A l’issue d’une draft peu lisible, Débats Sports livre ses premiers bilans. Qu’elles aient cherché des apports immédiats ou suivi des logiques à long terme, les franchises ont plus ou moins réussi leur draft ». Deuxième volet d’une série dont notre draftologue a le secret avec les franchises dont la réussite de la draft ne pourra être jugée qu’à moyen terme.
Quatrième épisode de cette série avec les Charlotte Bobcats.
Charlotte Bobcats
A peine lancée, il y a un peu plus d’un an, le décollage du nouveau projet sportif des Charlotte Bobcats prenait du plomb dans l’aile en ce début d’été lorsque le licenciement de Mike Dunlap était officialisé par la franchise de Caroline du Nord.
Les motifs d’un tel limogeage interrogeaient.
Mauvais résultats ?
Le technicien n’avait pas le talent nécessaire dans son groupe pour hisser ses hommes au-delà du second plus mauvais bilan.
Aucune amélioration visible par rapport à son prédécesseur ?
L’équipe avait pourtant débuté la saison en trombe grâce à une rigueur défensive et une discipline inédites.
Sauf problème de vestiaire, la raison devait tenir à une progression des jeunes jugée insuffisamment rapide par les instances dirigeantes.
La conjecture d’un coup de sang du propriétaire Michael Jordan, frustré de voir sa formation finir encore – logiquement – dans les bas-fonds, n’apparaît pas farfelue, compte-tenu des bruits de couloirs persistants selon lesquels il ne laisse pas les pleins pouvoirs à son General Manager Rich Cho.
Afin de retrouver le plaisir de la victoire plus fréquemment, la direction a conclu deux opérations remarquables.
Tout d’abord, elle a maints fois rencontré Al Jefferson à Utah, la franchise de Caroline du Nord ne tarda pas à le convaincre, s’assurant, au soir de la Draft, qu’il signerait avec les Bobcats quelques jours plus tard.
Puis, les Bobcats ont fait le choix de prendre l’ailier-fort/pivot Cody Zeller d’Indiana à la cérémonie du 27 Juin.
La sélection de l’un des meilleurs intérieurs universitaires l’an passé a suscité une vague de mécontentements auprès des fans, craignant qu’il ne soit trop tendre, mentalement et physiquement pour se frotter aux gros bras de la ligue professionnelle.
Pourtant, compte-tenu du projet de Charlotte, il n’est pas question de juger la réussite du pari Zeller à l’aune des performances de sa saison rookie.
En résumé, le succès, ou l’échec, de la Draft de Charlotte ne pourra être déterminé qu’à court ou moyen terme.
L’acquisition des services d’Al Jefferson pose la question de la complémentarité avec le rookie, mais elle ne constitue en fait qu’une composante de la définition de l’identité de jeu de l’équipe.
Cette dernière se caractérisait l’an passé par un déficit de talent face aux autres cylindrées de la grande ligue, mais également par une remarquable jeunesse.
De ces deux traits saillants découlaient naturellement une application défensive irréprochable – la puissance de feu adverse étant systématiquement supérieure – et un penchant pour la contre-attaque, si fertile en points faciles.
Les lacunes de certains au tir s’en trouvaient d’ailleurs masquées, et, sur jeu placé, les pénétrations convenaient particulièrement aux cadres Kemba Walker et Michael Kidd-Gilchrist.
Comment dès lors intégrer la toute nouvelle raquette titulaire annoncée par la franchise composée d’Al Jefferson et Cody Zeller ?
L’ancien chef de meute du Jazz n’est pas réputé pour sa pointe de vitesse, l’empêchant de gambader avec les autres Cats pour prendre les défenseurs de court dans la raquette adverse.
En outre, le Franchise player fraîchement intronisé n’a pas brillé jusqu’ici, de son propre aveu, par ses qualités de protection du cercle de sa formation.
Or, pour lancer une contre-attaque, il faut réaliser au préalable une action d’éclat défensive, près de l’arceau ou non, bien que celle-ci n’a pas l’obligation d’être instiguée par le pivot.
Le novice n’est pas en mesure d’apporter plus de certitudes puisqu’il n’a, à l’heure actuelle, pas fait d’étincelles de ce côté du terrain. Sa rapidité à courir d’un panier à l’autre, en revanche, s’accommode bien des goûts de ses nouveaux coéquipiers.
Le problème de la force de dissuasion de la raquette demeure dans le cinq majeur, tant la paire apparaît friable dans ce secteur du jeu.
La solution apportée sera, à n’en pas douter, l’entrée en jeu fréquente du spécialiste Bismack Biyombo, même si Charlotte affichera « Portes ouvertes » durant de longues séquences des rencontres édition 2013-2014.
Le tactique des Bobcats ne se résume pourtant pas à effectuer des sprints d’une extrémité à l’autre du parquet et la venue de Jefferson ne relève pas de l’absurde puisque ce renfort se justifie pleinement sur le plan offensif.
Sur demi-terrain, la NBA compte peu d’intérieurs dont l’arsenal rivalise avec la nouvelle recrue de Michael Jordan. Capable de s’écarter comme d’opérer dos au panier, le pivot apporte finalement le scoring dans le périmètre dont elle manquait cruellement.
Le premier à chérir cette polyvalence du dernier venu se nomme évidemment Cody Zeller. Suscitant moult inquiétudes au sujet de son manque dureté dans le combat au corps-à-corps, le débutant peut à son aise prendre ses distances pour tirer à mi-distance.
S’il s’y avère insuffisamment efficace, l’entraineur peut encore restreindre son rôle à la recherche du rebond offensif tant son compère sous les panneaux est friand de ticket-shoots, au point d’avoir précédemment gagné le sobriquet de « trou noir ».
Surtout, la présence des deux hommes au sein du collectif s’annonce vitale pour leurs coéquipiers. Afin que les pénétrations vers le cercle soient permises, la raquette ne doit pas être embouteillée. Il en résulte l’impératif de disposer d’un intérieur se tenant loin du cercle, artillant à mi-distance le cas échéant. Or, les deux nouvelles têtes d’affiche en sont capables, ce qui rend possible les paires Biyombo-Zeller, Biyombo-Jefferson, et bien entendu Jefferson-Zeller.
Par conséquent, l’acquisition du rookie et du vétéran établi dénote une grande cohérence, puisque, tout en apportant de nouvelles menaces offensives crédibles, elle ne prive en rien les joueurs majeurs Walker et Kidd-Gilchrist de leur arme de prédilection.
En définitive, la direction est en droit d’attendre de grandes performances de son rookie en raison de son utilisation d’un choix aussi haut que le 4 afin de l’attirer dans ses filets.
Mais elle ne peut déjà considérer la Draft 2013 réussie dans la mesure où son protégé ne se sera pas suffisamment étoffé durant l’été, sauf miracle, pour assumer le défi physique de la grande ligue dès l’an prochain.
Les Bobcats vont-ils remonter la pente avec fracas dès 2014 ?
Rares sont les observateurs à l’affirmer.
En réalité, la stratégie des instances dirigeantes a certainement pris en compte l’importance dans leur projet sportif de l’échéance de la prochaine Draft avec pas moins de trois choix à son premier tour, en cas de parcours victorieux des Portland Trail Blazers et Detroit Pistons… et de résultats moyens de la troupe menée par Al Jefferson.
Le véritable test pour l’ex-Hoosier devrait donc avoir lieu lors de la campagne suivant, quand son corps sera aux normes NBA, tandis que les échecs collectifs de cette première saison s’inscrivent sans doute dans la logique d’obtention du choix de Draft mentionné.
Son rôle durable au sein du groupe ne sera vraisemblablement déterminé qu’en ayant pris compte de ses capacités après son adaptation au niveau professionnel, ainsi que celles des transfuges de la cérémonie de Juin 2014.
Le compétiteur Michael Jordan survivra-t-il à un nouvel exercice piteux de ses hommes ?