Lyon, une réelle chance d’être champions d’Europe ?

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Alors que le financement du Stade des Lumières n’est toujours pas bouclé, les bons résultats de l’Olympique Lyonnais en Ligue 1 et en Europa League font hésiter Jean Michel Aulas sur la stratégie à adopter au cours de ce mercato hivernal. Alors que nous nous interrogions il y a quelques semaines sur la capacité du club rhônalpin à assainir ses finances tout en maintenant ses ambitions sportives à court terme, Sébastien Girard, nous livre ce qu’il attend de son club pour les semaines à venir : viser la victoire en Europa League.



Lyon, une réelle chance d’être champions d’Europe ?

C’est de notoriété publique que Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique Lyonnais veut remporter la Ligue des Champions. Mais depuis cette saison, il a revu ses ambitions à la baisse et se contenterait bien de la Ligue Europa. Rémi Garde a donc pour mission de la jouer à fond. Déclarés morts et enterrés avant même le début du championnat, les lyonnais ont su faire taire les critiques et avec la manière ! Les coéquipiers de Maxime Gonalons pratiquent le plus beau jeu de France en se basant sur une politique de formation… et ça marche. Premiers à égalité de points avec le PSG, annoncé comme un ogre sans pitié qui allait enfiler les points comme des perles, le club rhodanien a également terminé meilleur équipe de la phase de poules de la Ligue Europa, avec 16 points sur 18 possibles.

Pas épargnés par les blessures (ça en devient habituel), le classement à la trêve aurait pu être tout autre. Manquant de créativité face à Nancy et Paris, les lyonnais n’ont pris qu’un point sur ces deux matchs, là où en prendre quatre aurait assuré une bonne avance à la reprise du championnat. Ce qui fait que l’avenir est incertain. JMA a déclaré vouloir deux départs au mercato hivernal. Puis, il s’est ravisé en déclarant que si l’OL finissait premier à la trêve, il réfléchirait pour ne laisser partir personne voire qu’un seul joueur. Mais les dernières déclarations sont floues. Même Rémi Garde ne sait pas de quel groupe il disposera le premier février. Lyon doit-il vendre des joueurs ? Si oui, qui ?

Lyon ne doit vendre personne

On l’a vu, et c’est ce qui fait une grosse différence avec le club de la capitale, l’Olympique Lyonnais est un groupe solidaire. Des départs peuvent fragiliser cette cohésion de groupe mais l’aspect économique paraît plus important pour notre cher président. Evidemment, un club ne peut survivre s’il n’a pas les ressources financières nécessaires. Bien sûr, le titre en fin de saison est extrêmement indécis, tout comme la victoire finale en Ligue Europa. Et comme il nous l’a montré au cours des années écoulées, JMA est quelqu’un de plutôt frileux lorsqu’il s’agit d’argent. Ce qui laisse à penser que, quoiqu’on en dise, il vendra au moins d’un joueur. Mais alors qui ?

C’est une question difficile. Le premier nom qui vient en tête est celui de Michel Bastos mais ses coups de canon qui ont sauvés Lyon plusieurs fois (malgré que le reste du temps ce soit le néant) lui ont donné un petit regain de popularité auprès des supporters. Et il ne faut pas oublier qu’il a rapporté des points, notamment dans le match le plus important de l’année : le derby. Il paraîtrait qu’un club qatari serait prêt à poser une dizaine de millions d’euros pour s’offrir ses services. A ce prix-là, JMA le met dans l’avion lui-même. Mais ça ne lui suffira pas. Le président veut récupérer 20M€ au mercato. Ce qui signifie un autre départ.

On pencherait pour que ce soit Lisandro Lopez qui s’en aille. Mais c’est un gros risque puisqu’il jouit d’une énorme côte de popularité. Le supporter moyen ne voit pas plus loin que « le grand joueur qu’il était ». Oui mais maintenant ? Maintenant c’est le deuxième plus gros salaire du club (4,1M€/an) pour un joueur blessé la moitié de la saison et qui est obligé de jouer à un poste où il n’apporte rien à l’équipe. Alors bien sûr, ce n’est pas de sa faute, il veut rester encore quelques années à Lyon, mais dans le contexte économique et sportif actuel : son départ ferait du bien. L’autre problème c’est qu’il est capitaine, et vendre un capitaine n’est jamais bon pour le moral d’un groupe. Mais si les dirigeants veulent se séparer d’un deuxième joueur, il faut que ce soit lui. D’abord parce qu’il a encore une bonne valeur marchande (15M€ d’après transfermarkt, même si ça risque d’être moins), il intéresse plusieurs clubs et enfin ça allègera la masse salariale. Ce que veut faire JMA, en priorité, d’ailleurs. Et avec les départs combinés de Michel Bastos et Lisandro Lopez, en plus de l’argent récupéré sur les transferts, ça fera environ 7,5M€ d’économisés par an. Pour des joueurs qui n’apportent plus grand-chose et qui sont souvent blessés, ça semble plutôt bien.

Mais voilà, reste que le public et le groupe n’acceptera peut-être pas ces (ce) départs. Outre l’aspect financier, sur le plan sportif leurs ventes ne seraient pas si préjudiciables que cela pour le club. Comme dit plus haut, à part quelques éclairs, Michel Bastos n’apporte rien. Pas de vitesse, incapable de passer n’importe quel adversaire, qualité de centre en très nette régression, sa palette technique est plutôt pauvre. A présent, les blessures commencent à l’handicaper. De plus, depuis qu’il a été annoncé à la Juventus, il a pris la grosse tête et veut partir. Merci à monsieur Conte de l’avoir fait redescendre sur terre.

Pour ce qui est de Lisandro, c’est plus compliqué. Il aime le club, a la hargne, les qualités techniques mais l’explosion de Bafé Gomis le contraint à jouer à gauche. Poste qu’il n’aime pas, où il ne se sent pas à l’aise et ne sert à rien. Le français est indéboulonnable et l’association avec Lisandro ne marche pas. Pas sûr qu’il accepte de s’asseoir sur le banc à longueur de temps. Mais si lui ne part pas, qui pourrait le faire ? Yoann Gourcuff, peut-être, d’autant plus que son salaire est le plus gros du club et qu’il exaspère le président. Reste à savoir si un club le voudra au prix que fixera JMA.

Ce qui nous amène donc à dire que même s’il rêve de remporter une compétition européenne, il ne prendra pas le risque de mettre son club en péril pour une hypothétique victoire. D’autant plus que le titre est loin d’être joué (si Paris joue toute la deuxième partie de saison comme il a joué en décembre, ce sera joué d’avance) et il faut au moins assurer la deuxième place. Qui n’est pas acquise. Notamment parce que Marseille n’a plus que deux compétitions à jouer. Malgré leur effectif assez pauvre en quantité, ça devrait suffire. Maintenant, il n’est pas dit qu’ils aient autant de réussite qu’en ce début de championnat. En effet, la troisième place ne serait pas de bon augure pour le club rhodanien. Avec deux tours préliminaires, la qualification est loin d’être acquise et les primes de qualification en Ligue des Champions feraient énormément de bien au club. De plus, ce serait quatre matchs de plus à jouer par rapport aux autres équipes avec de longs déplacements, en général. A éviter, donc.

Alors, quelle est la meilleure solution ? A chacun de se faire son opinion. Pour ma part, je privilégierais l’Europa League, quitte à avoir un peu de mal financièrement. Mais je ne suis pas l’homme d’affaires qu’est Jean-Michel Aulas, je ne pense qu’au prestige et au rayonnement du club au niveau européen. Parce qu’on ne peut pas se prétendre grand d’Europe lorsque notre palmarès continental est vierge. Parce qu’inscrire son nom après ceux de la Juventus, du Real Madrid, de Naples ou de l’Inter, ça reste un moment à jamais gravé dans le cœur de chaque supporter, joueur, membre du staff ou dirigeant. Parce que le football, c’est avant tout un sport.