En l’espace de quatre journées le Real Madrid a perdu deux matchs et concédé un match nul. Le champion en titre n’a pu glaner que 4 points quand dans le même temps le FC Barcelone en remportait 12. Avec 8 points de retard, le Real Madrid a t-il d’ors et déjà perdu son titre ?
L’analyse des dynamiques à l’œuvre en Liga ces dernières années et des situations sportives et humaines du vestiaire madrilène confine au scepticisme. Bien sur, mathématiquement tout reste jouable. Est-il besoin de préciser qu’il reste 34 journées de championnat à disputer et donc 102 points à empocher ? Mais la tâche de la Casa Blanca s’annonce plus qu’ardue.
Un Real de Madrid qui déjoue.
En l’espace de quatre journées, le Real de Madrid a perdu autant de matchs de championnat que lors de l’intégralité de la saison précédente. Pire le Real a semblé plus que jamais mériter ses déconvenues, la faute à un mercato qui n’a pas renforcé l’équipe et à une « affaire » Ronaldo qui semble déstabiliser un vestiaire déjà émoussé.
La récente défaite concédée sur le terrain du FC Séville, dans un stade à moitié plein, a conduit José Mourinho à descendre publiquement son équipe, pour la seconde fois en trois semaines.
« Le Real Madrid a été très mauvais, ça a été inacceptable. Après ces deux matches, je ne suis même pas frustré parce que ce n’est pas une surprise. (…) J’ai changé deux joueurs (à la mi-temps), mais je voulais en changer sept. En ce moment, je n’ai plus d’équipe. »
Il faut dire que le Special One n’avait jamais connu un si mauvais début de saison. Malheureusement pour lui et les socios de Bernabeu il devra composer avec cette même équipe, au moins jusqu’au 31 décembre.
Un mercato pour rien
Fort d’une saison (2011-2012) remarquable, les dirigeants madrilènes n’ont apporté qu’avec parcimonie des retouches à un effectif dont les résultats masquaient quelques peu les faiblesses. Seul Lucas Modric et Michael Essien sont venus renforcer le champion d’Espagne en titre. Si le milieu croate est incontestablement un des tous meilleurs à son poste, son intégration dans le schéma tactique de José Mourinho interroge. Michael Essien dont on ignore l’état physique vient compenser le départ du couteau suisse Lassana Diarra, parti rejoindre Eto’o en Russie. Pour remplir les caisses, le club madrilène a enregistré les départs de Granero, Gago, Canales, Drenthe, Altintop et de Sahin, réduisant d’autant les solutions de remplacement d’un effectif moins riche qu’il n’y paraît.
Le rival barcelonais n’a pas non plus consenti à de gros efforts financiers lors de cette intersaison. Mais Villanova est allé chercher des renforts là où son effectif l’exigeait, Jordi Alba vient remplacer un Abidal convalescent et Alexandre Song compenser le départ en Chine de Keita.
Les postes « faibles » du Real, notamment le problématique poste d’arrière droit, n’ont pas été résolus au cours de l’intersaison. Arbeloa occupe toujours le flanc droit d’une défense dont les solutions de remplacement ne sont pas légions. En outre, le mutisme de Karim Benzema, qui est redevenu le remplaçant de Gonzalo Higuain, sonne comme une piqure de rappel de l’excessive dépendance de l’animation offensive du Real des performances d’un Cristiano Ronaldo. Or, en ce moment, la star madrilène est triste.
S’ils aspirent à remporter un second titre de champion d’Espagne d’affilée, les madrilènes devront se ressaisir tant individuellement que collectivement dès cette semaine. Parce que si la Liga est un marathon, le Barça avance drôlement vite.
Retour sur les tableaux de marche des champions :
Lors des trois dernières années, le Real Madrid a toujours marqué plus de 90 points. Il fallut même que la Casa Blanca en inscrive 100 pour remporter la Liga la saison passée. Sauf effondrement du FC Barcelone sous l’ère Villanova, il faudra au Real Madrid s’approcher des 95 points pour espérer rajouter une ligne à son palmarès.
Dès lors en se fixant sur un total de 95 points pour le FC Barcelone, le Real de Madrid devrait empocher pas moins de 91 points sur les 34 prochains matchs, soit une moyenne de 2,67 points par rencontre. Autrement dit, pour espérer remporter le titre de champion d’Espagne, le Real Madrid doit compter soit :
- sur une saison décevante du FC Barcelone.
- sur une moyenne de points pris par rencontres au delà du rythme tenu lors de la saison historique à 100 points.
Par ailleurs et sans extrapoler sur les futures résultats du FC Barcelone, les deux « classico » sont d’ors et déjà décisifs pour l’obtention du titre. Avec 8 points de retard sur son rival, le Real Madrid se doit de remporter a minima 4 points sur les deux confrontations directes. Un bilan négatif face au FC Barcelone sonnerait à coup sur la fin des espoirs de titre.
Le Real Madrid peut se rassurer en se rappelant que les grosses écuries laissent échapper traditionnellement plus de points en début d’exercice qu’à tout autre moment dans la saison. L’année passée déjà il avait concédé une défaite à Levante et un nul face au Racing Santander lors des quatre premières journées. Il faudra juste omettre de préciser que le FC Barcelone n’avait pas fait un carton plein…
Une saison plus difficile que prévue.
A l’inverse de l’année passée, et a contrario de 9 des 11 titulaires du Real Madrid, Lionel Messi a pu bénéficier d’une préparation sans compétition internationale. L’argentin en profite et caracole déjà en tête du classement des buteurs de la Liga avec 6 réalisations en quatre matchs disputés.
L’ « affaire » Cristiano Ronaldo et ses incidences sur le vestiaire ne joue pas non plus en faveur du Real de Madrid, d’autant plus que la désignation du prochain Ballon d’Or risque bien de décevoir une nouvelle fois le Portugais…à la faveur d’un barcelonais (Messi, Iniesta, Xavi).
Enfin, le tirage au sort de la phase de poule de la Ligue des Champions n’a pas gâté le Real Madrid. Placé dans le groupe de la mort avec les champions d’Angleterre (Manchester City), d’Allemagne (Borussia Dortmund) et des Pays-Bas (Ajax d’Amsterdam), le Real est tombé sur un os. Aucun de ces matchs ne sera à prendre à la légère et José Mourinho ne pourra faire l’impasse sur aucun de ces six matchs pour conserver de l’influx pour les matchs de championnat. Et si le Real Madrid ne propose pas autre chose que ce à quoi on a eu le droit depuis le début de saison, on ne donne pas cher des chances des madrilènes de se sortir de cette poule.
Dans le même temps, le Barça a hérité d’un groupe pour le moins accessible où ses adversaires possèdent plus de trophées que de talents. (Benfica Lisbonne, Spartak Moscou, Celtic Glasgow).
Un Real Madrid sur le mode « 2001-2002 » ?
José Mourinho pourrait privilégier la quête d’une Ligue des Champions qui échappe aux madrilènes depuis 2002. Remporter la ligue des champions occulterait une éventuelle déroute en Liga. Cela ferait aussi de José Mourinho le premier entraîneur à remporter la prestigieuse coupe aux grandes oreilles avec trois clubs différents.
D’ailleurs, en 2002, le Real Madrid des Galactiques avait commencé sa saison d’une manière tout aussi désastreuse, ce qui n’avait pas empêché le club de remporter la Ligue des Champions face au Bayer Leverkusen sur une reprise de volée de Zinedine Zidane.
Le Real Madrid avait alors terminé le championnat à la troisième place avec…66 points devant le FC Barcelone…Une autre époque.