Les tournées d’hiver sont parfois très déséquilibrées. Alors que les équipes du nord abordent la fin de la première moitié de la saison, les nations du sud préparent leurs vacances après un four nations éreintant. Malgré tout il est rare pour le XV de France de remporter tous leurs matchs. Ça sera chose faite dès le week-end prochain si les hommes de Philippe Saint André battent les faibles samoans.
Ce n’était pourtant pas chose aisée pour les bleus. Ils restaient sur une humiliante défaite face aux australiens (59-16 en 2010) et se sont bien vengés en ne laissant que six points aux wallabies quand les français en inscrivaient 33. Une performance de taille car les bleus n’avaient pas battu l’Australie depuis 2005 en test match.
La semaine dernière c’est face à une autre nation qui ne réussit pas traditionnellement au XV de France, l’Argentine, que les bleus ont confirmé leur bonne entrée en matière. La France a de nouveau dépassé la barre des trente points et a su résister aux folles envolées des pumas.
Hormis les bons résultats, c’est surtout la manière qui est à souligner. Lors du dernier tournoi, la France a souffert de la comparaison face aux gallois et aux nouveaux anglais. S’en suivront deux défaites dont une piteuse déconvenue au Stade de France face au XV de la Rose. Même face aux écossais les bleus avaient été à la peine durant une bonne partie du match. Ces deux victoires sont donc une bonne nouvelle pour une sélection qui a perdu des éléments clés durant l’été.
Servat, Nallet, Harinordoquy, Yachvili, Rougerie, Dupuy, Attoub, Ducalcon, Poitrenaud, Beauxis, Palisson, Buttin, Poux, Bonnaire, Pierre et Malzieu. Voici les joueurs appelés pour l’édition 2012 du tournoi et qui ne sont pas de la fête de l’automne. On peut aussi rajouter Médard et le capitaine Dusautoir, mais on peut aisément supposer que sans blessure, ils ont leurs places parmi le groupe actuel. PSA n’avait donc pas tâche facile d’aborder une série de matchs délicats avec un groupe assez inexpérimenté. Parmi les quinze joueurs sur le pré face aux australiens, quatre joueurs n’avaient jamais foulé la pelouse du Stade de France : le première ligne et l’arrière de Castres, Yannick Forestier et Brice Dulin, le tracteur toulonnais Jocelino Suta et le demi de mêlée du Racing Maxime Machenaud. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont répondu présent.
Mais bizarrement ce ne sont pas les nouveaux qui ont apporté le plus de satisfaction, ce sont les revenants. Et tout particulièrement Frédéric Michalak. Nombreux ont été les spécialistes à critiquer le choix de Boudjellal de signer l’ancien toulousain, mais au vue de sa performance à l’ouverture lors de ces deux matchs, on ne peut que saluer son choix. L’ouvreur a inscrit 39 points, tous au pied, en signant un 100% (7/7 sur les pénalités et 6/6 sur les transformations) avec en prime un drop par match. Mais ses performances ne doivent pas se résumer à un jeu au pied statique parfait. Il a vu le jeu à la perfection et ses accélérations et coups de pied par-dessus la ligne défensive ont porté le danger et ont souvent été conclu par des points.
Autre revenant : Thomas Domingo. Le pilier faisait déjà partie de la tournée d’été et a confirmé sa bonne forme lors des ses entrées en jeu en remplacement de Yannick Forestier. Rentré à la 50ème, il a apporté la solidité à une mêlée française rarement mise en défaut. Il n’avait pourtant pas porté la tunique bleue depuis le Tournoi 2011 et a confirmé qu’il était revenu au top de sa forme. Il aurait même pu être crédité d’un essai sur une série de pick & go face aux wallabies mais l’arbitre donnera mêlée à cinq mètres. Peu importe, la mêlée française, comme à ses grandes heures du grand chelem de 2010, enfonce ses adversaires pour un essai de pénalité.
Fulgence Ouedraogo également a bien suppléé Thierry Dusautoir blessé. Présent au mondial, mais pas au tournoi 2012, le capitaine de Montpellier a démontré qu’il s’intégrait parfaitement à une troisième ligne bleue qui plus que jamais représente une référence mondiale.
Mais au final, c’est bien Benjamin Kayser qui doit être félicité. Souvent 3ème homme, et jamais appelé, derrière Servat et Szarzewski, il a enfin la place qu’il mérite et doit grandement soulager Saint André. Car avec la retraite de Servat, on voyait mal qui pourrait prendre place sur le banc afin d’assurer une rotation au talonnage. Kayser n’avait pas été rappelé depuis le tournoi… 2009.
Le match de samedi n’est qu’anecdotique, et ne servira qu’à tester les joueurs en manque de temps de jeu en bleu. Domingo pourrait débuter en première ligne et Parra prendra probablement place aux côtés de Michalak pour former une paire 9/10 qui risque de poser de nombreux problèmes lors du prochain tournoi.
Car avec de telles performances, les bleus postulent pour le Grand Chelem, et cela malgré un calendrier périlleux (3 déplacements, dont deux très délicats en Angleterre et en Irlande). A l’issue des tests d’automne, et en cas de victoires face aux samoans, les bleus seront les seuls à rester invaincus parmi les nations du nord. Les irlandais sont tombés face aux sud-africains, avant d’humilier les Fidji. Les anglais ont fait de même, mais n’ont pas ensuite résisté face aux australiens. Quant aux écossais et aux italiens, ils ont subi la loi des all blacks. Enfin les gallois sont pourtant coincés à zéro victoire après leurs déconvenues face aux argentins et aux samoans. Mais la vérité de l’automne n’est pas celle du printemps.