Et Lorient investit sur le marché des transferts

debats sports image par defaut
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Les Merlus ont navigué à contre courant lors de cette intersaison. Dans un contexte économique propice à la réduction de la masse salariale et à la recherche du renfort à moindre coup, les lorientais ont dépensé comme jamais.



Le jeune président du club, Loïc Ferry a sorti le portefeuille pour faire signer Alain Traoré pour 5 millions d’euros, et a mis à profit le dernier jour du mercato pour réaliser un gros coup sportif et financier : sceller l’arrivée de la révélation dijonnaise Benjamin Corgnet pour 3,5 millions d’euros plus des bonus qui pourraient porter le montant total de l’opération à 6 millions d’euros. Cette dernière journée du mercato a aussi vu le club du Morbihan recruter le jeune espoir lyonnais Enzo Reale qui fait le chemin inverse d’Arnold Mvuemba dernier renfort de l’Olympique Lyonnais.

Le milieu offensif de 20 ans rejoint le Moustoir contre un chèque d’un million d’euros plus un intéressement à la revente. La double transaction n’aura donc pas permis aux dirigeants lorientais de renflouer les caisses. Si le montant exact de la transaction n’a pas été communiqué par les deux clubs, il n’excède pas les 3,5 millions d’euros. Le milieu récupérateur disposant d’une clause de départ fixée à ce prix là. Il est alors significatif que l’OL qui vient d’enregistrer successivement les départs de Cissokho, Lloris et Cris, ait intégré dans la transaction le jeune Reale pour faire baisser le coût d’un transfert estimé à 3,5 millions d’euros.

Pour la première fois depuis que le jeune entrepreneur a pris les rênes du club (2009), les caisses se sont vidées au cours de l’intersaison. Mieux, le FC Lorient occupe le 4ème rang au classement des clubs ayant le plus dépensé au cours de cette intersaison, derrière le PSG, Lille et Montpellier, soit les trois clubs français qui vont disputer la Ligue des Champions. Il faut dire qu’à l’exception du transfert d’Arnold Mvuemba, le club n’a enregistré aucun départ payant. Si 8 autres joueurs ont quitté le club, ils sont partis libres ou en prêt.

Après une saison particulièrement difficile où les Lorientais ont lutté jusqu’aux derniers instants du championnat pour leur maintien dans l’élite du football hexagonal, les dirigeants du club ont décidé de profiter de finances saines pour améliorer substantiellement leur effectif. Les recrues du club renforcent l’identité de jeu développée par Christian Gourcuff depuis 2003.

L’arrivée d’un Ludovic Giuly qui a déjà démontré qu’il pouvait toujours faire la différence sur un terrain de football, répond au constat dressé par l’entraîneur d’un manque de caractère dans un effectif jeune et trop inexpérimenté.

Alain Traoré, réédite le coup du début de saison en boulet de canon. Espérons pour les lorientais qu’il se rappelle qu’une saison ne se termine pas avec l’arrivée de l’automne.  Au milieu de terrain, les arrivées combinées de B. Corgnet et de E. Reale apporteront une touche technique supplémentaire à un entrejeu lorientais très (trop ?) garni.

Un mercato ambitieux comme résultat et prolongement d’une politique économique cohérente.

Dans une intersaison où à l’exception du Paris Saint-Germain et de l’AS Monaco en Ligue 2, le mot d’ordre était à l’économie, les lorientais ont dépensé plus qu’ils n’ont vendu. Pour la première depuis l’arrivée de Loïc Ferry à la tête du club.

Troisième de ligue 1 après quatre journée disputées, le club du Morbihan ne souhaite visiblement pas connaître les mêmes difficultés que l’an passé et les dirigeants se sont décidés à investir sur le marché des transferts. Signe de nouvelles ambitions sportives ou poursuite d’un modèle économique ?

Si le club a pu consentir à ces investissements il le doit à une politique de recrutement et une politique salariale saine. Dès son arrivée au club, Loïc Ferry a décidé d’implémenter des incitations salariales aux résultats collectifs dans le mode de rémunération de ses joueurs. Une baisse de la part fixe compensée par des primes collectives de résultats plus élevées.  Sur le plan de la gestion des transactions de joueurs, le club a misé sur le recrutement de jeunes promesses du football hexagonal en puissant dans les divisions inférieures, dont l’éclosion au plus haut niveau à Lorient permettait au club de réaliser de substantielles plus values.

 

Récapitulatif du mercato 2009-2010

Dès la première saison sous la direction de Loïc Ferry, arrivé en remplacement d’Alain Le Roch, le modèle est établi. Le FCL recrute le jeune défenseur central de Tours, un certain Laurent Koscielny ainsi que son partenaire de club Sigamary Diarra. Durant l’intersaison, les dirigeants Lorientais convainquent un Arnold Mvuemba de signer à Lorient pour se relancer après une expérience décevante à Portsmouth. Mais face à la réussite des Merlus lors de la saison précédente, plusieurs joueurs cadres de l’équipe quittent le club. Christophe Jallet est transféré au PSG, Mickaël Ciani rejoint le Bordeaux de Laurent Blanc et Fabrice Abriel tente l’expérience marseillais où il retrouve André Ayew de retour de prêt. Le club réalise une intersaison bénéficiaire de près de 3 millions d’euros. Une expérience renouvelée la saison suivante après un exercice décevant.

Récapitulatif du mercato 2010-2011

Malgré le départ de joueurs cadres lors de la précédente intersaison, les Lorientais passent tout près d’accrocher une place qualificative pour une compétition européenne en terminant à la 7ème place du championnat de France. Les dirigeants reproduisent donc le même schéma. Contraints de céder Laurent Koscielny aux Gunners seulement douze mois après l’avoir acheté à Tours, les lorientais trouvent en la personne d’Ecuele Manga un excellent choix de substitution et complètent leur effectif avec des jeunes prometteurs, Francis Coquelin, Lynel Kitambal, Kevin Monnet-Paquet et Lamine Koné entre autres. Malgré tout, les caisses du club se renflouent encore un peu plus. Le club accumulant 7,5 millions d’euros de bénéfices.

Récapitulatif du mercato 2011-2012

Après une saison dont le bilan est entaché par l’ultime défaite du club lors de la 38ème journée qui voit le club dégringoler de la 7ème à la 11ème place au classement de la Ligue 1, le FC Lorient renouvèle en profondeur son effectif.  Kévin Gameiro file au PSG contre un chèque de 11 millions d’euros, Jerémy Morel et Morgan Amalfitano rejoignant les rangs de l’Olympique de Marseilles pour seulement 2,75 millions d’euros, Amalfitano quittant le Morbihan libre. L’argent récupéré lors de ces ventes est en partie réinvesti dans le capital joueur du club. Kévin Monnet-Paquet est recruté définitivement par les Merlus qui parient sur Mathieu Coutadeur, Gilles Sunu et Innocent Emeghara. Au mercato hivernal, les lorientais mettent le grappin sur le prometteur défenseur central de Sedan, Lautoa. Une nouvelle fois, les morbihanais réalisent une intersaison positive sur le plan comptable. Toutefois l’équipe semble s’être largement affaiblie. Ce que confirmera une saison 2011-2012 particulièrement difficile pour les lorientais.

Récapitulatif du mercato 2012-2013

Depuis quatre ans, la stratégie du club breton dans la conduite de sa politique des transferts fut axée autour de la découverte de jeunes talents, la plupart recrutés à l’échelon inférieur ou dans des championnats méconnus, dont le potentiel laisse envisager une plus value financière en cas d’éclosion au plus haut niveau. A ce titre, les engagements de Corgnet et de Traoré ne dérogent pas à la règle. Ces recrutements permettaient au club de réaliser de belles opérations comptables à la revente de ces mêmes joueurs dans des clubs plus huppés. On pense immédiatement aux succès des recrutements et des ventes de Lorent Koscielny, Kevin Gameiro, ou Jérémy Morel. Là où les recrues de cet été changent quelque peu le paradigme, c’est en raison de leur prix d’achat. Pour réaliser une plus value sur ces transferts, Lorient devra espérer vendre ces joueurs à des top clubs européens. Alors, Loïc Ferry aurait-il pris un risque non calculé ?

Pas nécessairement. Parce que cette année, le FCL s’est aussi distingué des années passées par sa relative incapacité à vendre ses joueurs sur le marché. Deux facteurs viennent expliquer cette difficulté : un marché des transferts exsangue, et la mauvaise saison réalisée par les lorientais. Or dans un contexte économique morose, les joueurs d’un club ayant lutté jusqu’à la fin du dernier match de la saison pour leur survie n’attisent pas la convoitise des recruteurs. C’est précisément à ces défaillances sportives que le club cherche à répondre.Et en apportant de la plus value sportive à l’ensemble de l’effectif, les dirigeants lorientais espèrent recréer les conditions de futures plus value salvatrices pour la santé économique du club.

Les présences de Corgnet, Traoré, et Giuly vont faire grimper en flèche la valeur collective de l’effectif lorientais et permettre la mise en valeur de certains joueurs amenés à quitter le club à court ou moyen terme. De la réalisation d’une belle saison sur le plan sportif découle les futures plus values de demain. L’effectif comporte quelques jeunes au fort potentiel sportif dont la valeur marchande pourrait exploser. E on ne pense pas nécessairement aux Corgnet et autresTraoré mais davantage à des Reale, Lautoa, Koné.

Seul bémol à l’intersaison lorientaise. Alors que Christian Gourcuff aspirait à travailler avec un groupe réduit, il devra composer avec un effectif pléthorique de 29 joueurs professionnels, auquel il conviendra d’intégrer peu à peu quelques jeunes pousses lorientaises qui ne manqueront pas de venir frapper à la porte du groupe pro. Sur le plan de la formation, le club s’est également distingué en recrutant le formateur en chef du voisin rennais, Régis Le Bris. Considéré comme un des meilleurs formateurs par la Direction Technique Nationale, Le Bris assumera la responsabilité du Centre de Formation du club avec de grandes ambitions.

Avec un budget prévisionnel fixé à 36 millions d’euros, des droits télévision en forte baisse suite à la 17ème place obtenue l’an passée, et des recettes de billetteries encore modestes, le FC Lorient a réalisé un des meilleurs mercato de la Ligue 1.

Malgré tout, le président lorientais calme les ardeurs des supporters et des commentateurs.

« On a plus de chance de faire une bonne saison avec un bon mercato. Mais ce n’est pas une garantie, il ne suffit pas d’acheter des joueurs pour gagner des matches. Il faut des joueurs qui apportent quelque chose à l’équipe. On a essayé de travailler en restant fidèle à ce qu’on fait habituellement. On est resté fidèle à notre politique des 4 dernières années »

N’empêche que l’approche de la nouvelle saison nous semble plus confortable pour les abonnés du Moustoir qu’aux habitués du Stade Bonal.

NB : Les tableaux récapitulatifs des transferts lorientais sont issus des données de transfermark. Ils sont exprimés en Livres Sterling dont le taux de change par rapport à l’euro est aujourd’hui de 1£=1,25€.