Masters de Londres. Personne n’en veut ?

debats sports image par defaut
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Le Master 1000 de Shangaï a certainement scellé définitivement les espoirs de Roger Federer de terminer la saison à la première place mondiale. Le suisse vient de passer sa 300ème semaine en tête du classement ATP, mais sa défaite en demie finale face à Andy Murray conjuguée à la victoire finale de Novak Djokovic, placent le serbe avec une avance de 2 155 points à la Race. Or il ne reste théoriquement que 3 250 points à prendre d’ici à la fin de saison. Le suisse ne s’alignant pas sur les tournois 250 de cette semaine, il lui faudra réaliser le même carton plein que la saison dernière (500 points de Bâle, 1 000 points du Master 1000 de Paris Bercy et 1500 du Masters de Londres) tout en espérant une défaillance du serbe, pour égaler un des rares records qui lui manque, celui du nombre d’années terminées à la place de numéro 1 mondial.



En revanche s’il est un enjeu majeur de cette fin de saison, que le Master 1000 de Shangaï n’a pas contribué à clarifier, c’est bien celui de la course à la qualification pour les Masters de Londres. Si l’espagnol Nicolas Almagro confirme qu’il est en train de gâcher une fin de saison qui pouvait lui permettre de s’imposer comme un homme fort du circuit (position favorable à l’issue de l’US Open quant à une qualification pour le Masters de Londres, finale de Coupe Davis à jouer contre la République Tchèque), les autres impétrants ne parviennent pas à distancer leurs rivaux. Malgré l’indigence de ces performances, Almagro reste 10ème à la race.
Richard Gasquet, après son titre à Bangkok ne cesse de décevoir (défaite au second tour face au 168ème mondial à Pékin, puis éliminant prématurée face à Radek Stepanek au Master 1000 de Shangaï). Milos Raonic a manqué l’occasion de faire le trou en s’inclinant en finale du tournoi de Tokyo face au local Kei Nishikori, puis en s’inclinant pour la première fois de sa carrière face à Marcos Bagdhatis cette semaine lors du second tour. John Isner n’a pas su mettre à profit sur le dur chinois, son statut de plus grand serveur d’aces du circuit pour se rapprocher à la Race. Seul Marcin Cilic a tenu son rang, ne cédant qu’en quarts de finale face à Roger Federer. Le croate reste malgré tout à 660 points de Tipsarevic. Un gouffre.

Cette semaine avec trois tournois 250 pourrait s’avérer plus déterminante qu’il n’y paraît. En effet, l’argentin Juan Martin Del Potro fait son retour à la compétition lors du tournoi de Vienne pour la première fois depuis son match de Coupe Davis face à Radek Stepanek le 14 septembre dernier. Or si l’argentin venait à être en capacité de tenir son rang en cette fin de saison, seul le forfait attendu de l’actuel numéro 4 mondial, Rafael Nadal, ouvrirait les perspectives de qualifications au delà de la 8ème place mondiale. Malgré tout, la bataille en vaut la chandelle.

Est-il des raisons de se battre pour une place qualificative pour le Masters, ne serait-ce qu’en tant que remplaçant ?

Outre le prestige de participer à une compétition rassemblant les 8 meilleurs joueurs mondiaux, tout en étant assurer de disputer a minima trois rencontres, se battre pour une place qualificative aux Masters de Londres est tout à fait rationnel.

  • Le Masters est une compétition qui permet de remporter de nombreux points ATP à moindres frais. Une victoire dans les phases de groupe des Masters rapporte 200 points. L’hypothèse d’un troisième match entre deux joueurs éliminés, donc sans enjeu sportif, met en jeu près de l’équivalent qu’une victoire dans un tournoi 250.
  • Une seule victoire dans les groupes peut suffire à se qualifier pour les demies finales.

Plus motivant encore pour les candidats à une qualification. Une rapide rétrospective sur les résultats des dernières années lors du tournoi final de la saison, démontre que le Masters est la compétition la plus prestigieuse où les seconds couteaux peuvent sérieusement prétendre au titre.

Résultats du Masters sur les 10 dernières saisons :

La seule constance au haut niveau lors des Masters réside dans la domination quasi sans partage de Roger Federer. Hormis les six victoires du suisse et sa finale perdue en 2005 face à Nalbandian, le Masters est une compétition bien plus ouverte que les tournois du Grand Chelem. Si sous l’effet de la domination de l’helvète, le nombre de vainqueurs est limité sur les dix dernières années (Hewitt, Federer, Nalbandian, Djokovic, Davydenko) on y retrouve deux joueurs qui ne se sont jamais imposé en Grand Chelem. Nalbandian a réussi le tour de force de remporter le Masters une année où il ne figurait même pas dans le top 10 mondial à l’entame du tournoi. Onzième à la Race il avait bénéficié des abandons d’Andy Roddick, Leyton Hewitt et Marat Safin pour se qualifier pour le tournoi et par la suite le remporter. L’argentin a remporté le plus prestigieux titre de sa carrière, alors qu’il avait initialement prévu d’aller pêcher.

Nicolaï Davydenko qui n’est jamais aussi bon que lorsque le prize money est élevé s’est hissé à deux reprises en finale du Masters. Lorsqu’il remporte le tournoi, il n’était que le 7ème joueur mondial. L’an passé, Jo-Wilfried Tsonga, 6ème mondial n’est pas passé loin de l’exploit et n’a du s’incliner que face aux maîtres des lieux.

Sur les dix dernières éditions, aucun joueur n’est parvenu à remporter plus d’une fois le tournoi à l’exception de Roger Federer (ndlr : Leyton Hewitt a réussit cette performance sur les onze dernières années), et seuls, Nicolaï Davydenko et Leyton Hewitt se sont hissés à deux reprises en finale.

Nicolas Almagro, Richard Gasquet, Juan Monaco, Milos Raonic, et Marcin Cilic auraient tout intérêt à livrer toutes leurs forces dans la bataille. Le jeu en vaut la chandelle. Cette année, alors que la place de numéro 1 mondial est en jeu, et qu’Andy Murray est bien décidé à s’imposer une nouvelle fois cette saison chez lui, inquiéter ce top 3 sera un sacré exploit. David Nalbandian a démontré que le Masters permettait ce genre de performance.

Nicolas, Richard, Juan, Milos, Marcin. Il n’est pas encore temps de sortir les cannes à pêches.