Cet article renvoie à notre participation au podcast L’écho des Parquets.
Finale perdue, Lebron James parti, Miami foutu ?
Il est tentant de céder à la facilité et de résumer ainsi l’été du Heat de Miami, qui a vu son meilleur joueur lui tourner le dos pour regagner ses pénates. Pour autant la saison de Miami s’annonce extrêmement intéressante à observer, grâce à la décision du Front Office de ne pas s’engager dans une reconstruction totale post-départ de Lebron (Big Up Cleveland) mais au contraire d’essayer de construire au plus vite une équipe compétitive à court terme.
LIMITER LA CASSE
Pat Riley et le front office du Heat ont réalisé de très bons coups pendant la free agency. On peut, et on doit, considérer l’été de Miami comme réussi. Le départ de Lebron James est une perte énorme, mais c’est une décision sur laquelle la franchise n’avait que peu de prise. Après la défaite en finale, le constat du vieillissement de l’effectif et de l’incapacité de l’équipe à recruter des renforts conséquents, bloquée par le salary cap, la décision de Lebron paraissait inéluctable. Dès lors il convenait d’agir au plus vite, parfois dans l’urgence, pour renforcer cette équipe et la préparer à un renouveau immédiat, sans phase de reconstruction.
La draft de Shabazz Napier, moitié pour faire plaisir à Lebron, moitié car il est un vrai bon meneur capable d’adopter vite un état d’esprit de leader, s’inscrit dans une volonté de construire une équipe jeune, mais efficace. On a là en effet l’apport d’un joueur déterminé, jeune et inexpérimenté au niveau NBA, mais qui reste un rookie avec quatre ans de fac dans les jambes et deux titres universitaires dans la besace.
Dans le même ordre d’idée, avant même le départ de Lebron, Miami a réalisé un joli coup en attirant dans ses filets Josh McRoberts, l’ailier fort de Charlotte qui sortait d’une très bonne saison, pour seulement 5 millions/an. Le rapport qualité prix est indéniable et nul doute que Josh McRoberts apportera beaucoup à un effectif largement remanié.
Après le départ de Lebron, la donne change. Il faut désormais agir, et vite, pour déterminer la nouvelle orientation de l’équipe. Pat Riley décide immédiatement de tout faire pour conserver Chris Bosh, en contact très avancé avec Houston, et en faire la première option offensive de l’équipe, le nouveau leader. Le résultat, c’est un nouveau contrat maximum de 5 ans, 120M de $, que certains trouveront osé mais qui représentait la seule façon de conserver un joueur qui, s’il a joué dans l’ombre de Lebron depuis 2010, reste un formidable attaquant qui a déjà prouvé qu’il pouvait être le leader d’une équipe. Cette prolongation de contrat s’accompagne de celle de Dwyane Wade, toujours source d’inquiétudes en ce qui concerne son physique, qui signe un nouveau contrat de 2 ans (dont une en option) à 15 millions/an.
Bosh et Wade prolongés, il faut désormais ajouter à cette équipe de nouveaux atouts pour se reconstruire, toujours dans l’optique d’être compétitifs dès cette saison. C’est dans cet esprit qu’intervient le recrutement de Luol Deng, free agent courtisés qui signe à South Beach pour 9millions/an. Si Luol Deng ne remplacera pas Lebron James, il apportera une vraie solution au poste 3, capable d’apporter du scoring, mais aussi de très bien défendre.
Les ajouts de l’athlétique James Ennis, drafté en 2013 et de l’expérimenté Danny Granger qui cherche à rebondir viennent compléter ce Miami Heat new look. Plus jeune, plus athlétique, privé du meilleur joueur du monde mais pas débarrassé de toutes ses ambitions. Qu’attendre de cette saison 2014-2015 ? Du renouveau, des ajustements, des transformations.
LE CHANGEMENT DANS LA CONTINUITÉ
La franchise a décidé de relever pour cette nouvelle saison un défi d’équilibriste conséquent : conserver un noyau de joueurs majeurs et un coach, tout en transformant l’effectif pour pallier au départ de son joueur le plus important.
On a en effet de nombreux éléments de continuité. Le poste de meneur, malgré l’arrivée de Shabazz Napier, est toujours un point faible du Heat, avec une dimension nouvelle de hiérarchie plus ouvert que ces dernières années. Si Chalmers est encore le titulaire, Norris Cole a été mis en condition de le concurrencer sérieusement à la mène, et Shabazz Napier est trop talentueux pour cirer le banc et ne profiter que du garbage time. Le « problème du meneur » demeure donc à Miami, même si Wade aura toujours tendance à jouer beaucoup balle en main, comme Lebron avant lui.
Dans la continuité également, l’absence de véritable pivot. Chris Bosh semble bien parti pour effectuer une nouvelle saison au poste 5, associé à Udonis Haslem ou à McRoberts. Continuera-t-il de s’écarter énormément derrière la ligne des 3pts comme il le faisait pour laisser la raquette à Lebron, ou se rapprochera-t-il du cercle pour jouer davantage au poste ? C’est l’une des interrogations de cette saison.
Au rayon continuité on trouve également le poste de Head Coach. Eric Spoelstra est toujours là, après avoir enfin réussi à convaincre et à prouver qu’il n’était pas qu’un simple observateur au sein du Heat mais bien l’artisan de la mise en place d’un véritable style de jeu et l’instigateur de nombreux ajustements en fonction de l’adversaire. Le front office lui fait confiance pour parvenir à trouver l’alchimie entre adapter son nouveau groupe à son style de jeu et développer un style de jeu à son nouveau groupe.
Du côté des changements, bien sûr, la redistribution des responsabilités offensives consécutive au départ de Lebron James. Chris Bosh devrait se retrouver avec davantage de ballon, plus tôt dans la possession et avec une capacité de prise de décision plus importante. Il peut se le permettre, il dispose des qualités offensives et de la vision du jeu suffisantes pour être ce poste 4 organisateur et scoreur.
Dwyane Wade va devoir lui aussi prendre ses responsabilités. S’il a perdu du poids pour moins faire souffrir ses genoux, son explosivité n’est plus la même, mais il peut toujours compter sur un premier pas dévastateur et une agilité hors du commun pour apporter au scoring.
Comme dit précédemment, il devrait probablement avoir plus la balle en main à la remontée du ballon pour organiser le jeu, à lui de mettre à contribution les autres joueurs. Luol Deng et McRoberts, les deux recrues les plus importantes de l’été, ont des capacités d’attaquants certaines. L’ancien joueur de Charlotte et un attaquant intelligent, capable de scorer de loin, de distribuer la balle et d’apporter de l’intensité, tandis que Luol Deng devrait apporter encore plus de spacing à l’attaque du Heat.
Les meneurs devront eux aussi se montrer. Si Norris Cole brille surtout dans un rôle d’energizer défensif par séquence, Mario Chalmers a un talent offensif certain qu’il va devoir montrer s’il ne veut pas se faire doubler par un Shabazz Napier très tranchant lors de cette pré-saison.
Les interrogations sont donc nombreuses. En effet la perte d’un Lebron James n’est ni quantifiable, ni analysable à un instant T. Il va falloir du temps à l’effectif pour trouver ses marques, à Eric Spoelstra pour développer son style de jeu, mais la volonté de la franchise de tenter une rebond express sur deux ans (seuls Chris Bosh, Shabazz Napier et Josh McRoberts seront sous contrat en 2016) est séduisante pour les fans. Qu’ils se rassurent, le Heat gagnera encore cette année, jouera très probablement les playoffs et peut légitimement prétendre, grâce à l’expérience des ses joueurs, à la place de trouble fête de la ligue. Une lutte pour la 4-5e place de la conférence Est est légitimement envisageable, et nul doute que cette saison apportera encore son lot de surprises, de déceptions, de victoires clutchs, de défaites bêtes, de photobombing et de déclarations de Mario Chalmers.
Vivement le Tip-Off.