A l’issue d’une draft peu lisible, Débats Sports livre ses premiers bilans. Qu’elles aient cherché des apports immédiats ou suivi des logiques à long terme, les franchises ont plus ou moins réussi leur draft ». Premier volet d’une série dont notre draftologue a le secret avec les franchises qui ont dès à présent réussi leur cérémonie du 27 juin.
Seconde franchise a avoir dès à présent réussi sa cérémonie, le Magic d’Orlando.
Orlando Magic
Posté en embuscade derrière Cleveland, Orlando a également déjoué les pronostics et fait la fortune des bookmakers en sélectionnant l’arrière Victor Oladipo, dont la cote d’amour n’a cessé de grimper auprès de tous les décideurs NBA ces derniers mois.
La franchise floridienne abordait la cérémonie dans une position somme toute assez confortable. Le mérite en revient à la gestion magistrale du départ de Dwight Howard lors de la dernière intersaison qui a permis à la franchise de vivre une première saison de reconstruction agréable, alors qu’elle constitue presque systématiquement une purge pour l’organisation comme pour les spectateurs.
A nouveau renforcé en cours d’exercice par le coup de génie qui fit entre autres sortir Tobias Harris d’une sombre forêt du Wisconsin dans laquelle il se lamentait, l’effectif affichait à l’entrée de l’intersaison 2013 de nombreux jeunes talents qui égaillèrent la campagne achevée.
Ces derniers y ont démontré qu’ils pouvaient s’inscrire dans un projet de conquête du titre à long terme, les attentes placées en eux demeurant évidemment inégales.
Toute la problématique de la direction était alors d’incorporer à son groupe un espoir qui ne vienne pas entraver l’ascension de ceux déjà présents, soit proposer une certaine complémentarité avec les membres de l’équipe.
Pour la première fois en tant que dirigeant, Michael Jordan a fait des émules.
L’utilisation inattendue d’un second choix du premier tour pour un extérieur athlétique et bourré de potentiel caractérise en effet aussi bien la sélection de Michael Kidd-Gilchrist par Charlotte l’an passé que la présente décision d’ajouter Victor Oladipo à l’escouade d’Orlando.
Dans les deux cas, elle dénote une logique de reconstruction avant tout par la Draft, donc tablant nécessairement sur plus d’une saison.
Sur le plan du jeu, le jeune Victor apportera dès le premier jour sa défense acharnée et sera de toutes les contre-attaques mais l’intérêt de la franchise se trouve ailleurs.
Armé d’une rapidité et d’une détente hors-du-commun, Oladipo est avant tout un athlète capable d’attaquer l’arceau avec une rare facilité en pénétration.
Cependant, sa courbe de progression exponentielle lors de sa carrière universitaire dans l’Indiana nourrit les plus grands fantasmes des General Managers quant au niveau maximal qu’il atteindra quand son tir et sa compréhension du jeu auront réalisé des sauts qualitatifs.
Mais surtout, ce qui enthousiasme et fascine véritablement chez le prospect, c’est l’attitude de l’individu.
Victor Oladipo le confesse bien volontiers, il n’est pas un homme normal.
L’arrière fait partie d’une race extrêmement rare.
A l’image d’un Kevin Garnett, d’un Kobe Bryant ou d’un Michael Jordan, le néo-Magic est animé du feu inextinguible de l’esprit de compétition. Jouant chaque seconde comme si c’était la dernière de son existence, le jeune homme fait preuve d’une intensité qui imprime le moindre de ses gestes.
Loin d’être rassasiés par les jours d’exhibition, ces passionnés du ballon orange serpentent les salles de gymnastique comme d’autres sont des rats de bibliothèque.
Le joueur fraîchement introduit dans la ligue raconte à l’envi comment il a dû changer plusieurs fois sa carte magnétique d’entrée à la salle d’entraînement, devenue inopérante à force d’utilisation ou bien comment il ne put réprimer l’envie d’une séance il y a quelques années alors qu’il regardait une rencontre NBA au beau milieu de la nuit.
Bien que le Magic manque encore de shooteurs naturels à l’arrière, le choix de Victor Oladipo s’impose aujourd’hui comme une évidence tant ce leader charismatique peut être une source d’inspiration et un modèle de travail pour ses jeunes coéquipiers.
Cependant, il faut s’attendre à une volée de critiques du second choix de la Draft 2013 cette année par les commentateurs de tout poil, comme ce fut le cas pour son homologue de la cuvée 2012, en raison du manque d’impact immédiat qu’ils devraient partager sur les résultats de leurs franchises respectives.
Le choix de Romero Osby au second tour, en revanche, laisse plus perplexe par l’accumulation de basketteurs sur les postes d’ailiers qu’il accentue mais sa polyvalence et sa dernière saison convaincante à Oklahoma laissent entrevoir une possibilité pour l’intéressé de faire sa place en NBA un jour.
Un Myck Kabongo n’eut-il pas pu s’imposer à terme comme back-up à la mène ?
En résumé, le Magic a déjà réussi sa Draft.
L’organisation s’est doté d’un joueur, et surtout d’un homme, qui contribuera, quelque soit le niveau affiché, à définir la culture d’une formation prometteuse mais logiquement en panne d’identité puisque fruit d’un processus de reconstruction.
En plus d’insuffler un état d’esprit souvent déterminant in fine dans le succès ou l’échec d’une équipe dans la grande ligue, les Spurs, les Celtics ou les Pistons en attestant, le choix d’Orlando a le mérite de ménager la chèvre et le chou sur le plan sportif, dans la continuité de la saison écoulée.
D’un côté, l’équipe compte désormais un remarquable potentiel qui doit jouer un rôle-clé dans la future mouture de la formation blanche et bleue, comme joueur majeur ou comme strict chien de garde de la vedette adverse selon l’évolution du prospect.
De l’autre, elle récupère un produit qui n’est pas fini et dont le niveau de jeu immédiat ne sera pas époustouflant en NBA a priori, sauf progression météorique du jeune homme, probabilité qu’il ne faut jamais exclure définitivement.
En d’autres termes, le nouveau venu apportera en novembre son attitude et son éthique de travail sans faire décoller l’organisation des bas-fonds dans lesquels elle doit absolument rester une année de plus pour décrocher à la prochaine Draft le franchise-player dont elle a besoin pour atteindre les sommets d’ici quelques saisons.
En attendant, le General Manager Rob Hennigan ne s’y est pas trompé et a conservé sa ligne de conduite en ne courant pas les agents-libres (Al Jefferson ?) susceptibles de lui faire rater un des meilleurs choix de la cérémonie de l’an prochain.
Les ambitions de l’équipe lors de la saison qui suivra seront alors d’un tout autre acabit…et les fans restés fidèles à l’ancienne formation de Penny Hardaway s’en donneront à cœur joie.