Le top 10 des veinards de la Draft 2017

debats sports image par defaut
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Au soir du 22 juin 2017, le spectateur NBA passionné frémissait à l’idée d’une soirée de Draft qui devait lui réserver bien des surprises. Finalement, il n’y en eut aucune, à l’exception d’un transfert stupéfiant entre Chicago et Minnesota. Au lendemain d’une cérémonie au déroulement plus prévisible qu’à l’accoutumée, certains acteurs de l’évènement semblent cependant se détacher par la chance ou la réussite dont ils ont pu bénéficier. Retour sur les grands veinards de la Draft 2017



1) Les fans des Kings

Plus de dix ans de déboires ont eu raison de bien des supporters de la franchise de Sacramento mais les rares courageux encore debout ont été récompensés. La soirée s’annonçait tranquille avec une sélection actée de De’Aaron Fox au cinquième choix. Ajouter à son effectif un meneur travailleur et intelligent pour la décennie prochaine constituait un premier motif de réjouissance mais faisait figure d’évidence: à ce stade de la cérémonie, du point de vue des besoins de l’équipe, et du joueur qui avait déclaré sa flamme à Vlade Divac et consorts.

La surprise est venue de la dixième sélection, transformée en deux choix ultérieurs.

Justin Jackson remplit une faille au poste 3 de l’effectif et une tâche de shooteur bien utile aux côtés du premier drafté. L’ailier est connu depuis des années pour son intelligence et son professionnalisme.

Harry Giles était LE pari à tenter pour tout GM en herbe, et en reconstruction.

L’ancien meilleur lycéen du pays n’a peut-être pas perdu toute l’explosivité qui enchantait les recruteurs. Ceci dit, il cochait déjà la case du QI basket et se détachait par une personnalité mature hors du terrain et agressive sur le parquet.

Nous sommes bien loin de la Draft 2010 où les Kings repartirent avec des personnalités aussi difficiles que Demarcus Cousins et Hassan Whiteside!

Pour couronner le tout, le choix du second tour favorablement placé a été investi sur Frank Mason. Le meneur ne présente aucun potentiel à exploiter mais équilibre de sa longue expérience universitaire les arrivées des novices Giles et Fox. Son éducation basketballistique est plus aboutie et il affiche le profil d’un possible troisième meneur, sinon remplaçant, pérenne en NBA. Sa présence et son leadership feront beaucoup de bien au jeune groupe.

Isolée, la venue de Fox aurait été une satisfaction. Alliée aux autres mouvements opérés lors de la cérémonie, elle semble s’intégrer dans une stratégie intelligente de l’équipe dirigeante pour rendre la franchise compétitive sur le long terme, une stratégie qui tirerait les leçons des erreurs passées. Un miracle inattendu pour tout fan des Kings.

La perspective de regarder un cinq Fox-Hield-Jackson-Labissière-Giles éveille même la curiosité du spectateur moyen de la NBA, c’est dire le tour de force!

 

2) Dennis Smith Jr.

Le meneur de North Carolina State compte parmi les éléments les plus talentueux de la cuvée. Pourtant, il a chuté jusqu’au neuvième rang.

Oui, sa gestion de la Draft ne paraît pas avoir été optimale.

Oui, il n’a pas démontré la plus grande constance dans ses performances au sein d’un environnement de travail chaotique.

Oui, ses petites taille et envergure ne seront pas des atouts pour défendre ses vis-à-vis.

Toutefois, celui qui opère dans l’ombre des noms plus ronflants de la promotion à son poste jouit désormais d’une situation idéale. Smith Jr. rejoint l’une des franchises les plus professionnelles de la ligue. Son apprentissage du jeu sera désormais supervisé par l’un des meilleurs techniciens de la NBA, Rick Carlisle, rendu inamovible par sa compétence et la clairvoyance du propriétaire Mark Cuban. Enfin, il complète les fondations d’une équipe de l’ère post-Dirk Nowitzki que les transferts pour Harrison Barnes et Nerlens Noel ont entamée.

Membre de cette triplette nouvelle génération, le meneur aura tout le loisir d’apprendre de la légende allemande pendant au moins une saison et voit sa motivation nourrie par la relative désillusion de sa chute lors de la Draft.

Le seul grain de sable pouvant enrayer la machine réside dans un fort tempérament qui devra s’accorder avec le non moins fort caractère de Rick Carlisle.

Ceci dit, en tant que rookie dans une organisation de renom, il y a fort à parier que la fougue du chien fou sera canalisée par l’exigence du vieux sage.

Son développement lui permettra-t-il de candidater pour le titre de Rookie of the Year?

 

3) LaVar Ball

Est-il bien nécessaire de présenter le pudibond paternel du deuxième choix de cette cuvée? Le chef d’entreprise de Ball Brand s’est bien évidemment réjoui, à sa manière, effacée et stoïque, de la sélection de son fils le plus doué par Los Angeles.

Arborant une magnifique cravate à l’effigie de sa boite, mais ayant tout de même troqué les claquettes de rigueur pour des chaussures plus convenues, le père le plus connu de la cité des anges s’est fendu d’une déclaration fracassante quant à l’influence de Lonzo sur la qualification en playoffs des Lakers.

Le soufflet risque de retomber mais rarement l’entourage d’un joueur n’aura su instrumentaliser le processus pré-Draft, à commencer par la saison d’UCLA, à son avantage pour alimenter à ce point le cirque médiatique.

La chance sourit aux audacieux.

La loterie a souri à LaVar.

 

4) Les Charlotte Hornets

L’observateur lambda ne manque pas d’appréhender chaque édition des Hornets avec un brin de scepticisme. Après tout, en dépit d’une multitude de pioches dans la loterie depuis plus d’une décennie, Charlotte n’a qu’une réussite pleine et entière dans l’exercice: la sélection de Kemba Walker.

Néanmoins, ce 22 juin 2017 ne sera pas porté au discrédit de l’organisation.

Rich Cho (ou Michael Jordan?) a pris la décision logique en s’attachant les services d’un Malik Monk, annoncé un temps bien plus haut. A ce stade de la promotion, l’ancien Wildcat n’a pas besoin de devenir une superstar pour donner satisfaction. Dès lors, l’arrière au profil de role player shooteur répond à un besoin patent de l’effectif. Cohérence rime avec opportunisme. De plus, si Malik Monk excède les attentes, Charlotte se félicitera d’un steal retentissant.

 

5) Tom Thibodeau

Après le faux départ de la Draft 2016, l’ancien coach des Bulls retrouve son poulain à l’occasion de la fournée estampillée 2017. Les Timberwolves se sont ainsi adjoints les services d’une vedette confirmée de la ligue, connue pour sa dureté, afin d’entourer de jeunes talents encore très tendres, défensivement notamment, en Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins. La franchise gagne en crédibilité et peut nourrir des espoirs de playoffs pour l’an prochain, même s’ils risquent d’être déçus compte-tenu de la densité de sa conférence, inversement proportionnelle à celle de son banc.

Ceci dit, cette chance n’aura pu être savourée pleinement par Thibs. Il n’a toujours pas trouvé de point de chute à Ricky Rubio, qui semble décidemment ne pas lui convenir, au point d’alimenter des rumeurs de signature d’un Kyle Lowry.

Après l’acte manqué de Butler finalement accompli, le temps du départ de l’Espagnol pourrait venir très vite…

 

6) Donovan Mitchell

L’arrière de Louisville a atterri à la douzième position, dans la zone prévue, alors que sa popularité lors des work-outs menaçait de lui faire grimper l’échelle de la Draft de quelques crans. Ce faisant, il aurait généré des attentes irréalistes relativement à son niveau actuel et/ou la situation de son équipe d’accueil, soit la recette de tant de carrières gâchées (Darko Milicic?).

Le protégé de Rick Pitino sort rasséréné de la cérémonie à double titre. D’une part, le Jazz a bien compris qu’il ne faudra rien lui demander ou presque sur le plan offensif l’an prochain, en attendant que son tir gagne en assurance et son dribble en maitrise. D’autre part, Utah s’est imposé comme l’une des organisations les plus sérieuses de la ligue. Si elle a échoué dans le développement de certaines jeunes pousses (Morris Almond, Dante Exum), elle peut compter sur un entraineur excellent et pédagogue en Quin Snyder.

 

7) Jordan Bell

Tout novice doit rêver d’être choisi par la meilleure équipe, l’une des meilleures de l’histoire, favorite à sa succession et parti pour durer plus encore. Cerise sur le gâteau, le débutant de l’année écoulée, Patrick McCaw, a pu s’intégrer aux rotations par son intelligence de jeu et la qualité de son shoot. Sans cette dernière arme, mais avec une polyvalence défensive, Jordan Bell peut nourrir l’espoir de suivre la même trajectoire en 2018 et se rendre précieux pendant son contrat rookie puisque les contrats des autres intérieurs poseront problème au fur et à mesure.

 

8) Gajs

Le fondateur de Débats-Sports est également connu pour sa prééminence parmi les aficionados des 76ers en France. Dernier des mohicans du hinkisme, survivant du Process après quatre années de dur labeur, il peut se réjouir de voir débarquer à Philadelphie un possible joueur majeur de la NBA en Markelle Fultz pour former un trident monstrueux, sur le papier et hors de l’infirmerie: Fultz-Simmons-Embiid.

Sa relation avec Bryan Colangelo en connaît également les retombées, en dépit d’une gestion du second tour entre deux eaux. Dernière satisfaction, et pas des moindres: le créateur de Sixers-France attend à la station 2017-2018 de recevoir des wagons de fans supplémentaires. Que demander de plus?

 

9) Josh Jackson

Après que son nom ait circulé dans le top 3, Josh Jackson a été finalement rétrogradé en quatrième position. Le déroulement de la Draft lui fournit donc une source de motivation supplémentaire, dont il n’avait certes pas besoin, mais que les compétiteurs pathologiques comme Kobe Bryant ou Michael Jordan recherchent en permanence.

Cette déchéance est également un bienfait sur le plan sportif, ne serait-ce que par son association avec Devin Booker. Les Suns ont besoin d’un joueur tel que Jackson tandis que son profil plus orienté role player sied mieux à un choix n°4 qu’aux précédents.

Quelques points noirs demeurent au tableau toutefois.

Earl Watson semble se situer à l’autre extrême du spectre de la NBA que Gregg Popovich. Le parallélisme se poursuit entre le bilan sportif récent des deux équipes qu’ils entrainent. Le garçon au sang chaud saura-t-il contenir ses émotions face à la dure réalité? Ce n’est pas garanti.

 

10) les Portland Trail Blazers

Les Blazers ont fait savoir rapidement que l’ajout de trois rookies à un effectif compétitif manquait de cohérence, par là qu’ils en appelaient aux acquéreurs potentiels des trois choix.

Capable de monter dans l’ordre de sélection, l’organisation s’est retrouvée en position de réaliser un coup double. Respectant le principe même de la cérémonie, Portland s’est hissé au dixième choix pour accueillir le jeune talent au potentiel le plus évident disponible. Aux côtés de Jusuf Nurkic, la carte Zach Collins peut être jouée dès à présent ou sur le plus long terme tant l’intérieur répond à la charte du stretch-four apte à switcher sur le pick-and-roll. Les décisionnaires ont confirmé l’approche de long-terme qui a présidé à ce choix.

Dans le même temps, le choix restant a permis d’enregistrer le renfort de Caleb Swanigan. Destiné à évoluer sur le même poste 4, manifestement identifié comme point faible de l’effectif, le sophomore est de ces hommes contre lesquels il vaut mieux ne pas parier. Extrêmement dur, l’athlète a déjà commencé à plancher sur son corps pour gagner en mobilité et ne pas devenir un handicap irrémédiable au niveau NBA.

Le sophomore de Purdue sent la bonne suprise.

 

Bonus : Daryl Morey

Les Rockets n’avaient que deux choix du second tour à la cérémonie, laissant les mains libres au dirigeant de partir à la chasse d’une superstar supplémentaire.

Outre Dillon Brooks, la tête pensante de l’organisation a pu mettre la main sur Isaiah Hartenstein au choix n°43. L’intérieur allemand n’a que dix-neuf ans et a chuté à cause de doutes médicaux relatifs à son dos, doutes susceptibles de nuire à sa carrière.

Ceci posé, le jeune espoir a déjà fait l’étalage d’un QI basket intéressant, d’une belle qualité de passe et de prédispositions défensives certaines.

Ainsi, Morey n’a rien risqué ou presque, et s’offre l’opportunité de réaliser un magnifique coup de poker d’ici quelques années si la santé d’Hartenstein tient.