Au cours de l’intersaison, nous avions décidé de revenir sur l’histoire de la franchise en mettant en lumière ses plus grands moments. Aujourd’hui considérée comme une franchise de second plan (et ce malgré les progrès entrevus depuis deux ans), l’équipe a autrefois compté dans ses rangs quelques joueurs qui figurent parmi les tous meilleurs de l’histoire de la ligue. Certains d’entre eux avaient ainsi fait leur entrée dans la ligue par la grande porte. Retour sur les premiers choix de draft des Cavaliers.
1971, Austin Carr, le pionnier
Une saison. Il n’aura fallu qu’une saison pour que les Cavaliers récupèrent un premier choix de draft. L’équipe, créée en 1970, enregistre une saison très compliqué pour ses débuts. La première victoire n’intervient qu’après 17 matchs, et Cleveland finit la saison avec 15 victoires et 67 défaites, le plus mauvais bilan de la ligue cette année-là. Les Cavaliers obtiennent donc le 1er choix de la draft 1971, et vont s’en servir pour choisir un arrière de 1m95, Austin Carr.
Carr sort de trois saisons à l’université Notre Dame, où il a démontré des très grandes qualités de scoreur, affichant une moyenne 34,5 points marqués par match durant son cursus. Mieux encore, sur sept matchs en tournoi NCAA, il affiche 50 points de moyenne et compte une pointe à 61 points, deux records qui tiennent toujours aujourd’hui. En NBA, sa première saison est gâchée par les blessures, et Carr ne peut jouer que 43 matchs. Malgré ça, il affiche une moyenne de 21,2 points par matchs, la meilleure de l’équipe. Avec ce renfort, Cleveland gagne sept matchs de plus que l’année précédente.
En 1972-73, Carr est épargné par les blessures. Il joue donc les 82 matchs de la saison et sa moyenne au scoring reste semblable (20,5 points par rencontre). Sa présence continue de faire progresser l’équipe qui gagne neuf matchs de plus pour finir la saison à 34 victoires pour 48 défaites.
Alors que la progression de Cleveland était significative, la saison 1973-74 va marquer un coup d’arrêt avec seulement 29 victoires, malgré ce qui reste comme étant la meilleure saison statistique du numéro 1 de la draft 1971 qui culmine à presque 22 points et qui réalise également sa meilleure saison au rebond. Il est cette année-là sélectionné au All Star Game, où il jouera cinq minutes et captera un rebond. Lors de la saison suivante, Austin Carr se blesse et ne joue que 41 matchs, et l’équipe manque les playoffs de peu en finissant à 40 victoires. Cette saison-là montre que les Cavaliers sont devenus compétitifs et peuvent rêver d’un bel avenir.
En 1975-76, Austin Carr revient de blessure, et malgré un début de saison difficile avec huit victoires et 12 défaites après 20 matchs, l’équipe va réaliser une saison incroyable en totalisant 48 succès et le deuxième bilan de la ligue. Carr n’est plus la star de cette équipe qui se repose sur un collectif parfait. Avec sept joueurs au dessus des 10 points de moyenne, dont Austin Carr qui joue à peine 20 minutes par match mais qui score malgré ça 10,1 points de moyenne, les Cavs accrochent les playoffs.
Pour sa première participation aux festivités post-saison, Cleveland va passer l’obstacle des Washington Bullets au premier tour, en 7 manches. Contre les Celtics en finale de conférence, la blessure du meilleur scoreur et rebondeur de l’équipe, Jim Chones, va être préjudiciable, et c’est (déjà) les Celtics qui se mettront, au bout de 6 matchs, en travers du chemin des Cavaliers pour aller chercher leur treizième titre NBA. Carr ne joue là encore qu’une vingtaine de minutes mais inscrit 11,8 points par match.
Cleveland enchaîne la saison suivante en remportant presque autant de victoires (44), et Austin Carr joue les 82 matchs de la saison pour la première fois depuis son année sophomore. Son temps de jeu augmente et il redevient une des meilleures armes offensives de l’équipe avec 16 points de moyenne. Les playoffs passent de séries au meilleur des 7 matchs à des séries au meilleur des 3 matchs, et les Bullets prennent leurs revanche. Carr s’écroule et ne score que 7 points a 28 % de moyenne.
La saison suivante est sensiblement la même d’un point de vue collectif, avec une saison tout juste positive et une défaite en 2 manches face aux Knicks en playoffs, malgré deux bons matchs de Austin Carr, qui ne peut toutefois empêcher une nouvelle défaite au premier tour. C’est la dernière fois que Carr prendra part aux playoffs.
L’année suivante, l’équipe est décimée par les blessures, et ne remporte que 31 victoires malgré la meilleure marque offensive depuis quatre saisons pour Carr, qui est un des deux seuls joueurs de l’équipe à jouer les 82 matchs. La saison 1979-80 est la dernière de Carr aux Cavaliers. L’équipe a évoluée et il fait désormais figure de vétéran au sein d »un groupe qui n’atteindra pas les playoffs en dépit de ses 42 victoires. Statistiquement, Carr quitte l’équipe sur une dernière saison honnête, avec 12 points de moyenne en 21 minutes.
Il finira sa carrière en disputant 47 matchs entre Washington et Dallas, où son temps de jeu demeurera limité, avant de se retirer des parquets.
Austin Carr aura donc passé 10 saisons dans la ligue, dont neuf à Cleveland. Premier grand joueur de l’histoire de l’équipe, il est à l’origine des premières heures de gloire de la franchise de l’Ohio. Il finit sa carrière avec des moyennes très honorables : 15,4 points, 2,9 rebonds, 2,8 passes et 0,8 interceptions à 44,9 %, le tout en seulement 28 minutes de jeu. Il est encore aujourd’hui le quatrième meilleur scoreur de l’histoire des Cavaliers avec 10 265 points marqués.
Son maillot 34 est l’un des six retirés par Cleveland. Il commente désormais les matchs des Cavaliers pour la chaîne Fox Sports Net Ohio en compagnie de Fred McLeod et Allie Clifton.
1986, un Tar Heel, comme une évidence
La première partie des années 1980 est marquée par la formidable génération des Tar Heels de l’université de North Carolina, dont Brad Daugherty fait partie. Le pivot fera un cursus complet dans l’université. D’abord dans l’ombre de Sam Perkins, James Worthy ou encore d’un certain Michael Jordan, il portera l’équipe lors de ses deux dernières saisons avec des statistiques impressionnantes. En 1986, Cleveland obtient le premier choix de la draft, grâce à un échange avec Philadelphie auxquels les Cavaliers envoient Roy Hinson et du cash. Munie de ce pick, l’équipe sélectionne celui qui possède, selon les observateurs, un avenir extrêmement brillant en NBA.
Ses 2m16 pour 120 kilos et l’habitude qu’il a de jouer dans une attaque en mouvement avec North Carolina font de lui une star dès le jour de sa draft. Daugherty ne passera « que » sept saisons dans la ligue, mais laissera une trace indélébile dans l’histoire de la franchise, en partie à cause d’une certaine malchance qui s’acharne sur lui. Ses problèmes de dos, par exemple, le forceront à prendre sa retraite officielle en 1996, sa carrière étant restée en suspens depuis la saison 1993-94.
Il a aussi la – relative – malchance d’avoir appartenu à l’âge d’or des pivots en NBA. David Robinson, Patrick Ewing, Hakeem Olajuwon, Robert Parish puis Shaquille O’Neal dans ses dernières années actives, sont autant de joueurs plus médiatisés que lui. Pourtant, Daugherty n’a pas à rougir de ses performances, ni d’un quelconque complexe d’infériorité par rapport aux monstres cités précédemment. His Airness reconnaissait lui-même qu’il s’agissait de l’un des tous meilleurs pivots de la ligue, bien qu’il n’ait pas la même réputation que certains de ses adversaires.
Et, comme bon nombre de très grands joueurs et de très grandes équipes de la même époque, Brad Daugherty, malgré le soutien de joueurs tels que Larry Nance et Mark Price, eut le malheur de tomber contre le plus grand joueur de tous les temps en la personne de Michael Jordan, qui écrasait tout sur son passage avec les Bulls.
Ainsi, en huit saisons, le pivot goute six fois aux playoffs. À cinq reprises, c’est le Chicago de Sa Majesté qui brisera les espoirs de la franchise de l’Ohio. Et si c’est en 1992 que les Cavaliers iront le plus loin, s’inclinant contre une équipe de Chicago en route vers le back-to-back en Finales de Conférence, c’est bel et bien la défaite de 1989 qui reste la plus douloureuse.
Lors de l’ultime Game 5, et alors que Craig Ehlo vient de donner l’avantage à Cleveland à trois secondes de la fin, Jordan sort The Shot, un des tirs les plus mythiques de l’histoire pour donner à son équipe la victoire au buzzer. Toute sa carrière, et à l’instar de LeBron James 15 ans plus tard, Daugherty et ses formidables coéquipiers cités précédemment (Price, Ehlo, Nance ou encore Rod Williams), vont faire de Cleveland l’une des toutes meilleurs équipes de la ligue. Mais comme James, jamais les Cavaliers n’iront chercher le titre ultime.
En 1992-93, Daugherty réalise sa dernière saison « pleine » (il ne disputera jamais l’intégralité d’une saison), et la termine pour la troisième fois de suite à plus de 20 points et 10 rebonds. Jamais, avant ou après, dans l’histoire des Cavaliers, un joueur n’aura pu se targuer d’avoir des moyennes similaires, ne serait ce que sur une saison. C’est dire la place de choix que possède ce petit fils d’un chef indien Cherokee dans l’histoire de la franchise.
Au moment de prendre sa retraite et malgré les saisons écourtées qu’il a disputé, Brad Daugherty est le meilleur scoreur de l’histoire de Cleveland (désormais troisième, derrière LeBron James et Zydrunas Ilgauskas), ainsi que le meilleur rebondeur (là aussi dépassé par le pivot balte). Quintuple All Star, il quitte la NBA avec des moyennes de 19 points, 9,5 rebonds et 3,7 passes à 52 % aux tirs, ce qui fait de lui un des meilleurs pivots passeurs que la ligue ait pu compter dans ses rangs.
En 1996, Cleveland retire son numéro 43. En 1999, Daugherty est le seul joueur à être choisi par chacun des 32 journalistes interrogés pour désigner le meilleur cinq majeur de l’histoire des Cavaliers. En prenant sa retraite à seulement 28 ans, et après des saisons de plus en plus prolifiques, les regrets qu’il laisse derrière lui sont immenses si l’on pense à tout ce qu’il aurait pu accomplir par la suite. Il reste, malgré cela, l’un des tout meilleurs joueurs de la franchise de l’Ohio.
Article rédigé par Titouan Dudognon