L’annonce de la signature de Lewis Hamilton chez Mercedes subséquente de celle de l’arrivée de Sergio Pérez comme coéquipier de Jenson Button chez McLaren, bouleverse le panorama de la Formule 1. Ces transferts appellent, selon Débats Sports, à une inversion des rapports de force tout en clarifiant certaines situations.
Le maintien de Felipe Massa dans un baquet Ferrari.
Le second élément d’interrogation généré par ces transferts tient quant à l’utilité et la pertinence de la structure jeunes talents mise en place par la Scuderia Ferrari. Alors membre de cette structure, Sergio Pérez avait été envoyé dans une écurie cliente de la Scuderia, Sauber.
Alors que le contrat d’un Felipe Massa décevant depuis son retour de blessure, expire à la fin de la saison, de nombreux observateurs s’étaient laissés à penser que le jeune pilote mexicain qui a notamment doublé les deux monoplaces rouges lors des derniers tours du Grand Prix de Monza, allait signer chez la Scuderia.
Le choix d’Alonso
Dans ces mêmes colonnes, nous avions expliqué qu’une telle analyse revenait à ignorer une dynamique lourde au sein de la Scuderia, la prise de pouvoir de Fernando Alonso. Leader au championnat du monde, au volant d’une monoplace loin d’être la plus efficace du plateau, le pilote ibère tient au bout de son volant les espoirs des tifosi de voir l’écurie au cheval cabré remporter un titre qui leur échappe depuis 2007…une éternité.
Or Fernando Alonso, n’a de cesse de manifester son soutien à son actuel coéquipier qui fait montre d’une certaine docilité face aux consignes d’écuries. L’espagnol sait qu’un équipier comme Massa est un atout précieux. A l’inverse, un Sergio Pérez, ambitieux et talentueux pourrait représenter une menace pour l’hégémonie du double champion du monde sur son écurie. Au moins tant qu’il n’aura pas ramené un titre à la Scuderia.
Dès lors la signature de Sergio Pérez chez la Scuderia semblait si ce n’est annuler au moins reporter sine die. Les déclarations de Luca Di Montezemolo étaient limpides.
« La saison prochaine, c’est trop tôt », avait-t-il affirmé sur Sky Sports News. « Je suis très content pour lui (après sa deuxième place à Monza). Cela montre avant tout que nous ne nous sommes pas trompés quand nous l’avons choisi. Il est en train de grandir grâce à Sauber et à la Ferrari Driver Academy. Mais pour installer un jeune pilote dans une Ferrari, avec la pression autour de Ferrari, il faut avoir plus d’expérience ».
Par ailleurs, les bons résultats obtenus par Felipe Massa depuis la reprise de la formule 1 après la trêve estivale, plaident en sa faveur, tout autant que sa courtoisie vis à vis de son leader. Depuis le Grand Prix de Belgique, le brésilien a remporté 26 points, soit le meilleur total sur la période derrière Jenson Button (43), Sebastian Vettel (43), Kimi Raïkkönen (33) et Fernando Alonso (30). Un retour au premier plan salvateur pour le brésilien. Il a marqué plus de points au cours des trois derniers Grand Prix que lors des 11 premiers. Vice champion du monde en 2008, Felipe Massa peut, s’il retrouve son meilleur niveau être le meilleur coéquipier d’Alonso, que ce dernier mais aussi la Scuderia peuvent escompter avoir. Luca Di Montezemolo pourrait donc bien reconduire le contrat de Felipe Massa pour une saison. Quitte à tenter sa chance auprès de Sebastian Vettel l’année prochaine?
Ne pas signer un jeune pilote certes talentueux mais au final inexpérimenté dans une Scuderia Ferrari où la pression n’a aucun égal n’est peut-être pas le choix le plus irrationnel de la marque. En revanche, laisser ce même coureur signer chez la concurrence est plus grotesque. A moins, que la Scuderia Ferrari, à l’instar de Débats Sports, identifient dans les mouvements de ces dernières semaines, les signes d’un inexorable déclin de McLaren.
L’ inéluctable déclin de McLaren.
La thèse du déclin de l’écurie de Woking commence à prendre de l’ampleur dans les paddocks. L’annonce de l’arrivée de Mercedes en tant que constructeur et non seulement comme motoriste avait déjà laissé envisager un bouleversement des rapports de force dans le plateau de l’élite automobile mondiale. On l’a vu, la Scuderia Ferrari semble faire le même pari du déclin de McLaren, que le champion du monde 2008, Lewis Hamilton.
Outre le départ du pilote qu’elle avait choyé depuis son plus jeune âge, McLaren risque de payer dans les années à venir le désengagement financier de plusieurs de ses sponsors ainsi que son statut d’écurie cliente à compter de 2014. Les capacités financières de l’écurie de Woking sont sévèrement réduites et si elles ne sont pas toujours déterminantes, à terme elles corrèlent fortement les succès.
Le groupe Vodafone, principal sponsor de l’écurie britannique qui jusqu’à la fin de la saison prochaine s’acquitte de la somme rondelette de 40 millions d’euros par an pour s’afficher sur les monoplaces et combinaisons des pilotes McLaren, a annoncé sa volonté de mettre un terme à ce partenariat. A l’instar de ce qu’ils ont tenté d’entreprendre avec le contrat de Lewis Hamilton, les dirigeants de l’écurie de Woking tentent de négocier le maintien du contrat de sponsoring quitte à renier sur les sommes exigées.
Par ailleurs, l’écurie McLaren devra à compter de 2014 s’acquitter de 20 millions par an pour le bloc moteur fournit par…Mercedes. L’ironie de l’histoire est que dans une certaine mesure et d’un point de vue comptable, l’écurie de Woking paiera le salaire de Lewis Hamilton dans une écurie concurrente.
Dans cette situation économique délicate pour l’écurie, la signature de Sergio Pérez, soutenu de longue date par Carlos Slim, l’homme le plus riche de la planète, pourrait faciliter l’arrivée de nouveaux investisseurs et partenaires. En attendant, on s’attend à voir dès 2014, les Mercedes dominer son écurie cliente.
Ces deux transferts ont ouverts d’autres interrogations, parmi lesquelles, celles concernant l’avenir de Michael Schumacher, le baquet libéré chez Sauber mais aussi l’intérêt de la filière jeune pilote de la Scuderia Ferrari. Sur le plan marketing le double transfert met un terme à une tendance à la « nationalisation » des écuries. L’écurie 100% britannique de McLaren accueille désormais un mexicain, et un britannique vient occuper un baquet de la structure germanique, Mercedes. Pour le meilleur et pour le pire.