Playoffs Preview : Cleveland Cavaliers (53-29) – Chicago Bulls (50-32)

debats sports image par defaut
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Après un premier tour mouvementé, les Cavaliers et les Bulls se retrouvent enfin pour s’affronter au cours d’une série qui s’annonce intense et serrée. Pour Cleveland, le premier tour aura été rapide, malgré le ton physique donné par Boston.  La série a été exigeante, mais au final, la marge de victoire des Cavaliers s’élève à 13 points sur 100 possessions. Certes, LeBron James a joué 43 minutes par match avec un usage rate de 31.7%, mais il n’a jamais vraiment semblé puiser dans ses ressources pour passer à la vitesse supérieur. Ce fut un sweep solide.



Les Bulls, eux, se sont fait quelques frayeurs en cours de route, laissant Milwaukee remonter de 3-0 à 3-2, avant de les massacrer 120 à 66 au Game 6. En pleine possession de leurs moyens, cette équipe représente un gros danger pour n’importe quelle autre équipe de la ligue. Une nouvelle fois opposée à LeBron, il ne fait aucun doute qu’ils feront de cette série une affaire personnelle.

Malheureusement, comme on l’a appris à la suite du Game 4, les Cavaliers ont perdu Kevin Love pour le reste des Playoffs et seront privés de J.R. Smith pour les deux prochains matchs. Cela affecte fortement le plan de jeu de l’équipe, qui se reposait jusqu’à présent sur une rotation à huit joueurs. Pour les Bulls, l’infirmerie est vide pour la première fois de la saison. C’est une tournure inespérée qui arrive au pire des moments (ou au meilleur, selon le point de vue).

Cleveland. Chicago. Deux villes qui semblent se détester sans raison particulière. Penchons-nous sans plus tarder sur les duels qui pourraient faire la différence dans cette série.

Meneurs : Kyrie Irving vs Derrick Rose

Pour son premier tour de Playoffs en carrière, Kyrie Irving s’est montré à l’aise et en confiance. Lorsque son tir ne rentrait pas, comme on a pu le voir au Game 3 contre Boston (3-11), il mettait encore plus d’énergie sur les autres aspects de son jeu. Au second tour, c’est peut-être ce qui fera la différence face au MVP de la saison 2010-11. Irving n’aura pas la tâche facile, mais son jeu offensif fera très certainement travailler son adversaire en défense. Avec ou sans ballon, Kyrie a déjà montré qu’il pouvait balader ses défenseurs à travers le terrain.

Défensivement, c’est plus incertain. Lors de leur dernière confrontation directe, le 12 février 2015, Irving s’était fait prendre de vitesse, laissant le numéro 1 des Bulls marquer 30 points et distribuer sept passes décisives. Inutile de dire que de telles statistiques au second tour seraient fatales aux Cavaliers. Cela étant, pour sa première série de Playoffs, Irving a tenu ses adversaires directs à 39.3% au tir et 25.0% à trois points (via nba.com). Bien que ce ne soit pas la plus précise des statistiques défensive, c’est loin d’être désastreux pour le meneur de Cleveland.

Derrick Rose n’aura pas la tâche facile face à la défense de Cleveland. Alors qu’il retrouvait progressivement son rythme face aux Bucks, il n’a pas montré de signe rassurant quant à sa production offensive en pénétration. Pour être plus précis, il ne réussit que 48.7% de ses tirs à l’intérieur (moyenne de la ligue estimée à 54%) et quasiment 40% de ses points marqués au premier tour proviennent de sa réussite extérieure, contre 29.5% en saison régulière.

Les Cavaliers pourraient faire face à un Rose plus agressif s’il bénéficie de plusieurs jours de repos entre les matchs. On l’a vu contre Milwaukee, il est bien plus enclin à attaquer le panier et provoquer des fautes après avoir reposé ses genoux. Défensivement, il a connu des difficultés face au profil peu commun de Michael Carter-Williams (quasiment deux mètres). Face à profil bien différent avec Kyrie Irving, on doute qu’il soit plus à l’aise.

Deux meneurs d’exceptions vont s’affronter au cours de cette série, et il semble compliqué de prédire lequel des deux sortira vainqueur de ce duel. Avec l’absence de deux coéquipiers clés, Cleveland devra se reposer d’avantage sur Irving, compliquant fortement la tâche défensive des Bulls. Le peu de jours de repos pourrait être fatal à Rose. Pour cela, on donne un léger avantage au meneur des Cavs.

Avantage : Cleveland 1-0 Chicago

Arrières : Iman Shumpert (?) vs Jimmy Butler

La suspension de J.R. Smith force les Cavaliers à faire un choix à l’arrière : Iman Shumpert ou Mike Miller. L’un apporte une présence défensive sur les ailes, l’autre apporte de l’expérience et une menace derrière l’arc. Pour écarter le terrain et laisser les deux menaces principales des Cavaliers travailler, il faudrait idéalement titulariser Miller. Cela dit, ce manque de shoot extérieur peut-être compensé ailleurs, comme au poste quatre en jouant small dès le départ (on y reviendra).

Défensivement, Shumpert est sûrement le seul arrière du groupe à pouvoir rester en face de son adversaire et défendre sur plusieurs positions. C’est cette dernière qualité qui importe. Sur les postes deux et trois, l’ancien Knick offre la possibilité à son coach d’aligner plusieurs combinaisons différentes. Face à une équipe qui privilégie la taille à l’intérieur, c’est sûrement l’une des clés de la série.

En face, Jimmy Butler est sûrement le joueur ayant le plus progressé cette saison. En retouchant chaque partie de son jeu offensif, il s’est transformé en menace constante pour les défenses, inscrivant en moyenne 20 points par match cette saison. Au poste, en catch and shoot ou en sortie de dribble, il fait de tout. Sa capacité à aller chercher des fautes (7 lancers de moyenne par match) pourrait poser problème aux Cavaliers qui n’ont pas suffisamment d’options de rechange à l’intérieur.

Comme souvent pour Chicago, il servira également de chien de garde. Il est peu probable qu’il défende directement sur Shumpert avec LeBron James sur le terrain. Les choses pourraient être intéressantes lorsque Cleveland fera jouer James au poste quatre. Est-ce que les Bulls suivront ce plan et mettront Butler sur lui ? Glisseront-ils leur arrière sur Irving ?

Quoiqu’il en soit, on fait difficilement mieux que Butler en situation de un contre un du côté défensif. Ce sera un gros atout pour les Bulls au cours de cette série, tout en prenant en compte son apport offensif. Les Cavs quant à eux, devront puiser dans leurs réserves afin de maintenir un niveau de compétitivité suffisant.

Avantage : Cleveland 1-1 Chicago

Ailiers : LeBron James vs Mike Dunleavy Jr

Nous sommes en Playoffs, LeBron James a perdu deux coéquipiers et s’en va affronter les Chicago Bulls après huit jours de repos. S’attend-on à autre chose qu’une performance dominatrice du King ? C’est peu probable. Dans l’intérêt de cette preview, on va se concentrer sur l’aspect négatif, plutôt que l’aspect positif (déjà bien connu de tous).

Cette saison, sans Love sur le terrain, LeBron a eu tendance à s’écarter plus souvent du panier. Son efficacité en a pris un coup, comme le montre cette statistique de ESPN : avec Love, LeBron affiche un pourcentage au tir de 50.6%. Sans lui, 45.4%. La distance entre le panier et lui augmente également sans la présence du numéro 0. En clair, il lui faut de l’espace pour travailler. Cet espace, les Bulls pensent être prêts à le limiter. Mieux armés que jamais depuis 2011, et profitant des circonstances avantageuses, ils pourraient peut-être enfin réussir à forcer LeBron à s’isoler et à le transformer en pur scoreur.

En face, Mike Dunleavy Jr se présente comme le joueur clé de l’attaque des Bulls. Le spacing de leur cinq majeur repose essentiellement sur lui et sa capacité à naviguer à travers les écrans n’est pas à sous-estimer. C’est d’ailleurs pour cela qu’il serait préférable de lui coller Shumpert sur le dos, pour ne pas fatiguer James en défense. Outre sa capacité à shooter, Dunleavy est capable de réaliser de belles passes lorsque l’opportunité se présente. Dans un rôle pareil, il fait souvent penser à Kyle Korver, dont on connait la réputation.

C’est dans les autres aspects du jeu que cela devient intéressant. En défense, il n’est pas le plus imposant des joueurs. Pas le plus rapide, ni le plus athlétique mais il parvient à jouer physique et irriter ses adversaires. Comme on l’a vu à de nombreuses reprises au cours de sa carrière, il sait placer des coups discrets pour faire monter la tension, sans se faire remarquer. Récemment, c’est Giannis Antetokounmpo qui s’en est rendu compte.

Au poste pour poste, l’avantage revient clairement à LeBron James. On sait que Butler défendra sur James pendant la majeure partie de la série, mais tout de même, restons sérieux.

Avantage : Cleveland 2-1 Chicago

Intérieurs : ? et Timofey Mozgov vs Pau Gasol et Joakim Noah

Pour ce secteur du jeu, on choisit de réunir les postes d’ailiers forts et de pivots pour simplifier l’analyse. Deux points seront accordés au vainqueur de cette confrontation directe afin d’équilibrer le score final.

Encore une interrogation pour les Cavaliers. Qui prendra la place de Kevin Love au poste quatre ? En prenant en compte les différentes productions de James Jones, Shawn Marion et Tristan Thompson, il est difficile de donner une réponse définitive. Jones apporte sa capacité à écarter les défenses, mais rien d’autre. Marion fait profiter l’équipe de sa polyvalence en défense et sa présence au rebond. Thompson, lui, possède un avantage de rapidité sur les intérieurs adverses et une présence d’élite au rebond offensif.

La décision qui sera prise par le coaching staff affectera la manière de jouer du reste de l’équipe et malheureusement, ce sera de manière négative. Si Jones est aligné, les Bulls peuvent exploiter leur avantage à l’intérieur et au rebond. Si Marion débute au poste quatre, la défense des Bulls peut se permettre de le laisser seul en attaque, sans craindre son tir extérieur (26.1% sur la saison). Faire jouer Thompson aux côtés d’un autre pivot signifierait que tout spacing serait éliminé.

LeBron James passera du temps au poste quatre sur certaines séquences, mais il semble difficile de le voir se frotter à d’autres intérieurs pendant quasiment 40 minutes à chaque match. Physiquement, il était capable de tenir à Miami, mais il semble peu probable de le voir aligné d’entrée à cette position. Entouré de shooteurs tels que Mike Miller et James Jones en cours de match, en revanche, il sera intéressant de le voir évoluer au poste. Ce serait une combinaison inédite cette saison, mais fascinante.

Timofey Mozgov n’aura pas la tâche facile au poste de pivot. Premièrement, il devra éviter les problèmes de faute. Avec la blessure de Love, le troisième intérieur de l’équipe se nomme Kendrick Perkins et ce n’est en rien rassurant. Même si Thompson peut assurer sur une vingtaine de minutes, on connait l’importance d’un protecteur comme Mozgov à l’intérieur. Face aux pénétrations des Bulls, il sera crucial.

Deuxièmement, Mozgov devra répéter ses performances du premier tour face à Boston. Opposé à Tyler Zeller, un joueur tout aussi athlétique que lui, le pivot russe s’est baladé à l’intérieur lors du Game 2 (16 points, 7 rebonds, 5 contres). Son attitude n’avait pas changé ce jour là, il courait tout aussi vite en contre attaque et prenait de bonnes positions au poste. Il faudra répéter ces efforts.

Du côté de Chicago, le plan de jeu ne change pas. Pau Gasol sera aligné à l’intérieur et ira chercher ses 18 points et 10 rebonds sans avoir de réel impact sur le match. Au cours de cette saison, il s’est montré plus à l’aise que lors des dernières saisons. C’est sûrement du au fait qu’il demande de ralentir le jeu pour recevoir ses ballons au poste. Il semblerait que les Bulls jouent à contre-courant avec Gasol sur le terrain, mais la production statistique est présente.

Le côté comique de son jeu (oui comique), c’est sa défense. Il est totalement perdu sur ses rotations, pris de vitesse par n’importe qui mais malgré cela, il récolte ses deux contres par match pour se maintenir en vie. On mettrait bien des vidéos pour illustrer ces propos, mais on manque de matériel/temps/compétences. Zach Lowe a pris le temps d’analyser la défense de Gasol pour Grantland avec des gifs pour vous satisfaire.

Aux côtés de Gasol se trouve Joakim Noah qui peine à maintenir son niveau de jeu avec ses pépins physiques. On est loin de son niveau de défenseur de l’année mais il reste une présence importante dans la raquette. Sur pénétration, les Cavaliers pourraient se heurter au duo Gasol-Noah à plusieurs occasions. C’est là que la vitesse du drive and kick pourrait surprendre les Bulls et les mettre en difficulté.

Offensivement, la production de Noah est tellement discrète que les Bucks se sont permis de placer un ailier sur lui pour jouer le small ball. Cette stratégie n’a pas été pénalisante pour les hommes de Jason Kidd, tout simplement parce que le pivot des Bulls n’est plus en mesure de profiter de sa taille à l’intérieur pour scorer. Cette saison, il ne marquait que 7.2 points par match au plus faible pourcentage au tir de sa carrière (44.5%).

A priori, les deux équipes semblent pouvoir contrer la stratégie de l’autre avec leurs armes à l’intérieur. Le spacing des Cavaliers contre la taille des Bulls. On pourrait se diriger vers un match nul à l’intérieur, tellement les deux profils s’opposent. Néanmoins, le simple fait que la stratégie des Bulls reste inchangée contrairement à celle des Cavaliers (sans Kevin Love) leur donne un net avantage. On attribue un point à Cleveland pour les possibilités sur le poste quatre, deux à Chicago pour Gasol et Noah.

Avantage : Cleveland 3-3 Chicago

Les joueurs de rotation

Pour David Blatt, ses options seront limitées. Bien que son groupe soit polyvalent, il n’a pas à sa disposition une vaste rotation. Des joueurs comme Matthew Dellavedova, Mike Miller, Shawn Marion et Kendrick Perkins devront répondre présent sur de longues périodes de jeu. La clé pour le coach sera de ne jamais les laisser seuls sur le terrain, sans être accompagnés de Kyrie ou LeBron. Sans eux, l’attaque ne sera jamais productive.

Blatt devra sûrement faire jouer ses deux stars plus de 40 minutes par match durant cette série. C’est en partie pour cela qu’il les a mis au repos à quelques reprises en fin de saison. Sans anticiper la blessure de Love, il savait que le moment viendrait où il serait obligé de se reposer lourdement sur ses joueurs clés. En Playoffs, c’est toujours la solution. D’un point de vue stratégique, il est difficile de prédire ce que fera le coach « rookie », mais on ne peut être qu’enthousiaste à l’idée de voir le trio Blatt-Irving-James aller affronter les Bulls.

En face, lorsqu’il s’agit de faire appel à son banc, Tom Thibodeau n’est pas forcément le coach le plus confiant de la ligue. Grossièrement, il n’a eu confiance qu’en sept joueurs dans son effectif cette année. Ses cinq titulaires, Kirk Hinrich et Taj Gibson. Ce n’est qu’en deuxième partie de saison que Nikola Mirotic a eu l’occasion de se montrer.

Malgré ses options sur le banc, telles que Aaron Brooks, Tony Snell ou Doug McDermott, son groupe semble lâcher prise au moment de faire souffler les titulaires. Manque de rythme ? Pas assez de répétitions avec les mêmes combinaisons ? Possible. Les options de Thibodeau seront nombreuses au cours de cette série. A l’intérieur, les Cavaliers seront vulnérables une fois les titulaires sortis. C’est à ce moment que Gibson et Mirotic entrent en jeu. Leur polyvalence, si utilisée à bon escient, pourraient véritablement enterrer les Cavs.

Il ne reste plus qu’à voir comment ces deux coachs comptent utiliser deux bancs complètement différents. D’un côté, nous avons un coach qui devra se reposer sur ses titulaires. De l’autre, un coach qui a pris l’habitude d’épuiser ses joueurs majeurs. Ce n’est pas une simple opposition entre deux bancs, mais celle entre deux coachs. A ce jeu là, il ne serait pas insensé de miser sur David Blatt.

Avantage : Cleveland 4-3 Chicago

Verdict final

Les Cavaliers débuteront le second tour à domicile. Face à une équipe des Bulls qui n’aura pas peur d’attaquer, le soutien du public sera un gros plus pour les joueurs de rotation. Le temps de s’adapter à leur nouveau rôle et d’attendre le retour de  J.R. Smith pour le déplacement à Chicago, il y aura une possibilité de prendre un avantage de 2-0.

Cela dit, quelques fautes rapides suffiront à déjouer le plan principal de David Blatt. Les hommes de Thibodeau ne reculeront devant rien, surtout pas avec le retour de Rose et la possibilité de viser les Finales NBA pour la première fois depuis 2011. Ce sera physique et disputé, mais la différence se fera grâce à Kyrie Irving et LeBron James mais aussi grâce à la polyvalence de l’équipe. Le groupe de David Blatt pourra s’adapter à de nombreuses situations.

Pronostic de CavsFR : Cleveland 4-2 Chicago

Cette preview était loin d’être facile à rédiger. Il y avait beaucoup de facteurs à prendre en compte pour le verdict final, qui ne semble pas vraiment convaincant après relecture. Désormais, nous avons besoin de votre avis : voyez-vous Cleveland accéder aux finales de conférence ? James et Irving seront-ils suffisants pour abattre les Bulls ? Laissez nous un commentaire plus bas !