A l’issue d’une draft peu lisible, Débats Sports livre ses premiers bilans. Qu’elles aient cherché des apports immédiats ou suivi des logiques à long terme, les franchises ont plus ou moins réussi leur draft ». Premier volet d’une série dont notre draftologue a le secret avec les franchises qui ont dès à présent réussi leur cérémonie du 27 juin.
Cinquième franchise a avoir dès à présent réussi sa cérémonie, Utah Jazz.
Utah Jazz
Bien qu’il ne bénéficie pas de la même attention que les grosses écuries que sont les Mavericks de Dallas et les Lakers et Los Angeles, l’Utah Jazz profite de l’été 2013 pour rebâtir les fondements de son édifice.
La gestion des intérieurs de la franchise mormone laissait perplexe. Riche de deux paires d’intérieurs convoités, la direction n’en a pourtant jamais tiré profit pour combler son manque de puissance de feu sur les postes arrières en transférant un ou deux de ses géants de la raquette.
La direction prise par la franchise lors de la présente intersaison a été rapidement ébruitée dans la mesure où les deux vétérans titulaires aux postes de pivot et d’ailier fort, en fin de contrat, étaient annoncés sur le départ.
Compte-tenu de leur statut de cadre de l’équipe, une telle décision ne pouvait qu’acter la réorientation d’une franchise soucieuse de donner plus de responsabilités aux jeunes pousses que sont Enes Kanter et Derrick Favors, mais également de se positionner parmi les cancres de la NBA pour obtenir une star en devenir à la prochaine Draft avec, en ligne de mire, Andrew Wiggins ou le mormon Jabari Parker.
Signe de cette reconstruction par la jeunesse, le Jazz a accepté de prendre en charge deux boulets salariaux en les personnes de Richard Jefferson et Andris Biedrins. La manœuvre a le mérite de la clarté : l’intérêt de l’organisation mormone à assumer ces dépenses pour les Golden State Warriors la saison prochaine réside bien sûr dans les deux choix du premier tour non protégés glanés aux californiens pour les années 2014 et 2017.
Al Jefferson et Paul Millsap laissés libres, la cérémonie du 27 Juin dernier ne pouvait dès lors qu’être un temps fort du tournant opéré.
De manière inattendue, dans une Draft particulièrement imprévisible, le top prospect Trey Burke, qui avait fait grimpé sa cote drastiquement grâce à ses performances éblouissantes pour l’université de Michigan lors de la March Madness, le tournoi universitaire, a chuté jusqu’à la 9ème place, échappant même à une sélection par Detroit qui lui préférèrent l’arrière de Géorgie Kentavious Caldwell-Pope.
Détenteurs des choix 14 et 21, les décisionnaires de la franchise ne se sont pas fait prier pour les céder en échange de celui qui reste considéré comme le meilleur meneur de la promotion.
En agissant de la sorte, Utah a non seulement fait l’acquisition d’un jeune talent à la seule position qui en était encore dépourvue, l’arrière Alec Burks et l’ailier shooteur Gordon Hayward venant compléter un cinq cimenté autour des deux intérieurs pré-cités, mais également comblé une lacune béante pour la saison prochaine, le contrat de tous les meneurs de jeu de l’effectif étant arrivés à échéance cet été.
En dépit d’un déficit de taille qui inquiète certains acteurs de la ligue états-unienne, l’ancien Wolverine a les qualités pour s’établir comme un joueur majeur au plus haut niveau et former un tandem explosif avec un Alec Burks qui devrait enfin monter en grade.
Démuni par la transaction de ses sélections au premier tour, le Jazz ne s’est pourtant pas arrêté en si bon chemin et a su profiter d’une autre chute dans le tableau du premier tour, celle du Français Rudy Gobert.
Jouissant d’une assez bonne réputation au cours de l’année, l’ancien choletais avait refroidi les décisionnaires lors du processus pré-Draft par une lenteur handicapante et une mécanique de tir viciée, deux éléments problématiques pour un prospect « déjà » âgé de 21 ans.
Les instances dirigeantes de l’organisation d’Utah logeant à Salt Lake City, il était écrit qu’elles ne seraient pas incommodées par le froid et qu’elles considéreraient Gobert avec leur choix 21.
Dépossédé dudit choix, quelle ne fut pas la surprise du General Manager de voir sa cible descendre progressivement jusqu’à la 27ème position, occupée par des Nuggets qui ne faisaient pas mystère depuis des semaines de leur envie de s’en séparer afin de ne pas s’encombrer d’un contrat garanti sur deux années.
Contre une sélection à la place 46 et une somme non communiquée, l’affaire était conclue.
Réputé pour son travail de développement des espoirs, Utah se retrouvait ainsi avec un projet sur le long-terme en Rudy Gobert que l’échéance de sa stratégie lui permettait.
De plus, le coût de la venue du Français semble particulièrement négligeable compte tenu de son potentiel pour un pivot de 7 pieds, denrée rare en NBA.
En résumé, l’Utah Jazz a déjà réussi sa Draft.
L’arrivée du prospect vient compléter un cinq majeur enthousiasmant, talentueux et plein d’avenir composé de Trey Burke-Alec Burks-Gordon Hayward-Derrick Favors-Enes Kanter.
S’il devait échouer à donner la pleine mesure de ses capacités, la direction ne pourrait nourrir aucun regret puisqu’il est considéré unanimement par les spécialistes comme le meilleur meneur de la Draft 2013.
Rudy Gobert, par son potentiel défensif et le travail d’ajustement et de développement qu’il lui reste à accomplir, s’inscrit pleinement dans ce projet long terme et peut tout à fait devenir une rotation intéressant au poste de pivot, dont les membres de qualité sont si rares au sein de la grande ligue.
Comme tout parcours d’apprentissage, la saison 2013 de la jeune escouade sera parsemée des échecs de l’inexpérience mais laissera poindre, à n’en pas douter, de belles promesses pour les fans de la franchise mormone.
Qu’importent les défaites ?
Suite à la reconfiguration de la formation, le Jazz se dirige évidemment vers la Draft 2014, dans laquelle elle souhaite puiser le franchise player qui manque encore à ses troupes grâce à une saison attendue en demi-teinte.
Avec de nombreux choix de Draft en poche et une grande flexibilité financière, le Jazz aura en plus une incroyable marge de manœuvre pour densifier encore son effectif.
Grâce au formidable virage pris par la direction, et sous réserve qu’elle puisse bénéficier d’un bon choix à la prochaine loterie, Utah pourrait bien parvenir à retrouver la lumière dans les deux ou trois années à venir… et rester durablement sous les feux des projecteurs.
Compte-tenu la tradition de la NBA à laisser la franchise mormone évoluer dans l’indifférence générale, réussir ne serait pas un mince exploit…