La vente de la franchise des Grizzlies de Memphis au milliardaire Robert Pera pour un montant estimé à 350 millions de dollars devrait être officialisée dans la journée. L’occasion de définitivement tourner la page d’une gestion calamiteuse qui a coûté sa franchise NBA à Vancouver.
En 1995 alors que la NBA prend une dimension planétaire sous l’égide de Michael Jordan, la ligue décide de s’ouvrir au Canada en introduisant deux nouvelles franchises, les Toronto Raptors et les Vancouver Grizzlies. Si les Raptors sont bien installés à Toronto, la franchise des Grizzlies ne sera restée que 6 ans dans le Grand Nord. La décision de délocaliser la franchise est souvent justifiée par l’étroitesse du marché de Vancouver et l’incapacité de la ville à accueillir une franchise NBA aux côtés des Canucks.
A y regarder de plus près c’est surtout l’incompétence des dirigeants et la récurrence des mauvais choix lors des drafts qui a plombé l’avenir de la franchise en Colombie-Britannique. Lors de leurs six années passées dans la Midwest Division, les Grizzlies n’ont jamais remporté plus de 23 matchs en saison régulière. Le seul palmarès qui restera de l’expérience des Grizzlies à Vancouvers tient au fait que la franchise a été la première de la ligue à disposer d’un site web. Retour sur une gestion qui aurait sonné le glas de bien d’autres institutions.
Une gestion des choix de draft calamiteuse.
Lors de leur introduction dans la ligue, les deux franchises canadiennes ont eu la possibilité de piocher des joueurs dans les effectifs des autres franchises. Ces dernières devraient « protéger » 8 joueurs qui ne pourraient pas être sélectionnés par les deux nouveaux clubs, les autres étant susceptibles de faire leurs valises au bon vouloir des deux nouveaux impétrants. A ce stade, un tirage au sort a été effectué entre les Raptors et les Grizzlies pour déterminer qui commencerait à faire son marché dans les effectifs des autres franchises. Vancouver a remporté le tirage mais a privilégié un meilleur positionnement dans la prochaine draft. C’est ainsi que les Grizzlies se présentent à la draft de 1995 munis du 6ème choix (le plus mauvais positionnement de l’histoire de la franchise à Vancouver).
Ils décident alors de l’utiliser pour récupérer Bryant Reeves. En 1996 avec le 3ème pick, les Grizzlies sélectionnent Shareef Abdur-Rahim qui deviendra le leader offensif de la franchise. Malgré tout, ce choix laisse dubitatif quand on sait que derrière Abdur-Rahim se trouvaient des joueurs comme Ray Allen, Kobe Bryant ou le canadien Steve Nash qui a grandit à Victoria capitale de la Colombie-Britannique. Province canadienne où se situe…Vancouver.
L’année suivante, ils disposent toujours d’un excellent positionnement dans la draft avec le quatrième choix qui est utilisé pour attirer au General Motors Stadium, Antonio Daniels. Pas de quoi changer le destin du roster, de telle sorte qu’en 1998 les Grizzlies disposent du second choix. Ils sélectionnent Mike Bibby.
Malgré ces 4 recrues parmi les premiers choix de draft, les Grizzlies occupent toujours les profondeurs du classement et bénéficient d’un énième second choix lors de la draft 1999. C’est alors que leur vient l’idée lumineuse de choisir, un nouveau meneur de jeu, en la personne de Steve Francis. Or ce dernier avait fait savoir qu’il n’envisageait pas de venir jouer pour la franchise canadienne. Et quand se dernier s’apprête à se résoudre à l’idée de jouer pour les Grizzlies, ses dirigeants élaborent un trade qui à l’époque est le plus imposant de l’histoire de la ligue impliquant trois franchises et 11 joueurs. Dans cette transaction, Orthella Harrington, Antoine Carra, Michael Dickerson et Brent Price arrivent à Vancouver en compagnie de quelques tours de draft et d’un peu de cash. Steve Francis, lui sera élu co-rookie de l’année.
Sans surprise, s’en suit une nouvelle année passée dans les profondeurs du classement. Rebelote pour la draft avec un nouveau second choix utilisé pour engager Stromile Swift. En 2001, c’est Shane Battier qui est récupéré avec le 6ème choix. C’est le dernier qui aura à évoluer à Vancouver.
La franchise est ensuite délocalisée à Memphis où le cirque continue puisque en 2002 avec le 4ème choix ils sélectionnent Drew Gooden. Et quand ils se sont décidés à échanger leur TDD, ils le font en 2003 quand leur second choix leur aurait permis de prendre Carmelo Anthony, Chris Bosh, Dwyane Wade au choix…
Le destin de la franchise a véritablement changé avec l’arrivée aux commandes de Chris Wallace. L’ancien manager des Celtics décide immédiatement de bénéficier de l’aura grandissante de l’intérieur espagnol pour l’envoyer chez les Lakers contre une monnaie d’échanges navrante (3 joueurs dont Kwame Brown, 2 premiers tours et les droits de Marc Gasol). S’en suivront trois saisons décevantes à moins de 30% de victoires.
La donne change lors de la saison 2009-2010 durant laquelle les Grizzlies bénéficient de la puissance de la raquette Randolph / Gasol. Les deux saisons suivantes verront les Grizzlies arriver en play-offs et la dernière saison a été la meilleure de l’histoire de la franchise avec un pourcentage de victoires de 62%. Mais il manque toujours un petit plus pour franchir cet ultime palier à la franchise.
Les Grizzlies de Memphis sont en passe de changer de mains. Espérons pour la franchise, que les nouveaux propriétaires gèreront mieux la franchise que les premiers. Aux vues des personnalités des futurs propriétaires (le milliardaire Robert Pera, Justin Timberlake, Penny Hardaway et Peyton Manning) il est permis d’en douter.