Mailbag : comment organiser l’équipe au retour des blessés ?

debats sports image par defaut
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Le mailbag de CavsFR est de retour pour une nouvelle saison ! On vous rappelle le principe qui est tout simple : vous nous envoyez vos questions sur notre compte Twitter et on y répond ici-même. On peut aborder les Cavs tout comme le reste de la ligue.



Aujourd’hui, les sujets principaux concerneront le leadership de LeBron James, ainsi que l’organisation de l’équipe une fois Kyrie Irving revenu de blessure. Commençons sans plus tarder.

Avant de s’en remettre aux statistiques, regardons la situation autour de James. Il a commencé la saison sans son meneur titulaire, sans son arrière titulaire, et il a déjà joué trois matchs sans son pivot titulaire. Les Cavaliers ont un bilan de 13 victoires pour quatre défaites. Si James en faisait effectivement trop, son équipe ne l’a pas encore remarqué.

Naturellement dans de telles conditions, il est amené à utiliser plus de possessions afin de créer du jeu. C’est en partie cela qui explique son USG% de 32.0. Malgré le fait que James puisse s’appuyer sur Kevin Love avec plus de régularité cette saison, il doit tout de même assumer des responsabilités conséquentes au scoring.

Concernant Kevin Love, on a parle plus en détail ici, son utilisation plus variée en attaque grâce à sa présence au poste et son shoot extérieur permettent à James de se décharger de certaines responsabilités.

Bien sûr, avec un joueur du calibre de James, une équipe peut parfois tomber dans la facilité. Ou peut-être est-ce la volonté de James de se charger de la plupart des possessions offensives sur de longues séquences. Ce ne serait pas la première fois. Sous cet angle là, on peut en effet se dire que LeBron James en fait « trop ». Mais en ce début de saison, dans de telles conditions, il est difficile de lui faire ce reproche.

Néanmoins, si on parle du rôle de leader de LeBron James et du fait qu’il critique assez sévèrement son équipe après chaque défaite, il est compréhensible de trouver cela excessif. James a toujours été extrêmement exigeant, que ce soit après deux matchs de saison régulière ou 80.

Bien qu’il ne faille pas tirer la sonnette d’alarme après une défaite à l’extérieur contre les Raptors, le fond de jeu des Cavaliers a parfois posé problème en ce début de saison. LeBron l’a remarqué, tout comme James Jones, qui a pris la parole dans les vestiaires après le match. Le rôle des vétérans est d’adresser ce genre de problèmes afin qu’il ne reviennent pas à la charge en fin de saison.

L’attitude de James peut paraître dramatique vu de l’extérieur, mais il s’agit de sa manière de mener le vestiaire. .

Tout d’abord, Kyrie Irving n’a que 23 ans. Parler de meilleur niveau à son âge semble insensé, car il lui reste encore de bonnes saisons pour progresser et affiner son jeu. Même si on a pu observer quelques flashs d’excellence durant son match à San Antonio, ou encore contre Portland, Irving n’est pas encore un produit fini.

Cela étant, la question concernant son état de santé est légitime. Il y a toujours une chance (aussi infime qu’elle puisse paraître) qu’Irving ne revienne pas aussi rapide ou tranchant qu’auparavant. Il est possible que parmi toutes ses blessures contractées au cours de sa jeune carrière, celle à son genou soit la plus dévastatrice. C’est le scénario pessimiste.

Le scénario optimiste, et franchement plus probable, c’est que Kyrie Irving revienne doucement à son niveau, avec des minutes limitées pour commencer et une montée en puissance progressive. Les Cavs ont assez de profondeur pour se permettre de ne pas précipiter le retour d’Irving et d’assurer sa réintégration dans les meilleures conditions.

Irving aidera énormément l’équipe grâce à sa capacité à se créer son propre tir. C’est une chose qui manque beaucoup aux Cavaliers en ce moment. Les pick and roll ne sont pas assez dynamiques, ni menaçant en ce moment. Les défenses adverses se permettent de passer sous l’écran lorsque Williams et Dellavedova ont le ballon, chose qui ne se produirait jamais avec Irving.

Avec le bon retour en forme de Love et les additions de Mo Williams et Richard Jefferson, Kyrie a toutes les raisons de retrouver son « meilleur » niveau. Il a de l’espace, des coéquipiers talentueux et un effectif assez profond pour lui donner du temps.

Justement, parlons-en de Kevin Love. En ce début de saison, Love se montre plus à l’aise que jamais en tant que Cavalier. Il affiche des moyennes de 19.8 points, 11.8 rebonds et 2.4 passes décisives par match. On ne va pas revenir sur ce qui fait de lui l’un des meilleurs poste 4 de la ligue, on en parle ici (encore une fois, désolé).

La question pour Love n’est pas de savoir ce qu’il peut faire avec Irving au lieu de Williams ou Dellavedova, mais plutôt à quelle fréquence. La saison dernière, Kevin Love ne prenait que 12.7 tirs de moyenne, alors que Kyrie Irving en prenait 16.5. Cette saison, Love est à 15 tirs par match avec une efficacité remarquable, mais également un niveau d’énergie plus élevé.

En effet, sa condition physique est nettement meilleure qu’au même moment l’an dernier. Ses problèmes de dos et sa faible activité défensive l’avaient privé de nombreuses minutes, mais cela ne semble plus être le cas cette saison. Avec de tels moyens à sa disposition, David Blatt pourrait mettre en place des combinaison que nous n’avions que trop peu souvent vu en 2014.

Un duo Irving-Love pour débuter les quatrièmes quart temps, par exemple, pendant que LeBron James se repose sur le banc. Ou peut-être une second unit menée par Love en fin de troisième quart temps pourrait permettre aux Cavaliers de conserver leur rythme, sans perdre en qualité de jeu.

Il est difficile d’affirmer avec certitude que Love sera utilisé différemment de l’an dernier, mais le contraire serait surprenant (et stupide). Ce qui est certain en ce début de saison, c’est que James et Blatt tentent de mieux l’exploiter. Il s’agit déjà d’un bon signe.

Il est vrai qu’en ce début de saison, Jared Cunningham est amené à jouer beaucoup de minutes à cause des blessures. Malgré le fait qu’il soit loin du niveau souhaité par les Cavaliers,  il est la seule option à l’arrière lorsque Mo Williams ou Matthew Dellavedova ne peuvent assurer leur place.

En 13 matchs joués cette saison, Cunningham tourne à 3.4 points et 0.8 passes décisives par match, en 11.7 minutes de moyenne. Loin d’être efficace au shoot (32.0%), il ne parvient même pas à compenser avec des qualités de playmaking.

De nature plutôt agressive sur le terrain, Cunningham ne présente pas le profil atypique du meneur de jeu. Il est rapide et athlétique, et c’est à peu près tout. Il ne shoote pas avec régularité et ne sait pas mettre en place l’attaque de Cleveland. Forcément, en devant jouer 20 minutes par match, ses défauts exposent avec gravité ses coéquipiers.

Malheureusement, David Blatt devra se contenter de lui pour le moment afin de limiter la casse, étant donné que ces minutes allaient habituellement à Iman Shumpert. Fort heureusement, lorsque le groupe sera de nouveau au complet, on ne devrait plus revoir Jared Cunningham fouler les parquets à moins d’une grosse victoire (ou défaite).

Et s’il est encore moins convaincant dans le rôle de 15e homme après les retours d’Irving et compagnie, les Cavaliers pourraient le couper afin de ne pas avoir à le payer entièrement. Ils ont jusqu’au 10 janvier avant que le contrat de Cunningham ne soit garanti pour la saison entière.

En effet, avec des moyennes de 14.7 points, 4.8 passes décisives et une réussite de 49.7% au tir cette saison, Mo Williams a été excellent dans le rôle du titulaire. On n’attendait pas de lui une telle contribution offensive, mais il semble mieux intégré que jamais à Cleveland.

Cependant, avec le retour des blessés, les Cavaliers devront trouver une place dans la rotation pour Irving, Smith, Williams, Shumpert et Dellavedova. Ils disposeront donc de cinq arrières capables de leur donner une vingtaine de minutes de qualité sur les postes 1 et 2, voire même sur le poste 3 avec Shumpert et Smith.

Kyrie Irving retrouvera son statut de titulaire dès son retour de blessure. Il devrait pouvoir conserver un temps de jeu aux alentours des 30 minutes par match tout au long de sa saison. Dans son cas, rien ne change par rapport à l’an dernier.

Pour ce qui est de Mo Williams, un rôle de sixième homme pourrait parfaitement lui convenir dans les bonnes conditions. Aux côtés de Matthew Dellavedova, Williams pourrait être « caché » défensivement tout en soulageant Kyrie Irving de ses responsabilités au scoring. On l’a souvent vu jouer offball avec LeBron James sur le terrain, et cela sembler plutôt bien marcher. Pour être exact, le trio Mo, Delly, LeBron affiche un net rating de 35.5 en 62 minutes cette saison. C’est un faible échantillon, mais quelque à exploiter pour David Blatt au fil de la saison.

Puisqu’on parle de Matthew Dellavedova, lui aussi connaîtra un changement dans son rôle. Il aura logiquement moins de minutes qu’actuellement (27.3 de moyenne cette saison), et donc moins de responsabilités à la création. Il sera principalement utilisé en sortie de banc pour dynamiser l’équipe, apporter une touche défensive et une présence à trois points au poste d’arrière. Ce qui est étrange avec Delly, c’est qu’il ne semble jamais réellement perdre de temps de jeu, peu importe la compétition autour de lui. Il représente une valeur sûre aux yeux de ses coachs.

Cela fait déjà un meneur à plus de 30 minutes et deux arrières aux alentours de 20 minutes.

Iman Shumpert semblait prêt à continuer sur sa bonne lancée des Finals avant de se blesser au poignet cet été. Lorsqu’il reviendra de blessure, David Blatt pensera sûrement à prendre la même approche qu’en janvier dernier avec lui. A l’époque, Shumpert revenait d’une blessure à l’épaule, mais il était revenu progressivement en sortant du banc. Les minutes d’Iman Shumpert varieront en fonction des performances des joueurs autour de lui. Il est donc difficile de prédire son rôle à l’avance.

L’une des raisons pour cela s’appelle J.R. Smith. Lorsque Shumpert revenait de blessure, Smith sortait les performances les plus efficaces de sa carrière à trois points. Le cinq majeur de Cleveland postait le meilleur offensive rating de la ligue, donc il n’y avait aucune raison de bousculer tout cela. Aujourd’hui, Smith débute encore, mais plus par défaut. Avec le retour de Kyrie, J.R. Smith pourrait retrouver un rôle de sixième homme, alternant les séquences aux postes 2 et 3.

Après toutes ces spéculations, on peut affirmer qu’il y aura deux victimes très claires de ces retours : Richard Jefferson et Anderson Varejao. Une fois le backcourt reconstruit, la rotation sera plus sélective et ne devrait inclure que neuf joueurs, contrairement à 10 actuellement.

Malgré son début de saison respectable, Richard Jefferson devrait voir son temps de jeu baisser. Il joue actuellement 24 minutes de moyenne par match dans un groupe décimé. Même s’il reste une bonne option en cas de matchup particulier, Iman Shumpert et J.R. Smith ont bien plus à apporter aux Cavaliers que lui.

Anderson Varejao fera également les frais de ces changements et accumulera probablement les DNPs. La rotation intérieure devrait retrouver une configuration identique à celle de la saison dernière, avec Love, Mozgov et Thompson comme seuls intérieurs.

Si la rotation future des Cavaliers reste incertaine, on peut se dire avec certitude que David Blatt disposera de nombreuses options de qualité sur son banc. Les minutes attribuées à chaque joueur dépendront peut-être des adversaires. Elles dépendront peut-être d’une bonne série pour un certain joueur, ou bien d’une préférence pour le small ball.

Honnêtement, il est difficile de prédire ce que coach Blatt compte faire une fois son effectif au complet. Mais après autant de blablatage, nous sommes impatients de le découvrir.