La décima de Nadal

debats sports image par defaut
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C’est demain matin, dimanche 24 Mai que le 114ème Roland Garros débutera porte d’Auteuil, à Paris. 128 hommes et 128 femmes combattront pour remporter l’un des tournois les plus mythiques de l’histoire du tennis. Mais ici, désolé Mesdemoiselles et Mesdames, c’est uniquement aux hommes que nous allons nous intéresser. Voici, en avant-première, le résumé de ce Roland Garros. Il est temps de monter dans notre DeLorean et de faire un bond de deux semaines dans le futur.



Pour commencer, comment ne pas parler du vainqueur de ce Roland Garros 2015 ? Comment ne pas parler d’un homme qui vient de rentrer encore plus dans l’histoire du tournoi Parisien, du tennis mondial et tout simplement, dans l’histoire du sport avec un grand S. Beaucoup doutaient de lui. Il arrivait à Roland Garros avec 5 défaites sur terre battue, un record pour lui. Il semblait en délicatesse avec son jeu, et mentalement, il paraissait moins « tueur ». Et pourtant, Roland Garros est un tournoi qui se joue à 128 et où, à la fin, c’est toujours Rafael Nadal qui gagne. Un an après que son club de coeur, le Real Madrid, ait conquis la décima en remportant sa dixième Ligue des Champions, lui est allé claquer « sa » décima, devenant le premier homme à remporter dix fois le même tournoi ATP (Personne ne l’a fait plus de 8 fois).

Sur le Chatrier, Rafael Nadal devient un autre joueur. Un mutant, terrible et indestructible. Pour beaucoup, c’était Djokovic le favori. Un Djokovic éliminé en quatre sets en quart de finale par le Majorquin, dans un match où le Serbe n’aura jamais réellement mis en danger le roi Rafa. Au final, c’est Andy Murray, en demi-final, qui aura le plus gêné le taureau de Manacor. Le britannique s’est même procuré des balles de deux sets partout avant de céder au tie-break de la 4ème manche. Halys, Almagro, Mannarino et Dimitrov ont eux, tous été balayés en trois manches. Tout comme son adversaire en finale…

En effet, encore une fois, Roger Federer n’aura pas pesé bien lourd face à Nadal. Le Suisse a fait la course en tête dans le premier set, mais comme souvent, il s’est écroulé, maltraité par le lift incroyable de son meilleur ennemi. Pourtant, le Maestro avait bluffé tout le monde durant la quinzaine. Arrivant avec un bilan mi-figue mi-raisin sur terre, il avait du attendre les demi-finales pour perdre un set, contre Kei Nishikori. Virevoltant sur le cours, il a profité d’un tableau relativement facile, notamment depuis l’élimination de Stan Wawrinka par Guillermo Garcia Lopez, pour jouer à un niveau que l’on ne pensait plus revoir de sa part à Roland Garros.

Contre Gaël Monfils, en 8ème de finale, la foule attendait un gros combat, le français étant sorti vainqueur de leurs deux derniers face-à-face, sur terre à chaque fois. Mais l’homme aux 17 titres du Grand Chelem a survolé les débats, infligeant une correction au Français. Cependant, en finale, comme toujours, il n’y avait rien à faire, mentalement et physiquement, le Suisse semblait avoir perdu le match d’entrée.

Les deux demi-finalistes, eux, ont réalisé un excellent tournoi. Évidemment, Andy Murray regrettera ses balles de deux manches partout, gâchées contre Nadal, mais il aura montré un tennis incroyable, notamment durant ce match, sans doute le plus beau de la quinzaine. Bluffant contre Ferrer en quart de finale, l’écossais s’est offert de belles promesses pour l’avenir. Et si, désormais, après que Federer et Djokovic s’y soit cassé les dents, c’était « Muzz » qui devenait le challenger numéro 1 de Nadal à Paris ? La question mérite d’être posée. Mais l’autre demi-finaliste, lui aussi, aura son mot à dire dans le futur. Beaucoup plus jeune, Kei Nishikori a pris sa revanche de l’an passé, où, blessé, il avait quitté le tournoi d’entrée. Son jeu de jambes et son sens du placement ont fait des merveilles, même si, comme pour Federer, on peut parler d’un tableau clément, avec un bas de tableau déserté par les têtes de séries. Son match en cinq sets contre Fognini en quart de finale fut, par moment, une merveille. Contre Federer, il a mené un set un break avant de voir le Suisse se réveiller. Malgré tout, sa régularité en Grand Chelem commence à faire de lui un des joueurs les plus consistants du circuit.

Dans l’ensemble, le haut du tableau n’aura réservé que peu de surprises. Djokovic, en promenade de santé jusqu’à son quart de finale, n’aura pas perdu un set contre Nieminen, Muller, Vanni et Anderson. Il en va de même pour Ferrer, qui aura évité Marin Cilic, sorti par Jiri Vesely, qui s’est offert son premier huitième de finale en Grand Chelem.

Niveau surprise, on pourra noter quelques belles performances. Le compte de fée de Lucas Vanni continue puisque l’Italien de 29 ans, finaliste à Sao Paulo pour le 2ème tournoi ATP de sa carrière, s’est offert un joli 3ème tour pour son premier Grand Chelem, avec une victoire contre Tomic au 1er tour. Comme dit plus haut, Jiri Vesely a sorti deux têtes de séries, Leonardo Mayer puis Marin Cilic pour rejoindre la deuxième semaine. 8ème aussi pour Santiago Giraldo, tombeur de John Isner. Et, pour finir avec le haut de tableau, coup de chapeau à Stephane Robert, le français, sorti des qualifications, vainqueur de Kyle Edmund avant de livrer un combat homérique contre Nick Kyrgios au second tour, un combat finalement perdu en cinq manches, et à Maxime Hamou, faisant honneur à la Wild Card qui lui était attribué, avec une victoire au 1er tour contre Jerzy Janowicz.

Dans le bas du tableau, en revanche, il y eu des surprises à tous les étages. Coup sur coup, Roland Garros a perdu Berdych puis Wawrinka battus respectivement par deux joueurs excellents sur terre cette saison, Fabio Fognini et Guillermo Garcia Lopez. Fognini, très consistant sur cette surface en 2015 (il s’y est offert deux fois Nadal depuis janvier), a regoûté au quart de finale à Paris, quatre ans après. Quant à Garcia Lopez, il a confirmé son fantastique début de saison, en se positionnant plus que jamais comme un outsider pour participer à la Masters Cup en fin de saison. Le vieillissant Juan Monaco a montré que c’était un joueur toujours très solide sur terre en atteignant la deuxième semaine. Trois français en 8ème de finale, mais pas mieux, avec Tsonga sorti par Fognini, Simon par Garcia Lopez et donc Monfils battu par Federer.

Pour le reste, on notera le 2ème tour du très talentueux Elias Ymer, nouvelle pépite d’un tennis suédois historiquement fort à Roland Garros. Niveau contre -performance, la saison galère d’Ernests Gulbis continue. Il y a un an, il bougeait sérieusement Djokovic en demi-finale. Cette saison, il s’incline d’entrée contre Igor Sisjling. Difficile de parler de cette quinzaine sans parler d’un match entre Benoit Paire et Fabio Fognini. Pourtant, le match a accouché d’une souris, ce Fognini là étant bien trop costaud pour Paire, toujours en recherche de sensations.

En résumé, comme toujours, Roland Garros aura offert deux magnifiques semaines de tennis, clôturant la saison sur terre battue, avec son lot de joies, de pleurs, de surprises, de grands moments, et, aussi, de pluie. Et, une nouvelle fois, il faut souligner l’incroyable performance de Rafael Nadal, qui a désormais 10 coupes des Mousquetaires dans son armoire. Jamais, il n’avait abordé un Roland Garros avec si peu de certitudes. Et pourtant, il présente désormais un bilan de 73 victoires en 74 matchs à Roland Garros. En cinq sets, il présente un bilan ahurissant de 97 victoires pour une seule petite défaite sur terre battue. Un monstre du tennis, le plus grand champion que le tournoi parisien ait vu. Rendez vous l’an prochain. Avec 127 joueurs qui n’auront qu’une envie. Imiter Robin Soderling et battre le « King of clay » dans son jardin.

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