Qu’attendre des Championnats du monde de cyclisme ?

debats sports image par defaut
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Année de Jeux Olympiques, les championnats du monde de cyclisme 2012 n’ont pas cristallisé l’attention des observateurs et des amateurs de la petite reine autant que les années précédentes. Pourtant cette édition ne manque pas d’intérêts sportifs et réglementaires. Pour la première fois depuis 1994, les championnats du monde de cyclisme ont vu l’organisation d’une épreuve contre la montre par équipe. Pour la première fois de l’histoire de ce sport, cette épreuve n’a pas opposé des sélections nationales mais des équipes de marques professionnelles. Cette innovation passée relativement inaperçue a vu l’équipe Omega-pharma Quick-Step l’emporter bien emmené par le double champion du monde du contre la montre individuel, l’allemand Tony Martin. Gageons que l’UCI ne tardera pas à renouveler l’initiative tant elle correspond à la vision d’un cyclisme professionnel mondialisé que ses dirigeants semblent vouloir imposer.



Les sélections nationales ne sont pas encore obsolètes et cette édition des championnats du monde clairement ancrée dans la tradition du vélo tant par le parcours proposé que par les favoris annoncés.

Un parcours connu.

Les cyclistes engagés dans l’épreuve en ligne sur route parcourront pas moins de 267,4 kilomètres. Pas de place pour la découverte et l’exotisme. Ils emprunteront en grande partie les routes de l’Amstel Gold Race. Après avoir traversé le sud de la province du Limbourg où ils franchiront successivement le Maasberg (500m à 4,4%), l’Adsteeg (500m à 5,4%-, le Lange Baarberg (1,3km à 4,5%), le Daelseweg/Putberg (1,4km à 4,6%), la Rugweg (3,1km à 3,2%), l’Eperheide (2,3km à 4,5%) et Hoogcruts/Piemert (1km à 5,8%).

Ce n’est qu’après ces 106 kilomètres où seuls les téméraires devraient se montrer, que le peloton s’engagera dans le premier des 10 tours du circuit de 16,1 kilomètres qui les attend autour de Valkenburg. Avis aux amateurs, là où l’Amstel Gold Race propose trois passages du Cauberg, les candidats au titre mondial devront passer à 10 reprises le Bemelerberg (900m à 5%) et le Cauberg (1km à 8%).

L’arrivée sera jugée 1 400 mètres après le sommet du Cauberg. Dès lors les précédents vainqueurs et les traditionnels animateurs de la classique néerlandaise sont attendus comme les grands favoris à la succession de Mark Cavendish.

Cette saison, le vétéran italien Enrico Gasparotto de l’équipe Astana a déjoué tous les pronostics en s’imposant sur l’Amstel Gold Race. Il avait enterré tous ses concurrents parmi lesquels le belge Vanendert (2nd) et le slovaque Peter Sagan (3ème). Thomas Voeckler avait pris la 5ème position devant Philippe Gilbert qui était alors le double tenant du titre. En effet, le leader de la formation belge sera le grand favori de ces championnats du monde tant le parcours lui a toujours réussit. Avant ses deux victoires en 2010 et 2011, le belge avait notamment échoué au pied du podium en 2009 (4ème place). Naturellement il est le grand favori de l’épreuve.

Quels favoris ?

Après avoir dominé tout l’été, les britanniques sont rentrés dans le rang sous l’effet de la défaite de Mark Cavendish aux Jeux Olympiques de Londres, et de la déroute de Chris Froome lors de la Vuelta. En partance de la Sky, Mark Cavendish s’apprête définitivement à changer de tunique.

Bien qu’ont ne les voit pas peser sur la course, il sera intéressant de regarder comment se comporteront les porte étendards du Royaume, Bradley Wiggins et Chris Froome. La montée du Cauberg exige des qualités d’explosivité qui ne sont pas nécessairement celles du vainqueur du Tour de France et Chris Froome semble tout simplement cramé après une saison où il aura beaucoup (trop ?) roulé pour son leader.

Un autre acteur majeur du Tour de France sera à surveiller comme le lait sur le feu. Le slovaque Peter Sagan, maillot vert du dernier Tour de France, qui a illuminé la saison des classiques de sa classe, pâtira une nouvelle fois d’être né dans une contrée qui n’est pas une nation majeure de la petite reine. Peter Sagan devra se débrouiller seul. S’il a relâché depuis la fin du Tour de France, il reste un sérieux client pour la victoire tant il a démontré qu’il était le meilleur lors des sprints en côte. Si l’arrivée jugée 1400 mètres plus loin que l’Amstel Gold Race lui convient tout à fait, il lui faudra exceller tactiquement parce que les autres nations disposeront de 9 coureurs.

Quelle stratégie de course ? 

Les grands favoris de l’épreuve que sont le belge Philippe Gilbert, et les espagnols Alejandro Valverde et Joaquim Rodriguez seront particulièrement bien entourés avec Alberto Contador, Jonathan Castrovielo, Pablo Lastras, Juan Antonio Flecha, Oscar Frere, Dani Moreno et Samuel Sanchez. La sélection espagnole est impressionnante. Les tensions et les inimitiés que se vouent Alberto Contador, Alejandro Valverde et Joaquim Rodriguez pourraient toutefois perturber la course des espagnoles d’où un Samuel Sanchez pourrait tirer son épingle du jeu.

Les ibériques pourront jouer plusieurs cartes. Tout comme les belges qui ont déjà prévu de placer un coureur dans chacune des échappées afin de ne pas avoir à assumer le poids de la course. Philippe Gilbert sera entouré de Tom Boonen, Greg Van Avermaert, Jjorn Leukemans, Gianni Meersman, Jurgen Roelandts, Sjin Vandendergh, Kevin de Weert et Johan Vansummeren.

A l’instar de leur comportement lors des Jeux Olympiques, les italiens emmenés par Vincenzo Nibali seront à coup sûr les grands animateurs de la course. Face aux Gilbert, Sagan, Valverde et Rodriguez sans compter sur un Gerrans, les italiens ont tout intérêt à dynamiter une course dans laquelle les locaux ne manqueront pas de se distinguer.

Contrairement aux Jeux Olympiques où les meilleures sélections ne pouvaient engager plus de 5 coureurs, les mondiaux permettent aux plus grandes nations de présenter des sélections de neuf coureurs. Un effectif suffisant pour contrôler la course. Si on considère que les belges et les espagnols, et…les français ont tout intérêt à un scénario où le titre se joue dans la montée du Cauberg, alors rares seront les fenêtres d’opportunité pour les attaquants. Ces mondiaux devraient couronner un costaud attendu. Un scénario à la Vinokourov est hautement improbable.

Quelles chances pour les français ?

Le sélectionneur français Laurent Jalabert a retenu des coureurs de devoir pour entourer Thomas Voeckler. Outre Sylvain Chavanel qui pourrait bien jouer sa carte personnelle, Maxime Bouet (AG2R La Mondiale), Jérôme Coppel (Saur-Sojasun), Mickaël Delage (FDJ-BigMat), Jérémy Roy (FDJ-BigMat), Tony Gallopin (Radioshack), Vincent Jérôme (Europcar) et Arthur Vichot (FDJ-BigMat) auront la tâche de protéger Thomas Voeckler afin qu’il puisse jouer sa carte au moment opportun.

Contrairement aux Jeux Olympiques, la sélection française arrive en nombre aux Pays-Bas. Avec un leader unique la stratégie des cyclistes français sera certainement prévisible mais Laurent Jalabert a souhaité se donner les moyens de ses ambitions. Celui qui échoua à remporter le titre de champion du monde en tant que cycliste croit en ses chances de l’obtenir en tant que sélectionneur avec Thomas Voeckler. Le récent maillot à pois du Tour de France estime lui même que ses chances bien que ténues sont réelles.

« A Valkenburg j’ai 99 chances sur 100 d’être déçu et une chance sur 100 de gagner mais cette chance je sais où elle est… »

Espérons que les Belges, les Espagnols et Peter Sagan ne le sachent pas…

NB : Le dernier français à avoir été sacré champion du monde de cyclisme est Laurent Brochard en 1997.