Quand on parle de Hockey à notre époque, on pense presque toujours à la NHL nord-américaine ou même peut-être à la KHL, qui rassemble les clubs russes ainsi que ceux des pays alentours. Et pourtant, il y a tout prêt de chez nous, en Suisse, un championnat extrêmement solide et performant.
En effet, autour des Alpes helvétiques, le hockey est le deuxième sport du pays, après le football naturellement. Contrairement à ce que l’ont peut voir dans l’hexagone, le rugby et le basketball ne sont que très peu ancrés dans les traditions suisses, laissant la place à un énorme engouement autour des patinoires. Plus habile dans l’art de pousser un puck que de se passer un ballon, la Nati est même considérée comme l’une des meilleures équipes nationales au monde, derrière bien sûr les Etats-Unis, le Canada, les pays de l’Est et la Scandinavie. Il suffit de visiter une ville de grand club pour se rendre compte du phénomène. Par exemple, je vais vous parler de ce que je connais concrètement, Fribourg. Lorsque le club fétiche de la ville, Gottéron, joue, c’est le branle-bas de combat pour trouver une place dans un bar pour assister à la rencontre. Et que dire de l’accès à la patinoire ? Presque toujours complète, quel que soit l’adversaire ! On ne risque pas de voir des tribunes à moitié vides comme lors des derniers Mondiaux en Finlande et en Suède, jamais. D’ailleurs, le public helvétique est reconnu en Europe comme le meilleur dans ce sport. Ainsi, le CP Berne peut par exemple se targuer d’avoir reçu un titre pour la patinoire la plus remplie en moyenne de toute l’Europe lors de la dernière saison, les travées de l’énorme PostFinance Arena et ses 17’000 places toujours prises d’assaut par les fans de la crosse !
Le championnat helvétique regorge de talents à faire mûrir et exploser. Avec sa politique très protectrice des valeurs nationales (limite d’étrangers par club), de jolis talents ont pu sortir de la LNA et rejoindre la ligue nord-américaine. On peut citer notamment Niederreiter (NY Islanders), Streit (idem) ou Sbisa (Ducks d’Anaheim). Par ailleurs, le championnat suisse reste très relevé et grâce à ses clubs historiques tels Davos et le ZSC Lions, pour n’en citer que deux, a acquis une grande reconnaissance en Europe, ainsi que de jolis échos en NHL. Puisqu’on en parle, les Lions de Zürich ont défrayé la chronique en remportant le titre dès la création de la Ligue des Champions de hockey, en 2009, barrant la voie à l’Ufa ou au Metalurg par exemple. Même si cette compétition a disparu après sa première édition, le club aura montré aux yeux du monde le potentiel de son pays, souvent sous-estimé. Autre preuve de l’intérêt de la LNA, les arrivées en Suisse suite au fameux lock-out en Amérique, qui empêche la NHL de débuter (comme la NBA la saison passée) et permet ainsi aux joueurs d’aller jouer autre part jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. Et des immigrants, il y en a eu. On peut notamment citer Jason Spezza, 4me compteur de la ligue avec les Sénateurs d’Ottawa lors du précédent exercice, qui défendra les couleurs de Rapperswil, tout comme Thornton et Nash (Davos), Pacioretty (Ambri), Couture (Genève), Seguin (Bienne) ou Streit (Berne). Cet afflux de stars internationales ne peut avoir qu’un effet bénéfique pour la popularité de la LNA, et il faut passer par là pour espérer une plus large diffusion médiatique. Pas besoin donc de s’exporter bien loin pour voir des backhand ou des slapshots de qualité, la classe internationale est présente entre les montagnes alpines.
Il faut savoir que les contrats signés par les stars de NHL ont une durée indéterminée. En effet, dès qu’on accord entre la fédération et le syndicat représentant les joueurs sera trouvé, les joueurs qui se sont exportés ont l’obligation de retourner avec effet immédiat dans leur club respectif. Les clubs européens ont immédiatement bondi sur l’occasion, car plus que pour les résultats, ce sont également les ventes de maillots (en 2004, lors du dernier lock-out, Davos avait vendu 10’000 maillots de Nash et Thornton) et de places en tribune qui vont littéralement exploser ! Bien sûr, même les gros budgets helvétiques ne peuvent pas se permettre de payer aux arrivants un salaire identique à celui qu’ils reçoivent d’habitude et offrent donc bien moins, mais les joueurs doivent se faire à cette idée s’ils comptent garder un bon état de forme ! Un peu comique quand on sait qu’ils sont en grève à cause des salaires qui devaient baisser … On pourrait penser que ces arrivées « intéressées » puissent blaser les supporters, mais bien au contraire, les groupies et la presse helvétiques se réjouissent considérablement que leurs équipes gagnent un peu de prestige. La seule petite crainte qu’a émise la Fédération Suisse de Hockey est que le déséquilibre entre les clubs aisés et les autres soit amplifié. Mais quand on voit que les Lakers ou Ambri ont pu se permettre d’engager des grands joueurs, et que Zürich, plus gros budget de Suisse, n’a encore attiré personne, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Surtout que la limite de 8 étrangers par équipe, et 4 par match, fera qu’il n’y aura normalement pas plus de 2 arrivées par club …
A l’occasion du lancement de cette nouvelle saison 2012-2013, c’est le ZSCL qui remet son titre en jeu. Seulement 7mes après la saison régulière, les Lions s’étaient montrés impressionnants en Play-Offs, faisant sauter Davos, Zoug puis Berne dans une finale haletante remportée à 2 secondes de la fin du dernier match de la série ! D’ailleurs, ils ne partent pas dans les grands favoris cette saison, malgré les arrivées de Shannon ou Brûlé à l’inter-saison. Ce sont plutôt Davos, Berne, Zoug et Fribourg qui devraient animer la tête du classement, le premier cité faisant office d’équipe à battre. Malgré tout, après 5 journées, les jolies surprises viennent de Genève-Servette et ses 5 victoires en 5 rencontres, alors qu’ils étaient prédestinés à finir dans les 4 derniers. Constatation semblable pour le HC Lugano : les Suisse-italiens, grâce à l’acquisition de Heikkinen notamment, ont renforcé leur point faible de la dernière saison, la défense, et pourraient aller embêter les équipes de tête. Pour ce qui est de la lutte de bas de tableau, Ambri-Piotta semble prédestiné à finir dernier. Bienne, Langnau et les Lakers de Rapperswil les accompagneront certainement en Play-Outs. Mais comme signalé plus haut, les joueurs de NHL pourraient changer la donne … Qui sait ? Peut-être que le lock-out durera toute la saison … Côté LNB, Lausanne devrait logiquement imposer sa puissance, comme lors des 5 dernières saisons. Cependant, on ne devrait pas avoir de nouvelle tête en LNA à l’issue de cet exercice : le gouffre entre les deux divisions semblent encore plus profond que les saisons passées. Rappelez-vous, la dernière montée date d’il y a 4 ans, lorsque Bienne prenait la place de Bâle dans l’élite …
Article rédigé par Emir