Depuis le rachat du club par le milliardaire russe Rybolovlev, les perspectives d’avenir de l’ASM se sont clairement éclaircies. Au bénéfice d’une fiscalité spécifique à la principauté[1], les spéculations sur une future hégémonie du club sur le football hexagonal n’ont pas tardé à prospérer. A raison. 100ème fortune mondiale, Rybolovlev peut concurrencer le PSG et ses propriétaires qataris sur le plan des investissements sur les marchés de joueurs. Là où le PSG fut le club le plus dépensier de l’été, les monégasques se sont délestés de plus de 15 millions d’euros lors du mercato estival au cours duquel aucun n’autre club de Ligue 2 n’est parvenu à dépenser le moindre denier[2].
Les monégasques ont réalisé un mercato aussi ambitieux que judicieux en obtenant les signatures d’une pléiade d’internationaux dirigés par un entraîneur mondialement reconnu. Fort d’un effectif qui n’aurait rien à envier une bonne douzaine de concurrents de Ligue 1, l’ASM est en tête de la Ligue 2. Toutefois, comme le PSG à l’échelon supérieur, elle ne domine pas comme attendu. Au soir de la 15ème journée les monégasques partagent la tête du classement avec un autre club historique, le FC Nantes. La montée n’est donc pas encore acquise pour les monégasques, les hommes de Ranieri ne disposent que de 3 points d’avance sur le quatrième, Guingamp. Pour autant, les dirigeants planchent déjà sur les années prochaines. Et eu égard aux contraintes structurelles auxquelles est soumise l’institution il n’est pas trop tôt pour s’y atteler. Parce que si le club jouit d’un privilège exorbitant avec une fiscalité différente de celle à laquelle sont assujettis les autres clubs évoluant dans le championnat de France, il ne pourra en jouir inlassablement dans le contexte du Fair Play Financier.
L’ASM est le prototype même de la cible du Fair Play Financier. En édictant une règle simple : aucun club ne peut dépenser plus que ce qu’il génère, le fair play financier érige un obstacle majeur face aux plans de développement à moyens termes du club du rocher. En effet, si les rouge et blanc n’ont pas imposé une hégémonie durable sur le football hexagonal en dépit de leur avantage fiscal c’est qu’ils sont pénalisés par l’identité même de la principauté.
Les exilés fiscaux en tout genre ne garnissent pas les travées du Stade Louis II. A l’heure où le paradigme économique du football professionnel s’organise autour des recettes de billetteries et de merchandising, l’AS Monaco en est précisément dépourvues. Et les poches sans fond du magnat des engrais potassiques ne pourront plus être sollicitées tant que l’ASM ne parviendra pas à générer des ressources propres. Dans ce cadre, le directeur général exécutif du club, le norvégien Tor-Kristian Karlsen a entrepris de mobiliser les millions de son propriétaire sur l’acquisition de jeunes joueurs à grand potentiel à l’instar des Ocampos, Dirar voire Touré[3] à défaut de dilapider des millions pour attirer de vieilles gloires en fin de carrière[4]. Et pour encadrer ces jeunes talents, Karlsen est allé chercher des joueurs expérimentés qui pourront assurer la transition avec la remontée programmée du club à l’échelon supérieur (N’Dinga, Raggi, Poulsen, etc…). Cette politique devant permettre à Monaco d’obtenir la promotion en Ligue 1 tout en posant les bases de sa future compétitivité dans l’élite du football français. Secrètement, les dirigeants monégasques espéraient que cette équipe soit en mesure de réaliser un exploit dans une des deux coupes nationales pour se qualifier dès l’année prochaine pour une compétition européenne. A l’instar du PSG, ce Monaco là est un tant soit peu en deçà des espérances sur le plan sportif et l’objectif d’une qualification européenne n’a plus qu’un débouché : la Coupe de France.
L’attrait de Monaco ne passera pas, selon toute vraisemblance, par une expérience européenne l’an prochain. Il devra sans doute s’exprimer au travers de la signature d’une ou deux recrues retentissantes. C’est dans ce contexte que les dirigeants monégasques ont multiplié ces dernières semaines les contacts avec des stars du ballon rond. Lampard aurait ainsi été contacté. En fin de contrat en fin de saison et en difficulté à Chelsea, le milieu britannique pourrait se laisser convaincre par un dernier challenge sur la côte d’azur en début de saison prochaine. Mais c’est sur une autre star britannique du milieu des années 2000 que les monégasques devraient jeter leur dévolu. Et non des moindres : David Beckham.
L’ancien mancunien désormais âgé de 37 ans serait un renfort sportif convenable pour les monégasques. Dans un milieu de terrain où Claudio Ranieri alterne les combinaisons et où personne ne s’est définitivement imposé, la qualité de passe et de centre du britannique pourrait apporter de fiers services à une équipe bourrée de talents mais trop inconstante. En seconde division, l’expérience de David Beckham serait un apport de grande qualité. Mais paradoxalement ce n’est pas l’intérêt majeur de l’opération. En signant David Beckham, l’AS Monaco médiatiserait aux yeux du monde entier ses ambitions nouvelles et se doterait d’un atout unique à même de répondre à ses déficits structurels en termes de marchandising et de recettes de billetterie. L’ancien mancunien est un produit unique sur le marché des joueurs. Sa présence, ne serait-ce que pour une pige de six mois à un an, est de nature à booster le merchandising et les recettes de billetteries du club. La présence du milieu britannique est l’alibi idéal pour des investissements substantiels en matière de sponsoring au sein du club monégasque. David Beckham est en quelques sortes le bouclier anti fair play financier idéal. Certainement le seul.
Tor-Kristian Karlsen est actuellement aux Etats-Unis pour formuler une proposition concrète à celui qui s’apprête à disputer la finale de la MLS le 1er décembre prochain avec le Los Angeles Galaxy. Il y joue une partie des ambitions à court terme de son club. Heureusement il n’y va pas les mains vides.
Le club de la principauté possède tous les atouts pour convaincre le milieu anglais. Exempt de fiscalité, le club monégasque peut lui proposer un salaire exceptionnel. Le rocher lui fournit un cadre de vie particulièrement attrayant, d’autant plus que la principauté est habituée à accueillir des stars internationales et à protéger leur vie privée des regards des curieux. L’an passé, Paris avait échoué à convaincre Victoria Beckham de faire ses valises. On gage que le rocher dispose d’arguments non négligeables pour pousser l’ancienne Spice Girl à s’installer pour quelques mois aux bords de la méditerranée. L’avenir d’un club n’aura jamais autant dépendu de la décision de l’ancienne starlette de la pop.
On recommandera juste aux responsables marketing de commencer à floquer des maillots au nom de la star anglaise. Comme à Paris cet hiver, ils trouveront preneurs. Et cette fois-ci, Beckham ne restera pas à Los Angeles.
[1] Aux termes d’une convention fiscale signée entre la principauté de Monaco et la République française en 1964, les français résidant à Monaco sont soumis à l’imposition française. En revanche les étrangers ne sont naturellement pas affectés par cette convention fiscale et dépendent du trésor public monégasque et de sa fiscalité.
[2] Seule l’AS Monaco a présenté une balance des transferts déficitaire au cours du dernier marché en Ligue 2.
[3] Les deux derniers cités sont âgés de 26 ans mais leur passif au plus au niveau est inexistant.
[4] De part son régime fiscal et de sa localisation géographique, l’AS Monaco s’était fait une spécialité du recrutement d’ancienne gloire du football transalpin. Pour des résultats le plus souvent décevants. On citer entre autres les exemples de Vieri, Di Vaio ou de Bierhoff.