Les carnets de scout de Débats Sports : Shabazz Muhammad

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Alors que la March Madness approche, le début de saison NCAA a permis aux aficionados de la NBA d’avoir des premiers éléments de réponse à leur question annuelle : Quel universitaire pourra s’imposer comme le visage de la franchise qui le choisira à la fin du mois de juin ?



Il est encore tôt pour affirmer l’identité des premiers appelés mais nous avons tout de même choisi de vous présenter quelques têtes d’affiche. Tout au long de la semaine, nous vous livrerons les carnets de scouts de notre draftologue au rythme d’un prospect par jour, avant d’envisager quelles pourraient être leurs franchises d’accueil.

Une conclusion s’imposera à la fin de la lecture. Les pivots sont très présents parmi les « gros lots ». Deux interprétations de ce constat sont possibles.

Les tenants du verre à moitié plein avanceront avec optimisme que la Draft 2013 viendra redensifier un poste qui a perdu de sa superbe tandis que leurs détracteurs du verre à moitié vide y verront le signe d’une cuvée faible en talents de premier plan. L’avenir tranchera.

Premier épisode de nos carnets de scout avec le phénomène Shabazz Muhammad.

Shabazz Muhammad

La star d’UCLA a défrayé la chronique en fin d’année passée. Entretenant le suspens jusqu’au bout, la NCAA avait alors déclaré l’étudiant inéligible à quelques heures du coup d’envoi de la saison comme sanction pour irrégularité lors de son recrutement, punitions qui deviennent chaque année plus nombreuses.

Rappelons par souci pédagogique que les étudiants n’ont pas le droit officiellement de recevoir le moindre kopeck bien qu’ils soient les acteurs majeurs du spectacle.

L’arrière au nom prophétique avait répondu par une campagne Twitter « Free Shabazz », slogan qu’il portait alors imprimé sur son T-Shirt.

Le business passant tout de même avant tout, la ligue avait cédé après quelques matchs et lever l’interdiction sur une de ses têtes de gondoles.

Un nouveau (dernier ?) rebondissement intervint jeudi dans la saga Muhammad.

Venu affronter Arizona avec un sac Gucci, la NCAA avait alors cherché des poux dans la tête de la star d’UCLA pour savoir comment avait été envoyé ce cadeau onéreux d’une valeur avoisinant les 1000 dollars.

Tout le monde put enfin se rassurer, avant le nouvel épisode ?, puisque la ligue se ravisa après que la sœur de l’intéressé ait justifié le cadeau par un reçu.

Mais, ce qui attire l’œil des franchises NBA chez le jeune étudiant oscillant entre les postes 2 et 3 n’est certainement pas son goût pour le prêt-à-porter de luxe.

Leader de sa classe d’âge depuis le lycée, Muhammad était considéré comme le favori pour le premier choix de la Draft avant le coup d’envoi de la saison et il s’accroche jusqu’ici à son trône officieux, affichant de plus en plus d’aisance sur le parquet au fil des rencontres.

Comme tout extérieur de ce rang, Muhammad sait attaquer le panier avec autorité tout en prenant les coups dans la peinture que le retentissement du sifflet vient récompenser par des lancers primés.

Les pénétrations du Bruin (ours ndlr) sont favorisées par son premier pas rapide qui prend de vitesse le défenseur.

Celles-ci traduisent également une agressivité du joueur dans sa quête de la victoire, malgré son jeu élégant.

Outre ses qualités de slasheur, le prospect présente un shoot hors-pair, comme en témoigne son impressionnante, pour le moment, adresse à 3 points (45,8%).

Avec un tir à mi-distance en perpétuelle progression, l’arrière a la possibilité de dégainer de partout.

S’il constitue une menace sérieuse en post-up, le Bruin n’est jamais plus dangereux qu’en tirant après s’être créé son propre tir.

De manière générale, la vedette de Los Angeles parvient toujours à prendre l’avantage sur son adversaire direct, soit en utilisant son intelligence de jeu pour trouver des opportunités faciles, soit en travaillant son défenseur qui joue systématiquement avec moins d’intensité que ce compétiteur ultime.

Shabazz Muhammad est donc un attaquant somme toute assez complet, capable de marquer aussi bien en transition que sur demi-terrain.

En marge du scoring, la star d’UCLA ne se distingue pas comme un passeur décisif exceptionnel puisque sa moyenne dans l’exercice n’atteint pas l’unité, ce qui est faible pour un arrière.

Ce dernier n’est pourtant pas un croqueur dans la mesure où il ne rechigne pas à passer la balle en cas de prise à deux.

De plus, son QI basket le pousse à ne pas forcer son jeu et, à l’inverse d’autres stars, jeunes et moins jeunes, quand le jeu de l’équipe ne passe pas systématiquement par lui, la star de l’université ne s’en formalise pas et se rend utile intelligemment en proposant des solutions à ses coéquipiers.

A ce stade, le point que Muhammad gagnerait le plus à travailler est probablement sa maîtrise de la balle orange.

Le dribble n’est pas une plaie béante dans son jeu mais peut largement être perfectionné.

Sa relative faiblesse dans le domaine explique peut-être en partie le fait que le prospect ne soit pas dérangé de jouer sans le ballon, ce qui embête généralement les vedettes universitaires et lycéennes jouant à son poste.

La hargne de l’étudiant d’UCLA ne s’essouffle pas quand la question n’est plus de remplir la colonne « points » de la feuille de match.

Un scout est même allé jusqu’à dire qu’à sa connaissance, il s’agit du premier basketteur à cet âge jouissant d’un tel statut à fournir plus d’effort et montrer plus d’envie pour défendre sa moitié de terrain que pour attaquer.

Un comble pour ce scoreur né !

Son goût de la compétition l’encourage à faire taire celui qui lui fait face, souvent avec succès grâce à son envergure, son intensité.

Physique et mentale, la dureté dont fait preuve le jeune Shabazz à chaque action lui rapporte de plus des rebonds assez nombreux aussi bien en attaque qu’en défense.

Que manque t-il au basketteur au nom prophétique pour conquérir la grande ligue ?

Des qualités athlétiques prétendument inférieures à celles des stars et un potentiel considéré comme limité.

Mais, de mémoire de scout, n’étaient-ce pas des reproches formulés contre James Harden, Kevin Durant ou Brandon Roy?

Stats : 17,9 points à 46,9% dont 45,8% à 3 points et 5,1 rebonds en 28,9 minutes.

Demain, vous avez rendez-vous avec Nerlens Noel.