Sans Loeb, Mini et Ford, à quoi va ressembler le WRC en 2013 ?

debats sports image par defaut
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La saison 2012 de WRC affiche encore 2 rallies au calendrier, à commencer par le rallye de Sardaigne de ce weekend. Ils ne présentent toutefois plus d’enjeux sportifs. Les titres pilotes et constructeurs sont déjà joués. Sébastien Loeb est depuis sa victoire au rallye d’Alsace nonuple champion du monde de la discipline. L’annonce de son retrait (partiel) du WRC, après dix ans de domination hégémonique sur la discipline, devait ouvrir des perspectives nouvelles pour le WRC. L’annonce du désengagement de Ford termine de redéfinir les rapports de force, au grand bénéfice du suspens.



Quels constructeurs ?

Alors que le constructeur américain a vu ses velléités de victoires contrecarrées pendant près d’un décennie par Sébastien Loeb, Ford ne profitera pas du retrait du français pour remporter un titre de champion du monde des pilotes qui les fuit depuis 1981 et le sacre du finlandais Ari Vatanen. Ford n’est pas la seule écurie à quitter la discipline. Avant même d’avoir réalisé une saison complète, Mini se retire également du championnat du monde des rallyes malgré de belles prédispositions sur les rallyes sur asphaltes. Le constructeur anglais est la propriété de BMW. Or l’actionnaire qui ne goûterait que moyennement d’être dominé outrageusement par le futur ogre de la discipline, un autre constructeur automobile allemand, Volkswagen.

La « voiture du peuple » a en effet développé un programme et dispose d’un budget de nature à les conduire immédiatement au sommet de la hiérarchie mondiale. Le français Sébastien Ogier a été embauché à l’issue de la saison précédente afin de développer l’auto. Le français a fait une croix sur ses ambitions pour la présente saison, pour revenir avec le statut de favori pour la couronne mondiale en 2013.

Son principal adversaire dans la lutte pour le titre de champion du monde des pilotes risque bien d’être son coéquipier si la Polo est à la hauteur des investissements consentis par le constructeur germanique. En effet, alors qu’elle a enregistré la pré-retraite de Sébastien Loeb, la structure compétition de Citroën a été priée de réviser son budget à la baisse pour la saison prochaine.

Les Mini ne seront pas totalement absentes du paysage du WRC l’année prochaine. En effet, la marque britannique a décidé de fournir des pilotes privés, BMW se chargeant d’assurer le développement du moteur 1,6L turbo. Il en ira de même en ce qui concerne les Ford Focus, l’écurie MSport devrait poursuivre l’aventure. Le champion du monde 2001, Peter Solberg a même manifesté son envie de demeurer au sein de la structure, croyant dans les capacités de la Focus à jouer la gagne sur certains rallyes l’an prochain.

Dans une discipline où les monoplaces ont l’apparence de voiture de série, l’impact commercial des résultats est déterminant. Ford et BMW n’ont pas souhaité prendre le risque d’être battus par dans l’ère post- Sebastien Loeb. Par ailleurs, dans une discipline où nombre de commentateurs ont vu voir dans les succès à répétition de Loeb la conséquence de l’absence de concurrence, l’impact marketing d’une victoire sans le nonuple champion du monde est à relativiser.

Quels pilotes ?

Le retrait de Ford laissait les deux pilotes du constructeur américain sans contrat pour l’année prochaine. Le finlandais Jari-Matti Latvala a décidé de rejoindre les rangs de Volkswagen aux côtés de Sébastien Ogier.

Chez Citroën Mirko Hirvonen qui va devenir le numéro 1, devrait être accompagné de l’ancien pilote maison, Dany Sordo qui se retrouve sans volant suite au retrait de mini ou du pilote maison Thierry Neville. Sébastien Loeb devrait quant à lui prendre part à 4 ou 5 rallyes à bord d’une Citroën DS3.

Hormis les deux écuries officielles, les écuries privées, avec tous les aléas de financements et de programmes partiels que cela implique viendront compléter le plateau. Les bonnes places seront à prendre du côté de M-Sport où Peter Solberg devrait rempiler. L’actuel quatrième au championnat du monde des pilotes, Mads Ostberg pourrait bien l’accompagner pour former un tandem 100% norvégien.

Le Qatar devrait poursuivre son investissement dans la discipline, eu égard à la présence de Nasser Al-Attiyah. La nature et l’identité du partenaire des qataris sont en revanche moins évidentes qu’il n’y paraît. En effet, si la poursuite d’un partenariat avec Citroën semblait naturelle, le désengagement de Ford a changé la donne. M-Sport bénéficiera toujours des Ford Focus qui ont fait la démonstration de leur efficacité et pourrait bien être le lieu rêvé pour un investissement des qataris. Avec une auto efficace mais en manque de liquidité, M-Sport pourrait bien être un solide candidat à la victoire si les qataris venaient à y placer quelques deniers en même temps que leur pilote national.

La signature d’un accord entre Abu Dhabi et Citroën pour un montant de 20 millions d’euros portant uniquement sur la saison prochaine, renforce la perspective de voir les qataris investir dans une structure privée disposant de voitures compétitives. Abu Dhabi était jusque là un des partenaires de Ford et contribué au budget de l’écurie pour un montant 4 fois inférieur. Abu Dhabi Tourism Authority remplacera donc Red Bull sur les 3 DS3 qui seront engagées l’année prochaine. En contre partie, Citroën devrait installer dans sa troisième DS3, Khalidad Al-Qassimi.

Si la saison 2013 risque de mettre aux prises, les deux pilotes Volkswagen, Mirko Hirvonen voire Peter Solberg pour le titre de champion du monde avec seulement deux écuries d’usine, le WRC pourrait bien être encore plus palpitant à suivre dès 2014.

Le panorama des perspectives à moyen terme pour le développement du WRC ne pâtit pas des retraits successifs de ces dernières semaines. Le constructeur coréen Hyundaï a fait part de son intention d’intégrer la discipline dès l’année prochaine avec un programme qui ne devrait concerner que quelques manches de la saison, avant de participer à une saison complète dès 2014. En espérant que les coréens qui ont présenté leur auto la i20 WRC lors du salon de l’auto à Paris, aient plus de succès que lors de leur précédente participation à la discipline (2000-2003).

Par ailleurs, sous l’égide de Jean Todt, le WRC a enfin trouvé un promoteur. Or l’identité de ce promoteur, Red Bull Media, confine à l’optimisme. Les amateurs de sport mécanique n’ignorent pas les succès de l’écurie de formule éponyme. Lorsque la marque autrichienne s’investit dans un secteur d’activité, il n’est bien que le football où elle n’est pas couronnée de succès. Orientée sports extrêmes, l’agence de communication de Red Bull est le partenaire idoine pour le développement international du WRC qui passe par deux vecteurs essentiels :

  • La popularisation du WRC au-delà du cercle d’initiés que le rallye passionne. Dans cette optique la diffusion télévisuelle de la discipline semble l’enjeu principal.
  • L’internationalisation de la discipline via l’organisation de rallyes ailleurs qu’en Europe.

Sans oublier l’aléa sportif, dont l’absence a tant nuit à la discipline que nous cherchions à savoir, il y a quelques semaines si Loeb n’avait-il pas tué le rallye sans y répondre pour autant par l’affirmative. Il semble toutefois, que son départ, lui redonne une nouvelle vie.