Le Brésil en quête de certitudes

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Désormais au 22ème rang du dernier classement FIFA, éliminé en quarts de finale de la Copa America Argentine disputée en 2011, le Brésil aborde la Coupe des Confédérations en quête de certitudes que la sèche victoire sur les tricolores n’a fait qu’esquisser.



Depuis leur élimination en quarts de finale du mondial Sud-Africain, les brésilien n’ont qu’un seul horizon, la Coupe du Monde organisée sur leur sol pour la première fois depuis 64 ans. Pourtant si le Brésil a eu le temps de planifier cet événement depuis l’officialisation de son statut de pays organisateur en 2007, la Seleçao a pris du retard sur son tableau de marche.

L’expérience Mano Menezes a tourné court. Faute de résultats sportifs probants et à la recrudescence des inquiétudes subséquentes, la CBF (la Fédération Brésilienne de Football) a confié les rênes du quintuple champion du monde à ses deux derniers sélectionneurs étoilés : Felipe Scolari, assisté de Carlos Alberto Parreira, respectivement champions en 2002 et 1994.

 

Exit Mano Menezes…

Choix par défaut de la CBF, qui lui préférait l’entraîneur de Fluminense, Muricy Ramalho qui avait dénié la proposition, Mano Menezes a pris le relai de Dunga avec le double objectif de remporter la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Londres et de préparer la génération qui disputera la Coupe du Monde 2014. Son échec à remplir le premier a mis un terme à ses ambitions concernant le second.

Le bilan du nouvel entraîneur de Flamengo reste tout à fait acceptable au moins sur le plan comptable. Sous ses ordres, la Seleçao a disputé 32 matchs. Elle en a remporté 20, perdu 6[1] tout en concédant 6 nuls, pour un total de 65 buts inscrits et 23 encaissés.

La Copa America des protégés de Mano Menezes où ils n’ont remporté qu’une seule rencontre face à la sélection équatorienne, a cristallisé les polémiques. La cohésion défensive douteuse (4 buts encaissés face à l’Equateur et au Paraguay) et l’apathie de l’animation offensive ont questionné l’efficience du projet du sélectionneur. Malgré un doublé face à l’Equateur, Neymar n’a pas levé les doutes sur sa capacité à porter les espoirs que les brésiliens plaçaient en lui. L’intégration de 9 joueurs retenus pour le mondial sud africain, alors que Menezes n’en avait convoqué que 4 lors de sa première sélection, ne s’est pas avérée une réussite.

Faute de compétitions officielles à disputer, le Brésil a alors amorcé sa lente mas progressive chute au classement FIFA. Purement mathématique ce classement n’exprime peu la valeur réelle d’une sélection, mais pour le Brésil figurer derrière des nations comme la Bosnie, l’Equateur, le Ghana ou la Suisse ne pouvait déclencher de vives polémiques à Brasilia, rajoutant davantage de pression sur la nouvelle génération, Neymar, Lucas et Ganso en tête. Figures de proue de la sélection olympique aux côtés de Thiago Silva, Marcelo et de Hulk, ont échoué en finale face à la sélection mexicaine, condamnant leur entraîneur…Mano Menezes.

…maintient du renouvellement générationnel

 Si ses premières décisions d’envergures, les titularisations de Julio César et de Fred se sont inscrites dans la volonté d’apporter des éléments d’expérience au sein de la Seleçao, Felipe Scolari n’échappe pas pour autant à l’obligation de construire autour de jeunes joueurs relativement inexpérimentés.

En atteste, la liste des 23 joueurs retenus pour la Coupe des Confédérations.

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Gardiens : Julio Cesar (Queens Park Rangers), Diego Cavalieri (Fluminense), Jefferson (Botafogo)

Défenseurs : Daniel Alves (FC Barcelone), Marcelo (Real Madrid), Felipe Luis (Atletico Madrid), Jean (Fluminense), Thiago Silva (Paris Saint-Germain), David Luiz (Chelsea), Dante (Bayern Munich), Rever (Atletico Mineiro)

Milieux : Paulinho (Corinthians), Luiz Gustavo Bayern Munich), Fernando (Gremio), Hernanes (Lazio Rome), Jadson (Sao Paulo), Oscar (Chelsea), Lucas (Paris Saint-Germain), Bernard (Atlético Mineiro)

Attaquants : Neymar (Santos), Fred (Fluminense), Hulk (Zenit de Saint-Pétersbourg), Leandro Damiao (Internacional) remplacé par Jô (Atletico)

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Parmi les 23, seuls quatre joueurs ont eu l’honneur d’être sélectionné avec les auriverde lors d’une Coupe du Monde (Julio César, Dani Alves, Thiago Silva, et Fred). Autrement dit, au moment de débuter le mondial devant leur public, près d’une vingtaine de joueurs vivront leur première expérience en Coupe du Monde. Répétition générale avant le mondial, la Coupe des Confédérations doit apporter cette expérience à la sélection de Scolari, tout en offrant au sélectionneur un certain nombre de garanties.

En quête de 9 ?

Depuis la retraite de Ronaldo, le Brésil se cherche un attaquant de standing. Les héritiers potentiels se sont bousculés au portillon (Robinho, Pato, Nilmar) mais aucun n’a à ce jour su se montrer constant. La sélection brésilienne ne manque pas de talents sur les postes offensifs avec Neymar, Oscar, Lucas, Hulk, Damiao mais aucun n’ayant le profil pour évoluer seul en pointe dans le 4-2-3-1 de Scolari, le poste est confié à Fred. S’il maintient son efficacité au sein de la sélection et avec Fluminense, il sera le numéro 9 de la Seleçao lors de l’ouverture de la Coupe du Monde au Brésil. Doté d’un redoutable sens du placement et du but, tout en excellant dans le jeu dos au but, Fred est le parfait complément du trio de créateur qui évoluent un cran en dessous de lui.

En 24 sélections, Fred a inscrit 11 buts, dont 2 sous les ordres de Scolari[2]. Il n’a toutefois marqué que 2 buts sur le territoire national avec la sélection. L’heure de doubler son compteur est venue.

Retrouver une solidité défensive.

Si les individualités qui composent la défense brésilienne figurent parmi les plus éminents représentants de leur poste respectif, l’efficience collective est à construire. Depuis l’intronisation de Scolari à la tête de la Seleçao, seules la Bolivie et la France sont restées muettes. L’Angleterre à deux reprises, le Chili et l’Italie ont marqué 2 buts au Brésil, tant que les Russes n’ont trouvé la faille qu’à une seule occurrence.

Et pour cause, les milieux de terrains doivent compenser les montées des latéraux, Dani Alves et Marcelo. Or ni Neymar, ni Lucas qui occupent traditionnellement les couloirs ne sont reconnus pour leur replacement défensif. Permutant constamment sur le front de l’attaque les trois milieux offensifs de l’organisation en 4-2-3-1 peinent à suppléer leurs latéraux quand ces derniers s’aventurent loin de leurs bases. Les milieux de terrains axiaux, Luiz Gustavo et Paulinho (ou Ramires) doivent alors multiplier les efforts au milieu d’une formation trop souvent coupée en deux.

Le positionnement de David Luiz devant la défense, dans le rôle que lui a confié Benitez à Londres, est alors une solution pour densifier le milieu de terrain et laisser ainsi davantage encore de liberté dans l’animation offensive à Neymar mais surtout au véritable dépositaire du jeu des auriverde, Oscar.

A ce titre, la confrontation face à la Squadra Azzura sera particulièrement éclairante en ce qui concerne les choix tactiques de Scolari.

Evacuer la pression

Cruciale en terme d’expérience collective, cette Coupe des Confédérations organisée à la maison est à double tranchant pour la sélection de Scolari. Tout autre résultat qu’une victoire les placerait dans une situation médiatique peu enviable à moins d’un an du mondial.

En revanche, un succès pourrait bien leur offrir des garanties et libérer certains joueurs. En s’exilant en Europe, Oscar, Lucas et plus récemment Fernando et Neymar se sont aussi préservés de la pression suffocante au Brésil qui entoure les jeunes brésil amenés à défendre les couleurs de la Seleçao.

Programme lors de la Coupe des Confédérations :

15 juin à 21h : Brésil – Japon

19 juin à 21h : Brésil-Mexique

22 juin à 21h : Brésil – Italie

Placé au sein du Groupe A en compagnie du Mexique et de la Squadra Azzura, le Brésil pourra, pour son entrée en lice, se tester face à l’adversaire réputé le moins solide des quatre, le Japon. Les Nippons ne sont jamais parvenus à l’emporter face au Brésil. Ils restent d’ailleurs sur une cinglante défaite (4-0, dont un doublé de Neymar) le 16 octobre dernier.

Pour son entrée en lice, Scolari devrait reconduire l’équipe alignée face aux bleus. Placée à l’issue d’une saison post-Euro et avant une saison pré-mondial, cette Coupe des Confédérations s’apprête à se disputer dans l’indifférence généralisée depuis l’hexagone. Pour les brésiliens, elle est au contraire d’une importance capitale. Double tenante du titre, la Seleçao n’aura pas d’autres possibilités de se confronter au gratin mondial en compétition officielle, ni de lever les doutes qui se font de plus en plus grands sur les chances de cette génération d’ajouter une sixième étoile au maillot auriverde. Pas certain que des victoires face à l’Italie et à l’Espagne, pas plus qu’une troisième Coupe des Confédérations consécutives suffisent  à les dissiper. A chaque compétition, le Brésil a l’objectif de gagner. A domicile, devant son public, cette Seleçao a l’obligation de l’emporter. Le poids de l’histoire.


[1] Outre ses défaites face à la France et à l’Allemagne, le Brésil de Menezes a concédé 3 revers face à son voisin Argentin.

[2] Le but égalisateur face à la Russie (1-1) et l’ouverture du score face à la Squadra Azzura (2-2)