A l’issue d’une draft peu lisible, Débats Sports livre ses premiers bilans. Qu’elles aient cherché des apports immédiats ou suivi des logiques à long terme, les franchises ont plus ou moins réussi leur draft ». Premier volet d’une série dont notre draftologue a le secret avec les franchises qui ont dès à présent réussi leur cérémonie du 27 juin.
Troisième franchise a avoir dès à présent réussi sa cérémonie, les Washington Wizards.
Washington Wizards
Pour la seconde année consécutive, les Washington Wizards disposaient le Jeudi 27 Juin au soir d’un troisième choix de Draft acquis de manière inattendue grâce à la chance de son porte-bonheur le soir de la loterie, Bradley Beal…le troisième choix de la Draft 2012.
L’été dernier, les pontes de DC ne laissaient planer aucun doute sur leur visée lors de l’exercice 2012-2013. Après avoir obtenu Nenê, les Wizards s’attachaient les services de l’affable vétéran Emeka Okafor ainsi que de l’ailier Trevor Ariza.
La page Arenas-Blatche-McGee était tournée…
Le but de la manœuvre était alors explicite : entourer la star en devenir John Wall et le néo-drafté Bradley Beal de joueurs d’expérience dans le cinq, capables d’accélérer leur progression et d’encadrer le groupe dans le vestiaire.
Débarrassé des fantômes du passé, Washington s’imaginait déjà, et de nombreux observateurs avec eux, renouer avec les playoffs pour sceller l’évolution salvatrice de l’orientation de l’équipe.
Cette dernière a pourtant connu un sérieux retard à l’allumage…
Plombée par les blessures, la formation n’en a pas moins connu une seconde moitié de saison honorable conditionnée par des performances dantesques de John Wall, soucieux de prouver qu’il méritait un contrait maximum, et la progression constante de son compère rookie issu de l’université de Florida.
Menée par sa paire prometteuse, la franchise n’avait plus qu’à entrer dans la présente intersaison en surfant sur la dynamique positive et à réaliser quelques ajustements, telle la signature d’Eric Maynor, afin de renforcer un groupe finalement déjà compétitif quand la santé ne lui fait pas défaut.
Ainsi pénétrèrent les instances dirigeantes de Washington DC en la ville de New York, heureux de bénéficier d’une sélection aussi haute au cours de la cérémonie, et ne faisant pas mystère de leurs inclinations.
Deux logiques se sont opposées durant le processus pré-Draft mais la question avait déjà été tranchée dans le quartier général à l’arrivée du Commissionner David Stern sur la scène.
Cette interrogation ne leur est pas exclusive puisqu’elle parcourt l’ensemble des franchises lors de la grand-messe annuelle
Elle peut être résumée très succinctement : Court ou long terme ?
En l’occurrence, Anthony Bennett et Otto Porter se disputaient les faveurs des dirigeants.
Le premier présentait ainsi un potentiel intéressant sous les panneaux, accompagné de la confiance nécessaire à devenir, peut-être le maillon manquant d’un Big Three équilibré intérieur-extérieur, s’il parvient à effacer les doutes qui l’entourent.
Le second constituait en revanche une valeur sûre aux yeux des spécialistes et voyait d’un bon œil la possibilité de combler le poste faible, ailier shooteur, de la franchise de Washington en tant qu’étudiant de Georgetown.
Anthony Bennett est certes parti en premier mais le choix des Wizards eut-il été différent en cas de disponibilité du Canadien ?
Absolument pas !
Cela peut paraître étrange pour une équipe jeune, donc avec l’avenir devant elle, mais une décision résulte de la conjugaison de deux paramètres.
Dans un premier temps, la dynamique positive évoquée ne doit pas être ralentie sous peine de voir les chances d’après-saison réduites à peau de chagrin.
Bouleverser la hiérarchie sans garantie du succès de la relégation d’un sage des parquets n’est en effet pas gage de stabilité, tandis que le remplacement de Trevor Ariza ou de Martell Webster dans les rotations est plus logique et porte moins à conséquence.
Mais surtout, la ville présidentielle a connu les affres des paris sur le potentiel qui n’ont pas porté leurs fruits. Javale McGee et Andray Blatche exemplifient l’échec engendré par la logique de long-terme prôné par la direction.
L’accumulation de prospects, choisis sur le critère du potentiel uniquement a mené la franchise au démantèlement d’un groupe dysfonctionnel, ce qui a d’ailleurs permis aux vilains petits canards d’hier d’évoluer dans des environnements différents… et de se refaire une santé sportive.
En élisant Otto Porter, Washington décide ainsi d’ajouter conjointement une personnalité malléable à l’effectif – à l’inverse d’Anthony Bennett, très confiant en ses capacités – et un basketteur dont le niveau de jeu ne surprendra probablement pas, en bien mais aussi et surtout en mal.
Quant au problème du besoin à long terme d’une force intérieure dans le but de constituer un Big Three aux côtés de Bradley Beal et John Wall afin de viser le titre, l’organisation compte probablement sur l’attractivité du duo, et sa progression, pour attraper un gros poisson sur le marché des agents libres.
Cette stratégie, qui n’est pas dénuée de sens et s’inscrit dans la logique de prudence du front-office, présente en plus l’avantage de ne pas briser l’élan de la fin de saison passée, après des années de disette, sur lequel il faut absolument capitaliser.
Au second tour, les Wizards ont mis la main sur Glen Rice Jr. Avec un choix 35, obtenu de haute lutte aux mains de Philadelphie, Washington a plutôt fait une bonne opération.
Le jeune homme constitue une option supplémentaire aux postes 2 et 3, et possède un QI basket plus important qu’un Martell Webster par exemple.
Le nouveau venu a notamment porté l’équipe de D-League des Houston Rockets sur ses épaules lors des Finals, finissant MVP après avoir passé le plus clair de la saison sur le banc, à attendre sa chance.
Si le niveau de la ligue de développement reste évidemment inférieur à sa grande sœur, réussir de telles performances dans une configuration de jeu NBA ne doit pas être pris à la légère.
Certains pourraient arguer de la mauvaise réputation d’un prospect réputé pour être un caractère difficile.
Or, le fils de l’ancienne gâchette de Miami a su faire sa rédemption, thème si cher aux états-uniens. En évoluant dans le monde professionnel, l’homme a appris à se contenter de se taire et de travailler. Ses frasques, qui avaient conduit à son exclusion de l’université de Marquette, ne sont désormais plus qu’un lointain souvenir.
Le collectif prime sur l’individu. Le choix de Glen Rice Jr. ne doit donc en aucun cas être lu comme le renouement de l’organisation avec ses vieux démons mais, au contraire, comme la confirmation de la maturation du désormais post-adolescent.
En résumé, les Washington Wizards ont déjà réussi leur Draft.
Entre la polyvalence d’Otto Porter, homme à tout faire sur un parquet, et la puissance de feu offensive de Glen Rice Jr., la franchise a trouvé les atouts d’aujourd’hui et de demain dont elle aura besoin au poste 3 pour nourrir ses ambitions.
A l’image des rivaux de Cleveland, les décisionnaires et les joueurs ont les yeux rivés sur le mois d’avril prochain…en attendant de viser plus haut encore.