Cavs 4-2 Bulls : les observations

debats sports image par defaut
debats sports image par defaut


Une fois de plus, LeBron James est parvenu à écarter Derrick Rose et les siens de son chemin.



Au cours d’un match ultra défensif, malgré un premier quart temps qui se termine à plus de 30 points pour les deux équipes, les Cavaliers ont fait preuve de plus de créativité pour s’échapper. Ils ont trouvé les ressources nécessaires sur leur banc afin de créer l’écart et maintenir leur fondation tout au long du match.

Kyrie Irving n’a joué que 12 minutes à cause d’une douleur au genou gauche. David Blatt aurait pu craindre pour l’état de son groupe, mais c’était sans compter sur la performance improbable de Matthew Dellavedova, qui a sûrement sorti le match de sa carrière pour aider les Cavaliers.

Dans son ensemble, le groupe a donné tout ce qu’il avait pour abattre des taureaux finalement peu menaçants. Revenons sur cette domination des Cavaliers en quelques observations.

1- Honneur à l’homme du match : le meneur australien. Non, pas Kyrie Irving mais bien Matthew Dellavedova. En l’absence de son coéquipier All-Star, Delly a dû gérer l’équipe pendant 34 minutes lors d’un match de Playoffs. En temps normal, ce serait effrayant pour les Cavaliers mais cette fois-ci, il a assuré dans un rôle peu commun pour lui.

Comme lors du troisième match de la série joué à Chicago, Dellavedova s’est distingué grâce à son adresse extérieure mais aussi avec sa bonne défense. Il est parvenu à rester en face de Derrick Rose la plupart du temps et a contenu son jeu en pénétration. En 35 minutes passées sur le terrain, Rose n’a touché le ballon que 77 fois, pour 56 passes. Lors de la série, il n’avait jamais touché le ballon moins de 86 fois, avec trois matchs à plus de 100 touchers de ballon.

L’effort de Delly pour rompre la dynamique des Bulls a été admirable. Sur une pression tout terrain à une défense en un contre un, il a tout fait de manière très habile. Sa faute offensive provoquée dans le troisième quart temps en est la preuve. Il a maîtrisé l’arme principale de Chicago.

Offensivement, il aura été grandiose. Sans jamais forcer, il finit la partie avec 19 points et trois tirs inscrits derrière l’arc. Pour un joueur censé être le doublure de Irving, simplement sur le terrain pour son effort et ses fautes, c’est un aspect sympathique de Dellavedova que l’on a vu ce soir. Avec plus de confiance, il pourrait réellement être la solution en tant que back-up.

2- LeBron James, quant à lui, a été moins agressif que lors du Game 5. Plus passeur que scoreur (sept passes décisives à la mi-temps), il n’a jamais réellement eu à chercher son tir puisque ses coéquipiers s’occupaient de la majorité du scoring. Malgré son manque de réussite (7-23 au tir) et son problème de faute (quatre dans le troisième quart temps), il est resté sur le terrain pendant plus de 40 minutes pour donner les directives à son équipe.

Pour le reste, il lui a suffit de menacer la défense quelques fois pour leur rappeler de sa présence. Ensuite, il n’avait plus qu’à regarder ses jeunes coéquipiers travailler. Malgré le fait qu’il ait frôlé le triple double, il n’y a pas grand chose d’autre à dire à son sujet. Il a été le leader dont les Cavaliers avaient besoin et il ne pourrait pas être plus fier de ses coéquipiers.

Je veux qu’ils puissent ressentir ce moment et en profiter. C’est pour cela que je suis revenu.

On a quatre gars qui n’ont jamais fait les Playoffs auparavant mais jouent un énorme rôle dans cette équipe. Le fait que je puisse leur fournir la joie de jouer au basketball à nouveau, c’est tout ce qui importe à mes yeux.

3- Comme il l’a souvent fait au cours de cette saison, Tristan Thompson a donné de nombreuses secondes chances aux Cavaliers en attaque. Avec trois rebonds offensifs durant le premier quart temps, il a terrorisé le secteur intérieur des Bulls. Il a également ajouté 10 points et forcé Taj Gibson a commettre trois fautes rapides en 12 minutes. Ce type d’agressivité est toujours le bienvenu dans un match, surtout si cela permet de déranger le plan de jeu adverse.

A noter : sa combinaison avec Delly au alley oop fonctionne toujours aussi bien.

Après s’être remis de sa lourde chute sur une faute dangereuse de Mike Dunleavy Jr (encore lui), Thompson s’est rapidement relevé pour terminer la partie avec 13 points et 17 rebonds. En comparaison, le duo Pau GasolJoakim Noah a compilé 16 rebonds au total. En ajoutant deux contres, l’intérieur canadien a tout simplement réalisé la performance parfaite pour son rôle. Le plus impressionnant, c’est que ce n’est pas la première fois cette série.

Ce genre d’intensité et d’envie représente parfaitement l’équipe en l’absence de ses deux stars. Même diminuée, elle n’arrête pas de se battre. Thompson est le moteur des Cavaliers. Les négociations de contrat cet été vont être intéressantes.

4- En évoquant les actions déplacées, Nikola Mirotic en a sorti une impressionnante sur Iman Shumpert dans le second quart temps. Parti en contre attaque, l’arrière de Cavs s’est fait attraper à la gorge par Mirotic, tel un catcheur au milieu d’un ring lancé par les cordes.

Après cette action, Iman Shumpert est retourné sur le terrain pour inscrire sept points de suite. C’est probablement cette action qui a fait démarrer la machine des Cavaliers, puisqu’ils ont terminé le match sur un score de 53-33 après cet incident. Les apports de J.R. Smith et James Jones en sortie de banc ont également contribué au bon rendement offensif de l’équipe. Les deux shooteurs ont terminé la mi-temps avec six et neuf points respectivement.

5- Le banc, justement, a été précieux tout au long de la série. Il aura marqué au total 141 points sur la série, contre 131 pour celui des Bulls. La plupart des gens voyaient les joueurs de rotations de Cleveland comme le point faible de l’équipe. Ils ont prouvé le contraire. Avec l’insertion de Thompson et Shumpert dans le cinq majeur, le banc n’avait plus que Delly, Smith et Jones à proposer en rotation.

Après le game 3, grâce aux ajustements de David Blatt, les Cavaliers n’ont jamais été véritablement exposés par la suite. La présence de Irving ou James aux côtés de la bench mob a permis au groupe d’exploiter pleinement son potentiel. J.R. Smith n’a jamais eu à forcer son tir, Delly n’a pas eu à pénétrer pour créer du jeu et Jones a toujours été dans de bonnes positions pour shooter librement.

Ce qui rend leur performance appréciable, c’est également le timing de leur production. Lorsque LeBron n’arrivait pas à trouver son shoot hier soir, c’est James Jones qui s’est rendu disponible derrière l’arc. Lorsque Irving a quitté le terrain, c’est Delly qui a pris la relève. Même exemple lors des matchs 4 et 5. Avec la défense de Chicago fixée sur James, J.R. Smith ne s’est pas gêné pour inscrire une dizaine de points en début de quatrième quart temps.

Les chiffres qui apparaissent dans le boxscore au final ne seront pas impressionnants. Mais le changement de dynamique qu’ils ont provoqué à un moment précis du match sera primordial. C’est pour cela que les Cavaliers sont encore en vie aujourd’hui.

6- Puisque l’on évoque les joueurs de rotation, James Jones a été bien plus efficace que Nikola Mirotic sur cette série. C’est une comparaison étrange à première vue, mais dans le schéma de jeu de Tom Thibodeau, l’intérieur des Bulls n’est rien d’autre qu’un leurre sur le terrain. Placé sur le périmètre à écarter la défense adverse, Mirotic a rarement été agressif. Dans ce rôle précis, le vétéran des Cavaliers a prouvé qu’il était bien plus efficace que le rookie de 24 ans.

Dans cette série, Nikola Mirotic termine avec un total de 40 points à 3-14 de loin (21.4%). James Jones, lui, finit avec 34 points à 10-24 de loin (41.7%). Au cours de cette série, on a bien vu que les deux coachs ont eu des consignes bien trop similaires malgré leurs profils opposés. Thibodeau n’a pas pleinement exploité les capacités de son joueur. Peut-être aussi que Mirotic ne lui a pas rendu la pareille avec un cruel manque de réussite. Quoi qu’il en soit, le supposé facteur x n’a rien apporté sur cette série.

7- Malgré le gros écart final, les Bulls semblaient bien partis pour faire de ce match une affaire intéressante. Cependant, entre le second et le troisième quart temps, ils ont connu un trou noir durant lequel aucun tir n’est rentré et aucune solution ne s’est offerte à eux. Durant cette période, ils n’ont réussi que huit de leurs 28 tentatives en étant dominés au rebond.

Après cela, les hommes de Tom Thibodeau ont vite lâché l’affaire. Peut-être étaient-ils trop fatigués. Peut-être avaient-ils épuisé leurs ressources en saison régulière. Peut-être manquaient-ils de dureté. Cela dit, une équipe décimée par les blessures a trouvé le moyen de détruire ce qui semblait être « la franchise bâtie pour enfin détrôner le King ».

Ce qu’il y a de terrible avec cette équipe, c’est qu’ils n’ont pas mal joué avant de s’écrouler. Ils n’ont pas perdu énormément de ballons (seulement sept), ils n’ont pas pris les pires shoots mais il s’agissait plutôt de leur système global qui était défaillant. Le fait que faire passer tout leur jeu par Noah ralentissait considérablement leur attaque. Les Cavaliers pouvaient défendre à cinq contre quatre et Thibodeau n’a pas semblé s’en soucier. Les Bulls n’ont simplement pas répondu présent.

8- Au sujet de la préparation des matchs, LeBron James n’a pas cessé de féliciter le coaching staff pour avoir préparé les joueurs de la meilleure des manières. Coach Blatt et ses assistants ont trouvé la combinaison gagnante au cours de la série et ils s’y sont tenus. Des joueurs comme Shumpert, Thompson, Smith, Delly et même Timofey Mozgov n’auraient jamais eu un tel impact sur l’équipe s’ils avaient été utilisé autrement.

Ils ne sont pas seulement intelligents et volontaires, mais ils ont des rôles bien définis. L’an dernier, après chaque rebond offensif, Thompson remontait au panier pour se faire contrer. Cette année, il est assez lucide pour ressortir le ballon et donner à son équipe une meilleure option. Dellavedova sait qu’il n’a pas besoin de passer 10 secondes à dribbler. Un écran, un dribble, un passe suffisent.

Tout cela a été travaillé à l’entraînement, et c’est quelque chose que l’on ne souligne pas assez. David Blatt a beaucoup aidé ces joueurs de rotations. Il a passé la saison régulière a les observer et a modifier des aspects précis de leur jeu. Grâce à cela, son banc est capable de produire dans des moments critiques tels que les Playoffs.

Tandis que certains se concentrent encore sur le temps mort fantôme, Blatt, lui, prend la direction des finales de conférence.

9- Sans Kevin Love, sans Anderson Varejao, avec un Kyrie Irving affaibli et la suspension de J.R. Smith, les Cavaliers sont donc parvenus à se défaire des Bulls en six matchs. LeBron James a vu ses coéquipiers tomber un par un, mais il n’a jamais baissé les bras. Cet exemple a inspiré ses coéquipiers et l’équipe entière, qui a semblé plus unie que jamais lors de cette série. Ils ont joué avec du cœur et de la détermination, à l’image de leur leader.

Le groupe n’a jamais manqué d’envie et n’a jamais baissé les bras. Ils se sont construit une identité au cours de cette série. Celle d’une équipe qui peut répondre au défi proposé en toute circonstance. S’il faut jouer dur et finir les matchs à 80 points, ils le feront. S’il faut courir pendant 48 minutes et suivre un rythme infernal, ils ont les armes pour répondre. Ce groupe est mentalement prêt à se battre.

10- Désormais, les Cavaliers disposent de six jours afin de se reposer et guérir leurs diverses blessures. Pour Irving, il s’agit de jours précieux afin de soulager son entorse au pied et sa tendinite au genou gauche. Shumpert pourra récupérer, Thompson pourra soulager son épaule gauche et James pourra reprendre son souffle après avoir joué quasiment 41 minutes de moyenne sur la série.

En attendant mercredi prochain, on peut espérer que les Hawks et les Wizards se disputent la dernière place en finale de conférence en sept matchs. Go Cavs !

Boxscore

Boxscore Cavs Bulls Playoffs 6