La NBA c’était mieux avant ?

debats sports image par defaut
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La semaine passée, le vieux Kevin Garnett a balancé des noms d’oiseaux sur le moins vieux Carmelo Anthony. On ne reviendra pas sur ce que le Celtic a pu dire au Knick, mais le débat s’est tout de suite dirigé vers Garnett. L’intérieur est coutumier du fait (il a déjà fait pleurer Villanueva, le joueur des Pistons) et tout le monde s’est soulevé contre ces actions anti sportives et démontrant un manque clair de fairplay.



D’autres voix, moins nombreuses, ont soutenu plus ou moins le joueur. Non pas en soutenant les paroles de Garnett (car après tout personne ne peut vraiment savoir si Mme Anthony sent la… bref) mais plutôt en regrettant l’excès de fureur de Melo et la sanction des arbitres. Et comme souvent, on a pu entendre la célèbre litanie, la NBA, c’était mieux avant.

Mais avant quoi exactement ? Depuis la sortie de piste wizardienne de Jordan peut-être. La retraite définitive du meilleur joueur de tous les temps a clairement fait passer la NBA dans le 21ème siècle, en 2003. Non pas que le jeu ait véritablement changé avec son départ. Il faut vraiment remonter encore quelques années pour trouver un basket qui ne ressemble plus vraiment à ce que l’on peut trouver sur les parquets aujourd’hui.

Prenons le titre des Bulls en 1991 par exemple. Une finale de conférence à l’Est entre les Bulls de Son Altesse et les Pistons d’Isaiah Thomas, Joe Dummars et Dennis Rodman est-elle encore possible aujourd’hui? Clairement non. Ces joueurs-là se détestaient. Au point que Jordan refusa la présence de Thomas aux Jeux de Barcelone en 92. L’altercation entre Garnett et Melo représente juste un fait de jeu mais en aucun cas une rivalité certaine entre les joueurs et encore moins entre les franchises. Garnett et Melo ont souvent joué face-à-face et se retrouveront au All Star Game avec le même maillot sans que cela ne pose de problème de conscience à l’un ou à l’autre.

Et que dire des finales qui suivront entre Chicago (qui a sweepé Detroit) et les Lakers de Magic et Worthy ? Des finales dantesques, remportées la bande à Jordan après un dernier match exceptionnel de Jordan (30 pts, 10 passes) et de Magic (triple double avec notamment 20 passes).

Et que dire également de la finale de conférence 88 entre les Celtics et les Pistons ? L’interception de Larry Bird reste à n’en pas douter un moment fort de l’histoire de la NBA, que cette dernière se plait à nous rappeler chaque année.

Vous souvenez-vous d’une action particulière des derniers playoffs ? Le trois points de James malgré ses crampes lors des finales peut-être et encore. Clairement, ces dernières finales ne resteront dans les mémoires que parce qu’elles signifient le premier titre de LeBron mais en aucun cas parce que le jeu ou l’intensité défensive méritent que l’on s’en souvienne. Et plus généralement les playoffs en général. Pourtant nous avons eu droit à des oppositions légendaires comme les séries entre le Heat et les Knicks ou celle entre les 76ers et les Celtics. Mais était-elle au niveau des quatre finales de conférence des eighties entre Boston et Philadelphie et leurs deux Hall of Famers, Larry Bird et Julius Erving ? A vous de juger, mais les forces en présence n’étaient pourtant pas honteuses.

Les joueurs actuels sont tous des athlètes de haut niveau, des monstres physiques, dont les highlights sont la marque de fabrique. Clairement, les highlights de Larry Bird ou John Stockton ne sont pas les vidéos les plus vues parmi les vidéos NBA. Les crossovers de Joe Johnson ou les dunks de Blake Griffin sont définitivement plus en verve. Mais pourtant qui au final préférez-vous revoir ?

Qui dit rivalité des joueurs en berne, dit aussi rivalité entre les équipes en baisse. Je ne suis pas en train de vous dire que la NBA est tombée dans le monde des bisounours, mais ne nous faites-pas croire que la nouvelle rivalité récente entre les Knicks et les Nets est du même acabit que celle qui a pu exister entre Bulls et Pistons ou entre les Celtics et les Lakers. Aujourd’hui Paul Pierce le Celtic est né en Californie en supportant L.A. et Kobe avait fait le camp d’entraînement de Boston avant d’être drafté par Charlotte.

Outre le jeu, c’est l’environnement global de la NBA qui a changé. Je ne vous parle par ici de Beinsport qui ridiculise Canal + mais plutôt de la gestion des franchises. En recrutant à tour de bras cet été, le GM des Lakers a voulu démontrer qu’il fallait dépenser plus pour gagner plus. Il s’est trompé. L’inflation des salaires depuis des années dans la ligue est telle que sur les dix joueurs ayant accumulé le plus de dollars durant leurs carrières, huit sont encore en activité. Le site RealGM a également permis de remarquer que Michael Jordan n’était que le 87ème joueur NBA avec le plus de dollars dans sa valise, tout juste devant Emeka Okafor et derrière David Lee.

Le salary cap, mis en place en 1984 n’a cessé d’évoluer durant les trente dernières années. De 3,6 millions de dollars il est aujourd’hui fixé à 58 millions. Cela n’empêchant cependant pas des équipes comme les Lakers de le dépasser allégrement et même de quasiment le doubler (100M$ cette saison).

Les stars gagnent plus mais pour plus les ponctionner. Chaque année, la ligue énonce pléthore de règles, toutes inventées pour sanctionner financièrement les acteurs. Du propriétaire (Mark Cuban, de Dallas est un très bon client) au joueur (JJ Barea va-t-il arrêter de flopper ?), tout est fait pour leur prendre de l’argent. Sur le papier c’est défendable, mais du coup, avec les règles interdisant de s’accrocher au cercle, de toucher l’arbitre, de flopper, de critique l’arbitrage, de fêter allégrement un panier, on se fait vite ch… en regardant un match.

La prise de bec entre KG et Melo a au moins eu pour effet de secouer un peu un match qui s’endormait. On n’ira pas jusqu’à regretter le hockey et la permission laissée aux joueurs de régler ça aux poings, mais un peu de tension ne fait pas de mal. Le trashtalking aussi.

A l’issue de cet accrochage, Melo a attendu Garnett au bus des Celtics, comme un copain jaloux attend un dragueur en sortie de boîte. La sanction ne s’est pas faite attendre : un match de suspension pour le new-yorkais, sans salaire bien entendu.