En l’espace de quelques jours, Cleveland a perdu deux matchs contre les deux meilleures équipes de la ligue, San Antonio et Golden State. On a vu des batailles stratégiques dans le Texas, mais également un véritable massacre à Cleveland. Après une moitié de saison, peut-on reconnaître qu’il existe un écart entre les Cavaliers et ces deux autres équipes ?
Il ne fait aucun doute que les Cavs sont encore meilleurs que la majorité de la ligue. Leur bilan est actuellement à 28 victoires pour 11 défaites, suffisant pour pointer à la tête de la conférence Est. Le problème se situe dans les affrontements directs. Ils ont rarement été convaincants face à Golden State ou San Antonio.
Plus tôt cette saison, le 25 décembre, les Cavaliers se sont déplacés à Oakland pour défier les Warriors. Au cours d’un affrontement très attendu, ils se sont montrés incapables de profiter de leur bons efforts défensifs, avec une très faible réussite au tir de 31.6% (dont un affreux 5-30 de loin, soit 16.7%). Défaits 83 à 89, ils repartaient tout de mêmes avec quelques points positifs.
Un mois plus tard, les Cavaliers se font littéralement dégager de leur parquet par les Warriors, battus 132 à 98. Le peu d’aspects positifs qu’ils pensaient avoir trouvé le jour de Noël disparaît et fait des Warriors un adversaire cauchemardesque pour les hommes de David Blatt.
De quelles certitudes disposent-ils désormais face à eux ? Quelle combinaison utiliser efficacement lors d’un affrontement potentiel en finale, vu les résultats provoqués en saison régulière ? En deux confrontations contre les Warriors, les Cavs ont montré deux visages différents. Aucun n’était capable de leur donner l’avantage.
Contre les Spurs, l’histoire était légèrement différente. Tout de même défaits 95 à 99, les Cavaliers se sont montrés plus dangereux et capables d’exploiter plus de matchups en attaque. Le problème, c’est que Gregg Popovich en était également capable de l’autre côté. Là encore, des ajustements seront nécessaires afin de réellement pouvoir menacer la meilleure défense de la ligue.
Les Cavs auront une dernière chance de se rassurer contre les Spurs le 30 janvier à domicile, et peut-être en profiter pour envoyer un message fort au reste de la ligue. Il existe encore un moyen pour les Cavaliers de venir à bout des Warriors ou des Spurs lors d’une série de Playoffs. Ils ont des atouts à faire valoir, une polyvalence à exploiter. Ils ont des ressources. Ils ne les ont seulement pas encore trouvé cette saison, ce qui réduit considérablement leur marge d’erreur à l’avenir.
Pour le moment, il est inutile de pointer du doigt un seul joueur après de tels résultats. Ce n’est pas la faute d’un seul individu, et cela inclut le coach. Ce sont les fruits d’une défaillance collective.
Les Cavaliers ne sont plus la cinquième meilleure défense de la ligue depuis plusieurs semaines maintenant. Kevin Love ne rentre plus ses tirs ouverts depuis début décembre et la défense intérieure se retrouve beaucoup trop exposée sans l’apport du pivot titulaire.
La bonne nouvelle, c’est que nous sommes encore en janvier. Il reste une quarantaine de matchs pour s’ajuster, fluidifier l’attaque, solidifier la défense et retrouver une bonne dynamique sans blessure.
Manque-t-il une pièce aux Cavaliers pour réellement faire la différence ? Peut-être. Cette pièce se nomme sûrement Timofey Mozgov, qui pourra épauler Tristan Thompson et réguler la défense intérieure lorsqu’il aura retrouvé la capacité de suivre le rythme des matchs. Peut-être a-t-on besoin d’être patient avec Kyrie Irving, qui n’a pas encore joué 15 matchs cette saison. Le reste de l’effectif est complet, chaque joueur y a trouvé sa place et son rôle depuis plusieurs semaines (mois). Les problèmes devront être gérés en interne.
On peut facilement affirmer que les Cavaliers sont encore la meilleure équipe à l’Est. Ils iront probablement une nouvelle fois en finale NBA, et leur parcours leur donnera l’opportunité de réfléchir à différents moyens de rivaliser avec les deux géants de la conférence Ouest.
Ce qui semble incroyable dans cette histoire, c’est le timing des récents événements. En 2014, quelles étaient les chances de voir deux équipes d’un niveau historique se montrer au moment où LeBron James revenait à Cleveland ? Deux équipes avec la formule parfaite pour contrer une équipe centrée autour du quadruple MVP. L’une avec la meilleure attaque de l’ère moderne du basketball, et l’autre avec la meilleure défense de la ligue combinée à une attaque parfaitement huilée.
Les Warriors ont profité de l’ascension de Stephen Curry, de la progression inattendue de Draymond Green, et d’un collectif proche de la perfection pour transformer le jeu. Ils ont refait les règles et incarnent l’efficacité offensive à l’état pur.
Les Spurs se réinventent perpétuellement. Cette fois-ci avec Kawhi Leonard à un niveau MVP, le recrutement de LaMarcus Aldridge l’été dernier, et bien sûr Tim Duncan toujours présent pour rappeler à la ligue la définition du mot « régularité ». Ce ne serait pas juste de limiter leur équipe à ces trois joueurs, car ils sont tous impliqués dans cette machine de guerre silencieuse.
Ces deux équipes ne sont pas simplement arrivées de nulle part, et il y a une longue explication sur l’origine de leur construction, mais le fait que ce timing coïncide avec le moment où les Cavaliers alignent la meilleure équipe de leur histoire semble presque injuste.
C’est tout simplement incroyable de voir que LeBron James, Kyrie Irving et Kevin Love, réunis au sein d’un effectif plus qu’imposant battant des records en terme de salaire, ne suffisent pas à faire des Cavaliers la meilleure équipe de la ligue. Ou même la deuxième meilleure équipe. C’est incroyable de voir qu’il existe un ou deux niveaux supérieurs à côté de ça.
Tout cela semble bien défaitiste, mais comme dit plus haut, il reste du temps aux Cavaliers pour combler l’écart de niveau. Ils ont montré hors de ces duels particuliers qu’ils étaient eux aussi capables d’afficher un niveau d’exception.
Le match de la nuit dernière a probablement ridiculisé les Cavaliers. Désormais les joueurs doivent prouver quelque chose. Ils doivent prouver qu’ils sont capables de rivaliser avec les deux favoris, capables de balayer tout sur leur passage, d’intégrer chaque joueur au sein de leur collectif afin de construire une dynamique idéale pour les Playoffs.
C’est un constat facile à faire à l’écrit, mais on parle d’une équipe qui est allée en finale sans un tiers de son effectif la saison dernière. Le déclic viendra peut-être de cette leçon reçue à domicile.