8% de ses jump shots (27-97). Il ne rentre également que 15.6% de ses tentatives à trois points (5-32). Est-ce alarmant, vous demandez-vous ? En saison régulière, James rentrait 35.5% de ses jump shots et 35.4% de ses tirs à trois points alors qu’il s’agissait d’une saison moyenne pour lui.

Lorsque cette partie de son jeu disparaît, la défense peut le jouer bien plus agressivement à l’intérieur. Butler lui laisse suffisamment d’espace pour qu’il pense au shoot, recule pour défendre le drive et profite de l’aide de ses intérieurs (version simplifiée). Si on ajoute à ce scénario la disparition des coéquipiers de James, ça rend la tâche compliquée.

8- Quelles seraient les solutions pour mieux aborder le Game 4 ? Premièrement, il faut espérer que Kyrie Irving soit plus menaçant qu’un simple Jimmer Fredette. Les Cavaliers font face à de nombreux pépins physiques mais doivent surmonter ce défi. Personne ne viendra les aider en cours de série. Cela vaut aussi pour Iman Shumpert, clairement affecté par sa blessure contractée au Game 2.

Deuxièmement, le jeu offensif ne peux pas rester si prévisible. LeBron James a touché le ballon 108 fois au cours du Game 3 avec des résultats parfois médiocres. Lors du Game 2, ce chiffre se situait autour des 80 touchers, alors que le jeu reposait déjà beaucoup sur l’isolation. Kyrie Irving n’a pas enregistré la moindre passe décisive au cours de la rencontre, pour la deuxième fois de la saison. Il faut faire bouger le ballon.

Jusqu’à présent, les schémas offensifs de David Blatt se font très discrets. Ce que l’on a vu en saison régulière n’apparaît pas en Playoffs. Les doubles écrans à hauteur des trois points, les démarquages sur la ligne de fond et même les systèmes sur une remise en jeu. Rien de tout ça n’a fait surface lors du dernier match.

9- Malgré cela, James a assumé la responsabilité de cette défaite en conférence de presse. Il a pris la défense de Kyrie lorsqu’un journaliste a évoqué son zéro dans la catégorie « assists ».

Personne n’a d’excuses pour ce soir. Ce n’est pas seulement à propos de Kyrie. Il aurait pu avoir 40 passes décisives, ça n’aurait pas empêché D-Rose de rentrer son tir. Il faut que l’on soit meilleurs. J’ai commis sept pertes de balle ce soir. Peut-être que si je n’en perds que quatre, on ne se retrouve pas dans cette situation. J’ai aussi shooté à 8 sur 25. Peut-être que si je finis à 11 sur 25, on se retrouve dans une meilleure position… Mettez ça sur mon compte.

Aussi frustrant qu’il peut être à voir jouer, James a toujours cette capacité à s’adresser aux médias de manière correcte, en se servant des termes appropriés pour non seulement préserver son image, mais aussi protéger ses coéquipiers. C’est sûrement pour cela que beaucoup d’entre eux n’ont que des choses positives à dire à son sujet.

Cela ne fera pas pour autant revenir son adresse extérieure, mais ce genre de discours redonne confiance après une défaite aussi cruelle. Auprès de ses coéquipiers, comme pour les fans. Lorsque l’on parle de leadership, c’est sûrement de ce genre de comportement auquel on fait référence.

10- Aussi ironique que cela puisse paraître, la ligue fêtait les 26 ans du shoot de Michael Jordan sur Craig Ehlo la veille du Game 3. Comme vous le savez, c’est ce tir qui a donné la victoire aux Bulls et qui a éliminé les Cavaliers au premier tour des Playoffs 1989.

Après être sorti des vestiaires, un journaliste a demandé à Tristan Thompson de commenter le tir de Rose, qui a tout de suite été comparé à celui de MJ. Avant qu’il n’ait pu répondre, LeBron James et J.R. Smith sont intervenus.

« C’était un tir sacrément compliqué », commente James. « S’il le tente à nouveau, il le rate », ajoute Smith.

Après ça, les joueurs sont partis dîner ensemble, dans une ambiance plutôt calme et détendue. La déception était présente, mais ils ne s’apitoyaient pas sur leur sort. La série n’est pas terminée. Le match s’est décidé sur un tir incroyable de Rose et il faudra vivre avec.

Cette nuit, le meneur de Chicago a donné la victoire aux siens mais n’a pas éliminé les Cavs. La série n’est pas encore terminée et LeBron James n’a pas dit son dernier mot. Toujours à Chicago pour le Game 4, les joueurs n’auront pas le droit à l’erreur dimanche.

Boxscore

Boxscore Cavs Bulls Playoffs 3