Pourquoi Roger Federer va gagner Roland Garros.

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Quoi ? Quoi, quoi, quoi ? Pourquoi Roger Federer va gagner Roland Garros ? En 2015 ? C’est une blague ?



Et bien…non. Je vous l’accorde, la liste des arguments pour un article s’intitulant « Pourquoi Roger Federer ne gagnera pas Roland Garros ? » semble bien plus longue. En vrac ? Il a 33 ans, il n’a pas gagné un Grand Chelem depuis presque trois ans, il n’est plus aussi efficace en cinq sets, la surface ocre est celle où il est le moins bon (ou, du moins, le moins exceptionnel), il n’a jamais vraiment résolu le problème Rafael Nadal en outdoor, encore moins en trois sets gagnant, encore moins sur terre, et encore moins à Paris. Et ce n’est qu’un petit apercu du nombre de choses allant contre la possibilité de voir Federer soulever une nouvelle fois la coupe des Mousquetaires. Et pourtant, Roger Federer deviendra, le dimanche 7 Juin 2015, sur les coups de 18 heures, le premier joueur de l’histoire à avoir remporté deux fois chaque Grand Chelem. Voilà pourquoi, en 5 points.

1 – Son niveau de jeu.

Pour gagner un tournoi du Grand Chelem, il y a un grand nombre de choses à prendre en compte : Un tirage au sort convenable, des favoris qui désertent le tournoi précocement, de la chance… Mais il y a un facteur plus important, et commun à tous : il faut posséder un niveau de jeu suffisant pour avoir une chance de terrasser tous ses adversaires. Cette condition là, Roger Federer la possède. Depuis 1 an et demi, le Maestro ne cesse de monter en puissance. En forme physiquement, il peut jouer librement, sans se soucier de petits pépins, malgré une alerte en fin de saison passée. On ne va pas revenir en longueur sur l’arrivée de Stefan Edberg, et les bienfaits de la cohabitation entre l’helvète et le suédois, mais, parfois, on se demande si Federer ne pratique pas le meilleur tennis de sa carrière.

Il avait impressionné l’an dernier, et il est parti de la même manière en 2015. Cette saison, il est à 16 victoires pour 2 défaites. Il a remporté 2 tournois et a joué une finale. Contre Berdych à Indians Wells ou contre Djokovic en finale à Dubai, il a pratiqué un niveau de jeu ahurissant, avec notamment un service incroyablement efficace. On pourrait parler de ses capacités pendant cinq pages, mais est-ce utile de pointer du doigt le talent et le niveau de jeu d’un homme qui a remporté 17 tournois du Grand Chelem ?

2- Rafael Nadal est il encore Rafael Nadal ?

Lorsqu’on parle de Roland Garros, il est évident qu’un seul nom nous vient à l’esprit : « Rafael Nadal ». Nonuple vainqueur du tournoi Parisien, présentant un bilan de 66 victoires en 67 matchs, l’Espagnol fait figure d’ultra favori perpétuel du 2ème grand chelem de la saison (comme nous l’expliquions ici). Mais les années passent, et Rafael Nadal vieillit lui aussi. Son corps a tendance à le lacher relativement souvent.

Cette saison, Nadal est déjà à cinq défaites, dont une sur terre battue, et aucune de ses défaites n’a eu lieu contre un membre du big four historique. Contre Raonic à Indian Wells ou Verdasco à Miami, il a affiché des limites tennistiques criantes, du moins pour un joueur de son acabit. Un bras qui tremble dans les moments importants contre Raonic, et un placement de plus en plus loin de sa ligne de fond de court qui limite sa capacité à dicter son jeu avec son coup droit phénoménal. A l’Open d’Australie, il avait été séché violemment par Berdych en trois petits sets.

Evidemment, il ne s’agit que de tournoi sur béton. On sait très bien que Nadal n’est pas la même joueur dans son jardin de terre. Mais l’espagnol a rarement connu des débuts de saison de la sorte depuis qu’il est devenu le joueur que l’on connait.

3- Une adversité plus faible qu’en 2014

Evidemement, même si Nadal est le principal problème, il y’aura à Roland Garros 126 autres joueurs qui voudront faire de leur mieux, et qui espéreront briller dans un des tournois les plus mythiques de l’histoire du tennis. Mais, parmi ces 126 joueurs, combien semblent pouvoir entrer sur le cours le 7 Juin ? On serait tenté de dire peu.

L’an dernier, Dimitrov, Nishikori, voire Dolgopolov ou Gulbis abordaient Roland Garros avec des solides resultats. La nouvelle vague dans son ensemble pointait le bout de son nez, et apportait un vent de fraicheur sur le tennis mondial. Cette saison ? Cette génération est décevante. Excepté Milos Raonic, elle est clairement en deça de l’an dernier. Dimitrov est redevenu le talentueux mais inconstant joueur qu’il était en 2013. Nishikori a du mal à confirmer sa finale à l’US Open, et les 2 autres sont presques aux abonnés absents. Sans compter un Wawrinka qui semble lui aussi avoir perdu sa sérénité et qui peut trembler contre n’importe quel adversaire, un Monfils ou un Tsonga en méforme physique, ou encore un Cilic disparu. Ferrer et Berdych réalisent de très bons débuts de saison, et semblent être les joueurs les plus à mêmes de gêner les quatre meilleurs. Car, il en reste bien sûr deux.

Djokovic est sur une autre planète depuis janvier, et Murray est le seul, avec l’helvète, à pouvoir rivaliser avec le Serbe. Outre ce Big four qui totalise 34 des 37 derniers Grand Chelem, on a du mal à voir un autre joueur pouvant s’imposer à Paris. La très jeune génération pourrait créer des surprises, que ce soit Coric, Thiem ou encore Kyrgios, mais les voir faire tomber en cinq sets gagnants, sur terre, un de ces quatre hommes, cela semble utopique. Pour battre l’helvète, il faudra s’appeller Nadal ou Djokovic, ou être un gros frappeur dans la « zone », réalisant LE match de sa vie. (Ernests ou Robin, si vous nous lisez ..)

4- Une préparation axée terre battue

Après deux facteurs extérieurs à Federer, recentrons-nous sur le Maestro. D’abord, il faut pointer du doigt sa préparation, axée sur la terre battue. Le suisse a décidé de couper après Indian Wells en ne participant pas à Miami. Avec son âge et son nombre de victoires en carrière, Federer peut se payer le luxe de « choisir » ses Masters 1000.

Le numéro 2 mondial a décidé de s’aligner sur quatre tournois sur terre battue avant Roland Garros. Ce n’est que la deuxième fois de sa carrière que Federer prendra part à quatre tournois sur terre avant Roland Garros. En 2008, il était allé en finale de Roland Garros, où il avait pris la fessée de sa vie contre Nadal. Car, en grand homme d’affaire qu’il est, il sera la tête d’affiche du nouveau tournoi d’Istanbul fin avril. Ce qui ne l’empêchera pas, en Turquie, de peaufiner ses réglages tout en promouvant le tennis de l’autre coté du Bosphore. Pour le reste, ce seront les trois Masters 1000 de Monte-Carlo, Madrid puis Rome. En ne participant pas à Miami, Federer s’est donc offert deux voir e trois semaines d’avance sur ses adversaires. Il s’est offert également un peu de repos, ce qui ne peut lui faire du mal, lui qui aura 34 ans en juillet. Cette savante gestion du calendrier devrait lui offrir le mix optimal entre fraicheur physique et préparation sur terre battue.

5- Parce qu’il est Roger Federer

Ce cinquième critère, au titre un peu provocateur, est, à mon sens, le plus important. Il additionne tout ce qui fait que le Suisse est l’un des plus grands champions de l’histoire du sport, si ce n’est le plus grand.

Pour commencer, Federer sait qu’il peut marquer l’histoire. En n’arrivant pas à remporter un 2ème Open d’Australie, Rafael Nadal laisse encore la fenêtre ouverte à Federer pour devenir le premier joueur de l’histoire à remporter deux fois chaque majeur. Avec son amour du tennis et sa soif de records, il semble évident qu’au fond de lui, l’helvète a cette idée en tête. Avec la Coupe Davis, la liste des derniers objectifs à remplir se réduit. Il reste les JO, mais, il est trop tôt pour celà. Et puis, il y a celui-là : Battre Rafael Nadal à Roland Garros.

Pour certains, Federer n’est pas le meilleur joueur de tennis de l’histoire car, contre Nadal, il présente un faible bilan de 10 victoires pour 23 défaites. Sur terre battue, il ne l’a battu que deux fois sur quinze, et en Grand Chelem le taureau de Manacor mène 9-2. Ne vous méprenez pas, l’avis des personnes expliquant que Federer est inférieur à Nadal car leurs confrontations ne l’avantagent pas, le balois n’y prête peu d’attention.. En revanche, on touche ici à ce qui est à la fois le plus gros point fort et le plus gros point faible du Suisse : son égo.

Pour tout le monde, Federer est un sportif cool, père de famille, toujours souriant, relax en toute circonstance et qui fait preuve d’une humilité sans faille. Si il y a du vrai là-dedans, il est évident que Federer est un sportif d’une espèce rare. Le Suisse possède un égo surdimensionné, une confiance inébranlable en lui et en son jeu. Jamais, il ne se remet en question. Contre Nadal sur terre battue, le suisse a toujours pensé pouvoir battre le Majorquin en pratiquant « son jeu ». Il n’a jamais vraiment pointé du doigt son style tennistique qui plait parfaitement à l’espagnol, ou encore une quelconque domination psychologique de Nadal. Ses défaites, il semble les expliquer de la manière suivante : « Il a été meilleur, j’ai fait des erreurs, le prochain match ne sera pas le même ». Evidemment, le trait est grossis, mais l’idée générale est là. Beaucoup pensent que Roger Federer ne gagnera plus jamais de Grand Chelem, et, entre nous, on pourrait facilement leur donner raison. Alors, quoi de plus beau que d’aller gagner ce Grand Chelem à l’endroit où l’attend le moins ?

Federer possède une autre caractéristique qui en fait un si grand champion : le Suisse nous surprend constamment. Depuis 2008, la sentence revient inlassablement : Roger Federer est terminé. Et depuis 2008, il fait taire tout le monde. Même ses plus grands admirateurs n’auraient jamais imaginé le voir réaliser une saison 2014 de cet acabit au sortir d’une catastrophique saison 2013. Pourtant, son égo nous l’avait prédit puisqu’il avait déclaré « J’ai bon espoir de pratiquer le meilleur tennis de ma carrière en 2014″. Cette déclaration semblait totalement folle, et pourtant, il est possible que, par à-coups, il ait tenu sa promesse.

Avant Wimbledon 2012, peu de gens le voyaient en vainqueur de Grand Chelem. Une fois ce titre en poche, nous pouvions imaginer que c’était le chant du signe. Et pourtant, presque trois ans après, le Maestro est toujours numéro 2 mondial. Federer le sait pertinemment : Il est l’un des cinq plus grands sportifs de l’histoire. Cette confiance à toute épreuve, cette « arrogance », ce sont des éléments impératifs pour devenir un immense champion. Federer ne doute pas, jamais. Il est certain que si Federer devait affronter Nadal cette saison à Roland Garros, il aurait la certitude de pouvoir le battre, et à aucun moment il ne penserait à la défaite comme issue. 

Il a cette impression que, à 100%, personne ne peut le battre, même si tout va dans le sens inverse. Bien que comme nous le disions, cela soit parfois une faiblesse, c’est une des grandes explications à ses nombreux trophées.

Voilà. Roger Federer gagnera Roland Garros. Vu qu’à Debats-Sports, nous n’avons peur de rien, nous écrivons cet article avant le début de la préparation sur terre battue. Dans 2 mois, il faudra ressortir cet article. Soit parce que Federer aura chuté au 2ème tour de Roland Garros contre Nicolas Almagro en trois sets secs, soit parce que le Suisse sera appelé « L’homme aux 18 titres du Grand Chelem ».

Roger Federer remportera t-il Roland Garros 2015?

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