Dopage : de quoi l’affaire Quintana est-elle le nom ?

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Contrôlé positif par deux fois au Tramadol lors du dernier Tour de France, Nairo Quintana vit des heures difficiles. Son équipe, la formation française Arkéa-Samsic, est également pointée du doigt. Décryptage.



Ce lundi, l’équipe Arkéa-Samsic affichait un visage décontracté et serein à l’approche de la première étape du Tour d’Espagne 2022. Si la formation française a finalement terminé l’étape, un contre-la-montre par équipes, à une anecdotique 18e place à 1’25 » de la Jumbo-Visma, l’essentiel est ailleurs. Plus que jamais, la structure dirigée par Emmanuel Hubert est sous le feu des critiques, après que Nairo Quintana ait été rattrapé par la patrouille.

 

Quintana dans de beaux draps

Mercredi dernier, Nairo Quintana a eu la mauvaise surprise de se réveiller en apprenant, par le biais d’un communiqué de l’UCI (Union Cycliste Internationale), que deux de ses échantillons de sang séché, prélevés lors du dernier Tour de France, n’ont révélé la présence de Tramadol. Alors qu’il faisait du Tour d’Espagne son dernier grand objectif de sa saison 2022 – épreuve sur laquelle Arkéa-Samsic entendait bien briller et récolter un maximum de points UCI afin de rallier le WorldTour la saison prochaine – il a finalement dû renoncer à participer à la course, la pression n’étant finalement peut-être trop forte.

Il n’en reste pas moins que Nairo Quintana, qui dément avoir ingéré du Tramadol et annonce avoir demandé une nouvelle expertise médicale en laboratoire, n’est pas tiré d’affaires. Alors que sa ligne de défense reste, pour le moment, du pur déni, que se passera-t-il si la nouvelle analyse corrobore les résultats de la première ? L’avenir nous le dira. En tout cas, le coureur ne risque pas de suspension car le Tramadol demeure un produit placé dans une zone grise au regard de la réglementation anti-dopage.

 

Un contrôle positif à un produit non-répertorié comme dopant

Longtemps autorisé en compétitions officielles, le Tramadol est, depuis 2017, interdit par l’UCI. Mais, pour autant, le produit n’est pas considéré comme une substance dopante et ne fait donc pas l’objet de suspension sportive cas d’usage – le coureur récidiviste risque cependant une suspension de 5 mois de l’univers du cyclisme professionnel en cas de de plusieurs tests positifs. Dans le même temps, Nairo Quintana a vu sa 6e place au classement général final du Tour de France lui être retirée. Ce flou artistique interroge et dérange d’aucuns.

Car, fondamentalement, peut-on dire que Nairo Quintana a sciemment triché ? En ingérant du Tramadol lors des 7e (Planche des Belles Filles) et 11e (col du Granon) étapes du Tour de France, Nairo Quintana aurait en effet ciblé jours de course particulièrement cruciaux pour les coureurs engagés dans la lutte pour le classement général de la Grande Boucle. Si elle « ne constitue pas une violation des règles antidopage » aux yeux de l’UCI, la prise de Tramadol, de par ses effets conséquents de réduction de la douleur, ne peut être considérée autrement que comme une triche pure et simple. Qui pourrait, en effet, oser expliquer que ne plus avoir mal lorsque l’on appuie sur les pédales ne constitue pas un avantage certain pour un cycliste professionnel sur une épreuve de l’envergure du Tour de France ?

 

La position de l’équipe Arkéa-Samsic interroge

Au-delà du seul cas Nairo Quintana, c’est bien l’ensemble du comportement de l’équipe Arkéa-Samsic qui interroge. Dans un communiqué de presse laconique, l’équipe ne cherche même pas à se dédouaner elle et son coureur : « L’équipe Arkéa-Samsic a pris connaissance de la notification émanant de l’UCI et reçue par Nairo Quintana lui signifiant la présence de Tramadol dans deux échantillons de sang séché collectés lors du dernier Tour de France. […] Cette infraction au règlement médical de l’UCI n’entraîne pas de suspension pour le coureur. L’équipe Arkéa-Samsic n’apportera aucun autre commentaire. » En d’autres termes : circulez, il n’y a rien à voir.

Les coureurs de l’équipe française apprécieront, tout comme les deux sponsors qui se partagent le gros du financement du team. Une chose est sûre : à cause de Quintana, c’est bien toute l’image de l’écosystème Arkéa-Samsic (coureurs, intendance, sponsors, parties prenantes) qui est écornée, emportant avec elle au passage l’ensemble du peloton français voire international.