Jean Fernandez, arnaque des temps modernes?

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            Jean Fernandez, joueur puis entraineur, est souvent dépeint dans le monde du football et dans le monde des médias comme un grand passionné du ballon rond mais aussi comme celui qui a participé à l’éclosion de Zinedine Zidane, Frank Ribéry ou Benoit Pedretti. Soit. Mais pourtant dans les deux derniers clubs qu’il a fréquentés Fernandez (dit « le fossoyeur » par certains supporters) laisse plus de mauvais souvenirs que de bons. Alors avant de débuter sa carrière montpelliéraine, retour sur les dernières saisons d’un entraîneur controversé.

AJ Auxerre : du rêve au cauchemar

            Jean Fernandez est arrivé sur les bords de l’Yonne en 2006 avec une équipe composée de bons voire très bons éléments comme Kalhenberg ou Benoit Cheyrou (nous y reviendrons). Si nous revenons sur les classements de l’AJA sous Fernandez, il n’y a rien de catastrophique (8e, 15e, 8e, 3e et 9e) mais tous ces classements furent acquis au prix de deuxième partie de saison flamboyante. Rappelons par exemple que la 9e place acquise en 2010-2011 ne s’est dessinée qu’à la dernière journée car l’AJA était menacée de relégation jusque-là. Jean Fernandez a également pu compter à son palmarès une qualification pour la Ligue des Champions et un titre de meilleur entraîneur de Ligue 1 en 2010. Mais c’est précisément à ce moment que tout se complique.

            En effet, tout suiveur de l’AJA vous dira que la Ligue des Champions fut un trompe l’œil. Fernandez doit la qualification de l’équipe à un système de jeu parfaitement rodé fait d’un gardien en état de grâce (Sorin), d’une défense expérimentée et solide (Hengbart-Coulibaly-Grichting-Dudka), et d’un attaquant rapide et agile (Jelen) qui se délécte des ballons lancés par son quaterback attitré (en l’occurrence Benoît Pedretti). Mais Fernandez pendant sa période AJA c’est aussi l’accumulation de contrats de joueurs plus que douteux et qui mirent à mal les finances du club bourguignon, c’est un désamour du public pour le jeu pratiqué quand celui-ci ne fonctionnait plus, c’est la mise au placard de certains joueurs sans raisons apparentes et la visible préférence pour certains autres sans plus de raisons, un recrutement plus que douteux (sans vouloir faire offense à Sammaritano, c’est un peu faible comme recrutement pour jouer le Milan AC ou le Real Madrid) et des jeunes qui peinent à percer (Alain Traoré s’est morfondu très longtemps sur le banc) alors même que ces jeunes sont l’essence du club. Laissons de côté les piteuses éliminations en Coupe de France (Wasquehal,…) pour un club qui avait remporté trois des dix derniers titres. Bref, lorsque Fernandez arriva, l’AJA était bâtie sur un roc et lorsqu’il repartit elle était sur de la glaise. Les changements de directions et autre remous n’ont fait que porter l’estocade en coulisse d’un club qui sportivement dérivait déjà dangereusement.

AS Nancy : une année, un début de saison et puis s’en va

            Même cause, même effets pour l’AS Nacy Lorraine et force est de constater que ce club a été lui aussi laissé au bord du gouffre par Jean Fernandez notamment. Les causes sont exactement les mêmes que celles énoncées pour son précédent club : recrutement de joueurs moyens pour ne pas dire médiocre, mise au placard de joueurs historiques (Puygrenier apprécié par tous en Lorraine qui se retrouve hors de l’équipe première du jour au lendemain), mise à mal des finances du club, excuses d’après-match redondantes (« l’équipe adverse est meilleure que nous, il est vraiment difficile de faire un bon match dans ces conditions, la saison va être longue et il faut savoir faire le dos rond ») et manque d’appui sur les jeunes (une seule visite au centre de formation d’après le nouveau coach nancéen). Voilà pour les causes principales, voici les effets : une place en trompe-l’œil pour la première saison que Nancy passa en grande partie dans les bas-fonds du classement avant de se voir propulser, au bénéfice d’un printemps fernandezien, dans la première moitié de tableau puis une deuxième saison avec une seule victoire sur l’ensemble des matchs allers. Fernandez et Rousselot ne s’entendent pas et donc pas de chance, Fernandez s’en va et ne fera pas profiter Nancy de son beau printemps. Malgré du courage et de l’envie les nancéens sont condamner à l’antichambre de la L1 l’an prochain.

Bilan : Qui est Jean Fernandez ?

            Le but de cet article n’est aucunement de faire mal à un homme qui plus est extrêmement sympathique et respectable dans le monde du football. Non le but de cet article est de contrebalancer le poids des journalistes français qui ne regardent que les classements de fin de saison et pour qui il est normal de voir Auxerre ou Nancy en deuxième partie de tableau… Certes Jean Fernandez n’est pas descendu avec ses clubs mais il a participé directement ou indirectement à la descente de ces deux édifices du football français. Certes, Fernandez a découvert Zidane et Ribéry, mais qui ne les auraient pas remarqués ? Certes avec Marseille cela se passait bien mais encore une fois seule la deuxième partie de saison fut bonne. Fernandez est un entraîneur qui sait faire monter ses clubs de Ligue 2 vers la Ligue 1 (Sochaux, Metz) mais qui sait aussi comment faire pour participer à la chute d’un club dans l’autre sens. Fernandez était un bon entraineur des années 2000 mais peut-être pas des années 2010.

            Après que Fernandez soit passé plus ou moins longtemps dans ces deux clubs, ces derniers se sont retrouvés en mauvaise situation. Encore une fois il n’est pas le seul responsable de la chute de ces deux clubs, très loin de là même et il ne faut pas tomber dans la stigmatisation d’un homme, mais il fut l’un des protagonistes de ces chutes. Espérons qu’il n’en sera pas de même pour les montpelliérains et que le style de jeu prôné par Jean Fernandez saura être apprécié dans l’Hérault. Seul l’avenir apportera des éléments de réponse…