A l’aube de la saison dernière, la fusion des équipes Leopard-Trek et Radioshack annonçait la création d’une réelle « Dream Team » capable d’imposer sa loi sur tous les terrains. En effet, la structure présentait un effectif ronflant avec les frères Schleck pour briller sur les courses à étapes et les ardennaises et Fabian Cancellara pour régner sur les contre la montre et les flandriennes, et une pléiade de solides coéquipiers pouvant jouer les leaders sur des épreuves secondaires tels les vétérans Christopher Horner et Andréas Klöden ou encore Maxime Monfort et Jacob Fulgsang.
Malgré tout, après une petite année d’existence, la formation RadioShack-Nissan-Leopard-Trek s’apprête à mourir en fin de saison, laissant derrière elle un énorme gâchis.
Intimement lié à la personne de Lance Armstrong, les sponsors personne de Lance qui quittent les uns après les autres le navire. Le sponsor titre de la formation des frères Schleck et de Fabian Cancellara quittera le monde du cyclisme à la fin du présent exercice. Et pour cause, alors que les révélations de Lance Armstrong ont considérablement terni l’image du cyclisme outre atlantique, la société spécialisée dans les composants électroniques annonce des pertes sur son activité du second semestre 2012 de 21 millions de dollars en plus d’une volonté stratégique de réorienter ses activités vers le marché asiatique où le cyclisme n’est pas nécessairement le meilleur vecteur de communication.
Le départ de RadioShack laisse la structure aux mains de son propriétaire, le magnat de l’immobilier luxembourgeois Flavio Becca qui avait soutenu la création de la Leopard-Trek, initiative des frères Schleck lors de leur départ de la Saxo Bank. Maintenir l’équipe dans le peloton sera une tâche semée d’embuches qu’il ne parviendra pas à écarter.
La marque américaine n’est pas la seule à cesser son partenariat. Déjà, la société luxembourgeoise Enovos avait mis fin à sa collaboration, échaudée par la suspension pour un an de Frank Schleck contrôlé positif à la xipamide sur le dernier Tour de France. Le constructeur automobile, Nissan a quant à lui exigé que son nom n’apparaisse plus sur les maillots des cyclistes, bien qu’il maintient son soutien financier conformément au contrat noué entre les deux parties.
Mais au delà des retombées de l’affaire Armstrong, la structure actuellement dirigée par Luca Guercilena et Alain Gallopin peut se mordre les doigts d’avoir gâché les moyens mis à leurs dispositions.
Conduite par un Johan Bruynel aujourd’hui accusé par l’USADA d’avoir organisé le dopage au sein des différentes équipes qu’il a dirigées, la formation Radioshack-Nissan n’a remporté que 15 succès terminant à la 12ème place au classement inepte mais révélateur de l’UCI World Tour en 2012. Sur les 619 points qu’a remporté la structure, 134 reviennent à Fabien Cancellara, 120 à Christopher Honer et 94 à Haimar Zubeldia. Soit plus de 53% du total pour trois coureurs en instance de départ.
Construite pour régner sur les courses à étapes, l’équipe n’en a remporté que trois la saison passée. Et pas les plus glorieuses. Le Tour de Wallonie avec le jeune italien Nizzolo, le Tour du Luxembourg et le Tour d’Autriche avec Jacok Fuglsang désormais passé chez Astana. Son leader, Andy Schleck qui avait programmé l’intégralité de sa saison sur le Tour de France n’y a pas pris part, son frère s’y est fait contrôlé positif et Haimar Zubeldia a joué les leaders de substitution non sans succès. L’espagnol terminant à la 6ème place.
Forfait pour le dernier Tour de France, Andy Schleck ne s’est toujours pas remis de sa lourde chute lors du Criterium du Dauphiné Libéré. S’il a retrouvé ses moyens physiques, le luxembourgeois n’y est plus sur le plan mental. Son début de saison est catastrophique : abandon au Tour Down Under, aux Strade Bianche, au Tour Méditerranéen ainsi qu’à Tirreno Adriatico. Luca Guercilena, nommé directeur sportif en lieu et place de Bruynel résume la situation de son « leader » : « Son problème est psychologique et il a besoin de consulter un psy ».
L’interview qu’il a accordée à la télévision luxembourgeoise RTL sonne comme une tentative désespérée de redonner espoir à ses fans.
[colored_box color= »red »]Je vais très bien et les beaux jours sont en train de revenir au Luxembourg. Je m’entraîne tous les jours et je suis content de revenir après tout ce temps à la maison avec la famille. Je suis optimiste. Je travaille très dur et je n’ai jamais autant travaillé que les années précédentes depuis le 1er janvier. Je n’ai dormi que six nuits chez moi et j’étais dans des camps d’entraînements ou à des courses. Je crois que je peux encore bien rouler à vélo. J’ai une ligne de conduite et je continue à travailler. Je sais que les gens qui croient en moi, continueront de croire en moi. Mais j’espère que ça ira mieux dans le futur. (…) Mes objectifs sont toujours les mêmes. Les classiques avec Liège et le Tour de France. J’espère que lors des classiques j’aurai un bon niveau et on verra bien jusqu’à où j’aurai ce niveau.[/colored_box]
Les Schleck suspendu ou en méforme, seul Fabian Cancellara est en mesure de représenter les ambitions des anciens de la Leopard-Trek. Si le suisse reste un des favoris pour les prochaines flandriennes il est bien esseulé au sein de sa formation là où un Tom Boonen peut compter sur une véritable armada à son service. Pire, le passage chez Leopard-Trek en 2011, puis RadioShack-Nissan en 2012 a correspondu avec la fin de sa domination sans partage. Depuis qu’il a rejoint la structure luxembourgeoise, le suiise n’est parvenu qu’à remporter le GPE3 en 2011 et les Strade Bianche en 2012 et des épreuves contre la montre. Un bilan maigre pour l’ogre qu’il était en 2010 sous les couleurs de la Saxo Bank.
Avec une réputation ternie par les révélations de Lance Armstrong dont les sponsors personnels finançaient également la structure, par accusations concernant le sulfureux Johan Bruynel et la suspension de Frank Schleck, sans succès sportifs probants, la structure RadioShack va, sans nul doute disparaître du paysage cycliste international. Son effectif vieillissant avec 10 coureurs de 33 ans ou plus et trop peu des leaders dans des situations peu enviables ne plaident pas pour une reprise. D’autant plus que le budget de la structure pour 2012 excède ceux de la FDJ et d’Europcar cumulés…