Alonso 8ème, Vettel en pole. L’espagnol a t-il compromis ses chances et tuer le suspens?

debats sports image par defaut
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Dans un championnat du monde des pilotes qui aura réservé des surprises à chaque Grand Prix, la découverte du tracé du Circuit des Amériques en est une excellente. Planté au milieu du décors aride du Texas, le premier Grand Prix des Etats-Unis depuis le retentissant fiasco de celui d’Indianapolis, offrira aux pilotes 56 tours sur une piste qui a tout pour s’imposer à terme comme un des hauts lieux du sport automobile.



Le tracé du circuit des Amériques est l’oeuvre de l’architecte allemand Hermann Tilke. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Tilke a cherché à combiner sur les 5,47 kilomètres de bitume, tout ce qui fait la force des grands circuits. Ainsi, le Grand Prix d’Austin se déroulera dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme à Interlagos, Abu Dhabi ou à Singapour. Conscient que les dénivelés renforcent les sensations de vitesse, l’architecte allemand a fait du circuit des Amériques le troisième tracé au plus fort dénivelé derrière les deux plus beaux tracés que comporte le championnat du monde de Formule 1, Suzuka et Spa Francorchamps. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, Hermann Tilke a décidé d’intégrer au circuit des segments d’autres tracés bien connus des pilotes automobiles : l’enchaînement Maggots-Beckettes-Chapel de Silverstone est reproduit aux virages 3 à 6, les virages 13 à 15 sont quant à eux une reprise de l’entrée du stade du circuit d’Hockenheim, et les virages 16 à 18 sont largement inspirés du triple-gauche du circuit d’Istanbul Park. Bref, un terrain de jeu idoine pour marquer l’histoire de la Formule 1. Et le public ne s’y trompe pas.

Privés de Grand Prix de Formule 1 depuis 5 ans, les américains, passionnés de Nascar, assistent en masse aux essais libres et qualificatifs de ce Grand Prix d’Austin. Pas moins de 65 000 âmes ont fait le déplacement pour assister aux séances du vendredi, ils étaient 82 000 hier. Les organisateurs attendent pas moins de 120 000 spectateurs pour la course de ce soir. Pour assister à une nouvelle victoire de Sebastian Vettel et au sacre du jeune pilote allemand?

Les essais libres puis les qualifications, tous dominés par Sebastian Vettel ont donné un avant goût de ce que sera le Grand Prix de cette fin d’après midi, que seuls les abonnés à Eurosport pourront regarder sans recourir au streaming. Que TF1 abandonne la Formule 1, on en sera tous ravis, tant la chaîne n’a jamais marqué le moindre respect pour les fans de la discipline (coupures publicitaires incessantes, y compris lors de moments clés des GP, fin de retransmission au prétexte du chevauchement avec d’autres programmes, commentateurs d’un chauvinisme indécent qui les conduit fréquemment à raconter n’importe quoi, etc…).

En réalisant la pole position, Sebastian Vettel s’est donné toute latitude pour aller chercher une nouvelle victoire et consolider un peu plus son avance au championnat du monde des pilotes. En ne faisant pas mieux que le 9ème chrono, lors de la même séance, l’espagnol Fernando Alonso a lui, offert à l’allemand de sérieux espoirs de sacre dès ce dimanche. Accusant dix points de retard sur son cadet, Alonso doit terminer au pire quatrième s’il veut conserver ses chances de titre au delà du GP d’Austin si Vettel venait à s’y imposer.

En passant à côté de sa séance de qualification l’espagnol a t-il ruiné ses chances de remporter un troisième titre de champion du monde des pilotes?

Clairement le pilote Ferrari ne s’est pas mis dans les meilleures dispositions possibles pour la course de dimanche. Vettel a confirmé, bien aidé par une monoplace ultra-performante qu’il est bien le meilleur sur un tour. Or le pilote Red Bull Racing n’est jamais aussi fort que lorsqu’il s’élance depuis la première position sur la grille. Il sera d’autant plus dangereux qu’il s’élancera du côté propre de la piste, comme son coéquipier Mark Webbe (3ème) qui a confirmé ne pas vouloir de la seconde position occupée par Lewis Hamilton. Nouveau tracé, planté au milieu d’un environnement aride, le circuit des amériques est extrêmement poussiéreux et la portion de la piste hors trajectoire excessivement sale. Il en allait de même en Inde, et on s’était aperçu que les pilotes placés du côté sale avaient au final mieux négocié leur envol. A la régulière, l’allemand ne sera pas prenable et seul Lewis Hamilton si sa monoplace lui permet de rester en piste durant les 56 tours de l’épreuve, semble en mesure de le priver d’une sixième victoire cette saison.

Pour autant, Fernando Alonso, devrait prolonger d’encore une semaine le suspens pour le titre de champion du monde des pilotes. Fort du neuvième temps, en Q3, Fernando Alonso s’élancera depuis la huitième position sur le grille, suite au déclassement de Romain Grosjean (4ème temps) pénalisé de 5 places pour un changement de boîte de vitesse. Pas nécessairement une bonne nouvelle, quand on sait que la 8ème place est positionnée du côté sale de la piste. Et avoir Romain Grosjean, dans son environnement proche ne devrait pas rappeler que des bons souvenirs au pilote espagnol. S’il se sort indemne de la procédure de départ, Fernando Alonso pourra alors viser le podium ou a minima la quatrième place qui lui permettra de conserver mathématiquement ses chances jusqu’à Interlagos. Depuis le début de la saison, la Ferrari est en dificulté dans l’exercice du tour rapide, mais elle regagne en performance le dimanche. Il n’est pas anormal de retrouver Fernando Alonso loin sur la grille (il n’avait signé que le septième temps à Abu Dhabi), ce qui l’est davantage c’est l’écart abyssal concédé à Vettel (1,6 seconde) et la position de Felipe Massa. Pour la seconde fois de la saison, le brésilien devance son coéquipier en qualification et lui inflige près d’une demi seconde d’écart.

De deux choses l’une :

  • Soit Fernando Alonso a craqué mentalement dans l’exercice des qualifications au moment le plus important de la saison quand son rival dominait son sujet et que son coéquipier se transcendait…
  • Soit le pilote espagnol conscient des forces et des faiblesses de sa monoplace a opté pour des réglages optimum pour la course, quitte à sacrifier quelques dixièmes en qualifications.
Connaissant le champion, on penche pour la seconde option. La tâche ne sera toutefois pas aisée. Devant lui, se dressent 4 champions du monde et le coéquipier de son rival pour le titre. Cela n’empêche pas, le natif des Asturies d’être confiant sur son niveau de performance lors des 56 tours du circuit des Amériques.
S’il (Vettel) gagne la course et qu’il gagne encore Brésil il sera champion et ce sera mérité. Nous, nous devons nous battre pour atteindre la troisième partie de la qualification, nous sommes ici un peu par miracle et nous nous accrochons à notre espoir. Comme je l’ai dit, j’ai l’étrange sensation que demain nous allons encore réduire l’écart.

Pour l’intérêt du championnat et du dernier Grand Prix de la saison au Brésil, on espère que l’étrange sensation de Fernando Alonso se confirmera sur la piste. On rappellera toutefois que la lutte pour le titre de champion du monde des pilotes n’est pas le seul enjeu de ce Grand Prix. Seulement le plus important et le…plus médiatisé. Quoique, TF1 n’en a visiblement rien à cirer.