De l’opportunité pour Charles Pic de signer chez Caterham

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Charles Pic est le français le moins bien loti cette année. Au volant d’une Marussia les chances de le voir se distinguer étaient faibles. Si ses résultats sont plus que timides de manière absolue, la comparaison avec son coéquipier Timo Glock est flatteuse. Charles Pic a largement dépassé les attentes.



Avant de devenir pilote titulaire chez Marussia, Charles Pic n’avait à son palmarès que 3 modestes victoires en GP2, en deux saisons dans l’anti-chambre de la Formule 1. Sa présence dans la discipline reine, le français la doit tout autant sinon plus à ses partenaires et son management qu’à son propre talent. C’est donc avec le statut de pilote payant qu’il s’engage dans sa première saison au volant d’une des pires monoplaces du plateau. Le pilote de 22 ans ne s’en laisse pas conter. Après une période d’adaptation à sa nouvelle monoplace, freinée par de nombreux ennuis mécaniques, le pilote français fait désormais jeu égal avec son leader Timo Glock.

Pourquoi quitter Marussia ?

A la suite des essais pour les jeunes pilotes organisés par Ferrari, McLaren et Force India, Débats Sports avait dressé un panorama des possibles mouvements dans les baquets de Formule 1. Déjà nous annoncions le probable départ de Charles Pic de l’écurie Marussia en raison de tensions persistantes au sein du Team. En effet, au sein de l’ex-structure Virgin Racing, Timo Glock jouit d’un incontestable statut de leader. Il est le pivot autour duquel l’organigramme de Marussia semble vouloir développer leur projet. Depuis 2010, le pilote allemand a vu défiler les coéquipiers, Lucas Di Grassi, Jérôme d’Ambrosio et donc Charles Pic. Le français est le premier à lui tenir tête et parfois à le dominer. Une situation que l’allemand n’apprécierait guère.

Le Grand Prix de Belgique marque un saut qualitatif dans la détérioration des relations entre les deux équipiers. Alors sur des stratégies différentes, Charles Pic ne laisse pas son coéquipier le dépasser. Ce qui déclencha l’ire de Timo Glock. Face à cette situation, le français pourrait bien fuir l’écurie Marussia qui, si on s’attache au devenir des pilotes passées par ses rangs, ressemble davantage au cimetière des espérances déchues qu’à un tremplin pour jeunes talents.

Caterham une piste crédible?

La piste Caterham est une opportunité à prendre avec le plus grand sérieux. L’écurie dispose actuellement d’un duo de pilotes complémentaire. Avec Heïkki Kovalainen, Caterham dispose d’un leader avec une solide expérience dans des Top Team (Mclaren et Renault) et d’un redoutable metteur au point. Or ces qualités sont particulièrement rares pour un pilote évoluant en fin fond de grille. Courtisé par des structures plus compétitives, le finlandais pourrait bien rempiler du côté de chez Caterham.

Le poste de Vitaly Petrov est en revanche bien plus soumis à caution. Le pilote russe qui ne manque pas de talent doit toutefois sa place chez Caterham aux financements qu’il apporte. Or, le gouvernement russe qui était à l’origine de 40% de son budget a décidé de retirer son soutien au pilote de 28 ans. La manager du pilote, Oksana Kosachenko s’inquiète de cette situation :

« Nous avons maintenant perdu le soutien du gouvernement. Concernant les sponsors, il n’y a jamais vraiment eu d’intérêt de la part des Russes. J’ai toujours dit qu’il était presque impossible de trouver des sponsors dans notre pays pour un projet comme la Formule 1 ». « Avec le soutien au plus haut niveau du gouvernement, ce projet fonctionnait bien. Maintenant je n’exclus pas le scénario qu’il faille abandonner l’idée d’avoir un Russe en F1. »

Avec l’organisation des Jeux Olympiques d’Hivers en 2014 à Sotchi, et celle de la Coupe du Monde de Football en 2018, le Grand Prix de Russie de Formule 1 a perdu de sa symbolique dans la réorientation de la diplomatie sportive de la Fédération de Russie. Seule la perspective d’une signature du pilote dans l’écurie sous licence russe serait susceptible de susciter de nouveaux élans patriotiques. Un tel scénario impliquerait un départ d’un des pilotes de l’écurie Marussia…Dans tous les cas, l’aventure de Vitaly Petrov chez Caterham semble toucher à sa fin.

Plus encore que les performances en piste de Charles Pic, l’identité de ses sponsors et de son management renforcent la crédibilité de sa future signature chez Caterham. En effet, Charles Pic est membre de Lagardère Unlimited, filière de promotion sportive du Groupe Lagardère dont les réussites se font rares. Or depuis le Grand Prix de Belgique l’écurie Caterham appose le logo Airbus sur ses monoplaces suite à la conclusion d’un accord de partenariat avec EADS.

Derrière la conclusion de cet accord, se cachent des velléités de coopérations plus amples entre EADS et la compagnie aérienne (Air Asia) du propriétaire de l’écurie Tony Fernandes, comme le confirme Tom Enders, PDG d’EADS.

Nous sommes fiers d’être associés avec Caterham F1 Team et espérons que cela va renforcer une relation très réussie entre EADS et le groupe Caterham dans son ensemble. Avec la gamme de connaissances et d’expérience à notre disposition tant chez EADS que dans les différentes branches automobiles, technologiques et de consulting de Tony, je suis confiant qu’il va y avoir de nombreuses nouvelles opportunités qui vont pouvoir être examinées dans les mois et années à venir pour montrer le potentiel de nos deux entreprises.

Dans ce contexte de rapprochement intégral entre EADS et Caterham, le devenir de Charles Pic pourrait bien s’orienter un peu plus vers Caterham. S’il ne possède que 7,36% du capital du consortium aéronautique européen Arnaud Lagardère est le président du conseil d’administration d’EADS. Par ailleurs, les soutiens personnels de Vitaly Petrov ne devraient pas être particulièrement bien accueillis par les nouveaux partenaires de Caterham. Ainsi parmi les sponsors du pilote on retrouve le constructeur russe d’hélicoptères, Russia Helicopter, principal concurrent d’Eurocopter, filiale…d’EADS.

Signer chez Caterham, une véritable progression ?

Des trois « nouvelles » écuries, Caterham est sans aucun doute, la plus ambitieuse et la plus à même d’intégrer durablement le paysage de la formule 1. Détenue par le millionnaire Tony Fernandes, également président du club londonien des Queens Park Rangers, Caterham dispose de moyens financiers considérables et est surtout, à l’inverse de son club de football remarquablement dirigée.

Ces derniers jours, Caterham a annoncé avoir recruté Cyril Abiteboul comme PDG de l’écurie de Formule 1. Ce français occupait le poste de directeur adjoint chez Renault F1 Team. Avec cette arrivée, Caterham renforce ses liens avec son motoriste dans la perspective de l’arrivée des nouveaux moteurs en 2014 qui pourrait bien chambouler les rapports de force au sein du plateau.

En rejoignant les rangs de Caterham dès cette saison, Charles Pic pourrait s’habituer à la monoplace et prendre confiance dans la structure avant de disposer d’une voiture à la hauteur de son talent l’année suivante. S’il y a un pari à tenter, c’est bien celui-là.