L’évolution de Dion Waiters

debats sports image par defaut
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Après les rumeurs et les altercations avec ses coéquipiers cette saison, Dion Waiters semble enfin avoir trouvé la bonne formule afin de tirer le meilleur de ses capacités. En l’absence de Kyrie Irving, le quatrième choix de la draft 2012 a parfaitement su combler le vide laissé au scoring ainsi qu’à la création. En huit matchs sans le meneur All Star, Waiters affiche des moyennes de 22.0 points (44.0% au tir), 3.1 rebonds et 5.1 passes décisives. Ses moyennes sur la saison avant cette série étant de 14.5 points (42.4% au tir), 2.8 rebonds, 2.7 passes décisives, le déclic s’est fait autrement que par la simple absence de Irving.



Le jeu offensif n’a jamais été un problème pour Dion Waiters. Il est arrivé en NBA avec une grande confiance en lui, pensant pouvoir prendre chaque joueur en un contre un. Il a d’ailleurs été drafté en quatrième position sans avoir pris part à la moindre interview, ni entraînement avec aucune équipe. Son duo avec Kyrie Irving était, sur le papier, l’un des plus enthousiasmant de la ligue et des plus prometteur. Deux arrières dynamiques, aux qualités offensives indéniables, capables d’attaquer le panier ou de shooter par-dessus la défense. Seulement l’attitude de l’ancien de Syracuse n’a pas laissé ce processus se mettre en place. Son comportement laissant suggérer « personne ne peut m’arrêter » lui a souvent porté préjudice, auprès des arbitres comme de ses coéquipiers.

Souvent l’a-t-on vu aller au panier faisant face à plusieurs défenseurs et continuer à s’enfoncer, menant forcément à un mauvais tir. Les résultats de ces actions voyaient Waiters s’en prendre à l’arbitre pour ne pas avoir sifflé faute et dans le même temps, négliger sa tâche défensive. Cette attitude a souvent agacé ses coéquipiers, mais aussi son coach Mike Brown, lui coûtant logiquement des minutes dans la rotation. On l’a souvent pointé du doigt pour avoir fait perdre des matchs à l’équipe. La défaite de 44 points contre Sacramento cette saison en fait partie. Il a également été pointé du doigt pour l’incident dans le vestiaire après la défaite à Minnesota.

Cela dit, Waiters a toujours mis en avant la combativité et l’esprit d’équipe lors de ses conversations avec les médias. Certes, son effort n’est pas constant et on sent qu’il peut faire mieux à certains moments, mais il sait dans quel intérêt il joue et pourquoi il est choisi par son coach chaque soir. Brown l’a souvent complimenté sur ses qualités en attaque, mais aussi sur son potentiel en défense. On se souvient de cette déclaration, après un match de Summer League :

Il sait défendre, il sait défendre. J’adore ce garçon !

Peu après avoir annoncé son retour à Cleveland, Mike Brown avait exprimé sa volonté de faire de Waiters un « lockdown defender », c’est à dire un stoppeur. A Syracuse, malgré le système de zone, on pouvait voir quelques flashs et de bonnes séquences de sa part en défense. Malheureusement ses problèmes de concentration et d’attitude ont pris le dessus pendant une grande partie de la saison et ont bloqué sa progression.

En Septembre, Dion Waiters déclarait ceci :

Cette année, je vais faire taire beaucoup de gens. Je vais leur montrer. Je n’ai pas besoin de compliments et de tout ça. Je veux juste être respecté.  C’est tout ce que j’ai à dire. Vous allez voir.

Comment ne pas s’attirer les foudres du reste de la ligue, et même de ses coéquipiers, avec de telles déclarations et un effort si peu intense en match ? Pourtant, il reste l’un des joueurs favoris des fans. Sûrement grâce à son caractère flamboyant et le fait qu’il ne recule pas devant l’adversité, ce qui produit un contraste assez intéressant vu qu’il baisse les bras lorsque les choses ne vont pas dans son sens.

Kyrie Dion USAToday

Cependant, Waiters reste pour le moins impliqué dans le travail qu’essaie d’accomplir la franchise. En l’absence de Kyrie Irving, il a endossé le rôle du leader et a porté les Cavaliers en ce mois de mars plus que compliqué. Contre Miami, Waiters a exposé ses talents de créateur, finissant avec 17 points et 11 passes. Pour un joueur qui tournait en moyenne deux passes sur la saison, ce n’est plutôt pas mauvais. Deux jours après, il finit avec 30 points contre Oklahoma City, amenant les Cavs à provoquer un comeback dans le quatrième quart temps, malheureusement trop court pour la victoire. Contre les Houston, encore deux jours après, il affiche une ligne de stat de 26 points, 5 rebonds et 7 passes. Il met ensuite fin à une série de huit victoires consécutives de New York, aux côtés de Jarrett Jack (31 points, 10 passes), avec 22 points.

Durant cette série de matchs, le numéro 3 des Cavaliers a pris ses responsabilités. En comprenant la situation délicate dans laquelle était son équipe, il a joué le rôle du leader. Cela dit, malgré ses bonnes performances, il a voulu s’excuser auprès de Mike Brown, notamment pour la défaite contre Oklahoma City. « C’est ce que les hommes font » dira-t-il à la presse après être sorti du bureau de son coach. L’important ici n’est pas tant le résultat, ni les stats, mais bien l’attitude du joueur.

Au final, il faut savoir se regarder dans un miroir. Si vous pensez faire parti du problème, pourquoi ne pas l’admettre ? Il est facile de pointer du doigt certaines choses mais il faut aussi chercher comment régler ces problèmes nous même. Là d’où je viens, c’est comme ça que l’on fonctionne. On ne désigne pas de coupable.

Ces performances, nous savions qu’il en était capable. Nous savions que son talent offensif pouvait l’amener à marquer plus de 20 points chaque soir. Il suffisait d’une opportunité mais surtout d’un ajustement au niveau de son attitude. Accepter une erreur et tout faire pour la corriger la possession d’après, se battre pour ses coéquipiers et leur faire confiance, c’est exactement ce que Mike Brown lui a appris cette saison. La frustration est naturelle après une action ratée. L’important est de savoir ce qu’on en fera par la suite.

Lorsqu’on parle de développer un jeune talent dans une équipe, c’est à cela que l’on pense. Changer la mentalité d’un jeune joueur fragile pour lui inculquer des valeurs solides, qui lui permettront d’avancer à travers l’adversité et les échecs. Lui permettre de se relever après une défaite. C’est à ce moment là que la qualité de professeur d’un coach ressort.

En l’absence de leur leader, les Cavaliers ont donc pu se tourner vers un autre de leurs jeunes joueur, prêt à prendre ses responsabilités. Ses coéquipiers l’ont remarqué. Jarrett Jack en atteste :

Il a fait un travail monstre en l’absence de « Ky ». Il y a encore des progrès à faire mais il fait un énorme boulot. C’est un grand changement comparé au début de la saison, au niveau de ses décisions, de la communication, des critiques qu’il reçoit, il est plus attentif.

Pour parler de son jeu en général, rien n’a vraiment changé en lui. Certes ses prises de décisions sont meilleures, mais il fait ce qu’il a toujours fait : être agressif. Il finit plus efficacement au panier qu’avant le All Star Break et défend plus sérieusement. On se rapproche du joueur dont Brown parlait au début de la saison. Maintenant, est-ce qu’il pourra jouer aux côtés de Kyrie Irving lorsque celui-ci reviendra de blessure ? Pas sûr. Le coach semble vouloir garder une présence offensive sur le banc, afin de guider la second unit. On ne peut s’empêcher de rêver d’un duo Irving-Waiters dans le cinq majeur pour finir la saison.

A l’âge de 22 ans, Dion Waiters semble avoir pris conscience de l’importance de la communication au sein d’un groupe. Comme le disent ses coéquipiers, il y a encore du travail à faire, mais c’est un grand progrès. Beaucoup de mérite peut être donné à Mike Brown, qui a géré son cas progressivement. Reste à savoir maintenant si ses performances au mois de mars lui ont valu un retour dans le cinq de départ.